Géographie sociale et habitat en Île-de-France

Évolutions 2001-2011

18 septembre 2013ContactMariette Sagot

Sur la période 2001-2011, les disparités entre départements et territoires régionaux ont continué à se renforcer, surtout au cœur de l’agglomération, sur fond d’accroissement des inégalités de revenus entre les ménages franciliens.

Une richesse, qui s’est accentuée dans les secteurs aisés avoisinants entre 2001 et 2011

Ce rapport s’appuie principalement sur le fichier Filocom qui permet d’articuler les changements sociaux, à travers la grille des revenus, aux changements urbains à travers la progression des différents segments du parc de logements.
La période 2001-2011 se caractérise par le renforcement et la diffusion de la richesse dans les secteurs aisés, l’enrichissement marqué des ménages du périurbain et l’appauvrissement des banlieues proches nord et sud-est. Mais, contrairement à ce qui a pu être observé sur la période 1990-1999, la richesse ne s’est pas accentuée dans le secteur le plus aisé, mais dans les secteurs aisés avoisinants. Les plus fortes évolutions de revenus touchent, d’une part, le périurbain seine-et-marnais marqué par un recul relatif des ménages pauvres et modestes au profit de ménages aux revenus moyens, et d’autre part, le secteur le plus pauvre situé à l’ouest de la Seine-Saint-Denis où la population s’appauvrit nettement.    

Le rôle des migrations résidentielles dans l’accentuation des contrastes sociaux de l’espace francilien

Les facteurs démographiques, peu mis en évidence dans les travaux de recherche, contribuent aussi à l’évolution des disparités de revenu sur le territoire francilien. La hausse de la monoparentalité et des grandes familles pèsent sur les ressources des ménages dans le secteur le plus pauvre. Dans le périurbain, le fort vieillissement des ménages et la décohabitation des jeunes des familles installées dans les années 1980 concourent mécaniquement à l’enrichissement relatif des ménages qui y résident.

L’ensemble des résultats confirme le rôle des migrations résidentielles dans l’accentuation des contrastes sociaux dans l’espace francilien. La diffusion et le renforcement de la richesse dans les secteurs aisés, l’amélioration des ressources des ménages dans le périurbain, la paupérisation des ménages dans les secteurs les plus pauvres de banlieue se lisent aussi parmi les ménages déjà installés en 2001. Ce qui témoigne de transformations démographiques différentes et surtout de processus inégalitaires cumulatifs, qui s’inscrivent dans le temps long, liés au positionnement des individus dans le système productif et aux inégalités patrimoniales qui se transmettent d’une génération à l’autre.
La progression de la propriété, relativement plus forte dans les espaces aisés, renforce et illustre ce processus de différenciation que le faible rééquilibrage social généré par la loi SRU ne suffit pas à enrayer.

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