Carte topographique du département de Paris

1810

09 juillet 2019

Format : 64 x 52 cm

Alors que la production cartographique depuis le milieu du XVIe siècle (quel que fût le commanditaire) conservait un caractère plus ou moins officiel, des éditeurs privés commencent dès le début du XIXe siècle à intervenir en proposant une production aux objectifs plus larges. Dès lors, la notion d'environs de Paris prend un double sens, ne délimitant plus seulement un territoire de pouvoir, mais s'ouvrant également à la découverte de nouveaux espaces pour les Parisiens, notamment les lieux de villégiature où s'installer, proches des bois ou des rivières. Cette carte, datée du Premier Empire, est à lire en relation avec celle de la Restauration, les deux se complétant et montrant la continuité des nouvelles circonscriptions administratives désormais bien établies, même si demeurent des hésitations dans les dénominations. Sur celle de 1810, les districts de Saint-Denis, Bourg-la-Reine et Paris sont mentionnés en légende comme arrondissements, ce qui est la bonne appellation. ll faut noter, parmi les grands axes figurés, celui au sud, entre Versailles et Choisy-le-Roi, dont la portion entre la Croix-de-Berny et Choisy est déjà bien tracée avec son double alignement d'arbres. C'est la future nationale 86, puis 186, et désormais autoroute A 86. Construite sous Louis XV, il s'agit d'une des premières voies rapides transversales coupant les routes d'Orléans et de Fontainebleau à l'écart des villages. Il s'agit là d'une de ses premières représentations précises. Compte tenu de son échelle, la carte permet également de rendre les reliefs, figurés par des hachures plus ou moins fines, et pour les villages la forme principale d'occupation du sol (villages rues ou villages tas). Les deux cartes se complètent pour l'espace qu'elles figurent, la carte de 1810 étant centrée sur le département de Paris et ses environs, alors que celle de 1824, bien que faisant référence elle aussi dans son titre aux « environs de Paris », est beaucoup plus étendue. Pour l'ouest et le nord, elle englobe toute l'actuelle région Île-de-France, qu'elle tronque au sud et un peu à l'est. Ce qui est remarquable est la précision que les deux cartes donnent des espaces boisés, allant même jusqu'à figurer des superficies très réduites et signalant, pour les plus importants, les allées forestières et quelques aménagements. Outre le tracé précis des principales routes (précisant lorsqu'elles sont bordées d'arbres) et celui des rivières, il faut noter sur la carte de 1824, la présence nouvelle des canaux : au nord-est de Paris, le canal de l'Ourcq, voulu et mis en oeuvre par l'empereur pour faciliter l'arrivée d'eau douce dans Paris et assurer le fret venant de la Marne (notamment le bois) ; au nord, son prolongement vers le canal Saint-Denis, qui permet aux bateaux d'éviter Paris et jouera un rôle majeur pour le développement des activités industrielles de tout ce secteur. Enfin, les cartes montrent combien, au début du XIXe siècle, les berges de la Seine en amont ou en aval étaient vierges de toute occupation pérenne hormis quelques grandes fermes. Les bourgeois peuvent y canoter, portraiturés par les premiers peintres de plen air, et les industriels y repérer les terrains bien desservis nécessaires à leurs activités.