Les trajectoires de l'économie francilienne

Constats et enjeux

15 mars 2016ContactPascale Leroi

Cette étude dresse le portrait le plus actuel possible de l’économie de la région Île-de-France, analyse les transformations majeures engagées depuis une quinzaine d’années et identifie 11 enjeux majeurs.
Les constats, opérés à l’aide de chiffres récents, montrent que l’Île-de-France est une région économique puissante à l’échelle européenne et mondiale. Elle concentre des établissements de toutes tailles, de grands équipements et infrastructures de premiers rangs, des pôles universitaires et de recherche, des grandes écoles ou encore des sites culturels et touristiques mondialement connus. Elle totalise plus de 6 millions d’emplois soit 22 % du total national et dans certains domaines, comme la recherche ou les emplois métropolitains, sa part dépasse les 40 %. Ces facteurs lui confèrent une attractivité importante comme en témoignent les investissements étrangers, les flux de tourisme d’affaires et de loisirs ou encore les arrivées de jeunes actifs ou d’étudiants.
La valeur ajoutée produite par l’économie régionale continue d’augmenter, ainsi que sa participation au PIB national, 31 % en 2014. Parmi les grands atouts de la région capitale, l’étude souligne le dynamisme des réseaux, la force régionale d’innovation, la créativité culturelle, le niveau élevé de qualification des actifs, la qualité de l’immobilier d’entreprises et d’activité, les infrastructures. Cette attractivité mondiale est appuyée par la renommée de la capitale, le développement de pôles internationalement reconnus comme le Grand Roissy, la Défense ou Paris-Saclay. Les territoires moins urbanisés participent également au fonctionnement, à la performance et à la diversité de l’économie régionale.
Au cours des dix dernières années, deux grands phénomènes ont agit sur l’économie régionale et ses territoires. Tout d’abord, la crise économique, que la région a mieux traversé que le reste du pays, mais la croissance retrouvée depuis reste trop faible pour faire baisser le taux de chômage et la précarité. Ensuite, des transformations structurelles se poursuivent (mondialisation, développement des services, montée en gamme des activités et des emplois, croissance du PIB plus rapide que celle des emplois…), avec de nouvelles tendances particulièrement marquantes :

  • Le numérique a impacté des secteurs traditionnels (tourisme, médias, assurances, commerce,…) et va bouleverser l’ensemble de l’économie.
  • La transformation des modes de consommation et de production pour qu’ils deviennent moins polluants et moins consommateurs de ressources est engagée. Là encore, la région-capitale possède des atouts mais doit agir pour intégrer plus fortement cette transition écologique dans son « ADN » économique. 
  • Le travail évolue. L’emploi non-salarié  (indépendants et employeurs) totalise près de la moitié des gains d’emplois entre 2007 et 2012. Le nombre d’employés diminue, un phénomène récent et particulier à l’île-de-France.

Les conséquences spatiales de la crise économique et des mutations ne sont pas neutres. L’étude constate ainsi un « retour »  de l’économie vers le centre de la région. La proche couronne a connu une croissance de l’emploi supérieure à celle de Paris et de la grande couronne dans les années 2000. Celle-ci a totalisé plus de la moitié (55 %) des gains d’emplois entre 2007 et 2012. La croissance des arrondissements et des communes situés à l’est et au nord de l’agglomération, durant cette période, contribue à réduire le déséquilibre avec l’ouest.  La crise économique a fait baisser les prix immobiliers dans la zone centrale de la région provoquant un effet d’aubaine pour les activités économiques qui ont ainsi pu accéder à des sites mieux dotés à des prix inférieurs. Cette tendance a été accentuée par la livraison de projets immobiliers importants et par le développement accéléré d’entreprises qui privilégient l’urbain dans leurs critères de localisation. Le développement massif de capacités d’accueil de start-ups dans de nouveaux lieux comme le Cargo ou l’Usine IO l’illustrent parfaitement.
Quels défis pour la région Ile-de-France à la veille du lancement des travaux du Schéma Régional de Développement Economique, d’Innovation et d’Internationalisation (SRDEii) ? A l’échelle régionale, la région-capitale se doit de répondre à plusieurs défis économiques, sociaux et environnementaux : il lui faut résister à une conjoncture économique instable, améliorer le rapport entre création de richesse et création d’emplois, réduire le taux de chômage (9% en 2015) et la pauvreté (qui touche 14% de la population et s’est étendue à de nouvelles catégories), contribuer à la réduction des inégalités sociales et territoriales, proposer une meilleure qualité de vie (logement, aménités, santé, mobilité), faire baisser la dépendance aux énergies et aux ressources ainsi que la production de déchets. A l’échelle internationale, le défi d’attactivité est majeur. Il apparaît nécessaire d’affirmer le positionnement économique de l’Ile-de-France pour répondre aux initiatives lancées par les grandes régions métropolitaines existantes comme Londres ou New-York, mais aussi de nouveaux entrants comme Berlin, Dubaï ou Shanghaï. Celles-ci investissent largement le champ de l’innovation et menacent également directement nos positions établies dans de nombreux domaines plus traditionnels comme le tourisme de loisirs et d’affaires, le luxe ou encore les services urbains.
Si une grande partie des évolutions économiques et des politiques sont d’ordre national, européen et mondial, la réactivité du système et les objectifs concernent bien l’échelon régional : l’emploi des Franciliens, les trajectoires des entreprises en Île-de-France, la qualité de vie, le positionnement international de la région.  Dans la suite des constats, l’étude aborde les enjeux selon trois angles :

  • Accompagner l’adaptation de l’économie aux transformations majeures ;
  • Maintenir une économie régionale diversifiée et compétitive ;
  • Construire un développement économique ancré dans les territoires franciliens.

Plus précisément, l’étude se penche sur 11 enjeux concernant de nombreux champs tels que le marketing territorial, la qualité de vie, la recherche et l’innovation, les réseaux, les expérimentations, la formation, les infrastructures, l’immobilier d’entreprise, etc. 
Ils montrent également que les territoires franciliens ne sont pas passifs et peuvent jouer un réel rôle actif pour contribuer au développement économique de la région-capitale.
Pour répondre à ces enjeux dans un contexte de complexité croissante, il apparaît nécessaire que la région Ile-de-France fasse le choix de maîtriser un ensemble de compétences clés, qu’elles soient humaines, technologiques, ou territoriales pour répondre aux enjeux de transition écologique, de transformation numérique ou encore de la montée de l’entrepreneuriat.

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