Adapter l'Île-de-France à la chaleur urbaine

Identifier les zones à effet d'Îlot de chaleur urbain (ICU) et établir leur degré de vulnérabilité afin de mieux anticiper

21 septembre 2017Jonathan Boucher, Erwan Cordeau

L'Institut Paris Region a défini une nouvelle approche de la vulnérabilité climatique sur la problématique de chaleur urbaine en vue de proposer des solutions d’adaptation à toutes les échelles territoriales.

Le changement climatique annoncé renforce la nécessité de mieux identifier localement dans les grandes agglomérations les zones les plus sujettes à l’effet d’îlot de chaleur urbain (ICU), facteur aggravant lors d’une vague de chaleur.

La présente étude - au caractère exploratoire et appliqué - vise à mettre au point une méthodologie qui permette d’identifier - sans données d’observation météorologiques ou climatologiques - les zones supposées les plus sujettes à l’effet d’ICU en Île-de-France. S’appuyant sur les enseignements de la Recherche, le principe repose sur une classification « théorique » des îlots urbains (pâtés de maisons) via leurs caractéristiques typo-morphologiques propices ou non à la formation et au renforcement de l’effet d’ICU. Après le rapprochement des îlots de la typologie et des propriétés du référentiel des Zones climatiques locales (LCZ) de Iain D. Stewart et Timothy R. Oke, une synthèse de leur effet d’ICU potentiel est proposée.

L’effet d’ICU moyen ou fort concerne ainsi près de 11% et 3 % des îlots franciliens, respectivement en nombre et en surface associée, avec un effet d’ICU fort nettement plus prononcé la nuit - période la plus critique - que le jour. Nous faisons aussi le constat de l’existence d’inégalités sociales environnementales sur le sujet puisque les ménages à bas revenu sont surreprésentés, de même que la suroccupation potentielle des logements, dans les zones à effet d’ICU moyen à fort.

Le second objectif est de définir la vulnérabilité actuelle de ces îlots à la chaleur urbaine en faisant le lien avec les données relatives aux enjeux de sensibilité (densité de population, populations sensibles par l’âge, qualité de l’habitat) et de difficulté à faire face (faibles ressources individuelles et territoriales). Du croisement entre l’aléa « effet d’ICU », la sensibilité et la difficulté à faire face, nous retiendrons que 3 710 000 habitants - soit un Francilien sur 3 dont près de 800 000 personnes sensibles par l’âge (7% de la population) - résident dans un îlot identifié comme fortement vulnérable à la chaleur ; cela représente près de 8 900 pâtés de maisons pour une superficie cumulée de 95 km².

Ce premier diagnostic de vulnérabilité à l’échelle régionale permet de proposer, in fine, des préconisations d’actions d’adaptation de l’Ile-de-France à la chaleur urbaine - des solutions « de bon sens » pour la plupart - qui s’appuient sur les particularismes locaux, les atouts et les faiblesses de chaque îlot, de chaque pâté de maisons.

Plusieurs outils de valorisation numériques de ces éléments de diagnostic et de préconisations d’action d’adaptation ont été développés, comme les cartographies interactives « CARTOVIZ - Chaleur en ville » ou les « Balades thermiques urbaines », animation 3D pour sensibiliser aux enjeux de santé publique, aux recommandations du plan canicule et à la pluralité des solutions d’aménagement.

L’urbanisation doit prendre en compte les changements climatiques sans plus attendre. L’une des opportunités pour relever ce défi est l’obligation pour les intercommunalités de plus de 20 000 habitants de définir un Plan climat air énergie territorial (PCAET). Ces plans doivent proposer une stratégie et des actions d’adaptation aux effets du changement climatique. L’effet d’ICU et la prospective climatologique ne peuvent plus être ignorés.

Cette étude est reliée aux catégories suivantes :
Environnement urbain et rural | Changement climatique | Développement durable