Quel traitement des enjeux de sécurité dans la rénovation urbaine ?

28 février 2015ContactCamille Gosselin

La politique de rénovation urbaine apparaît dans un contexte où les préoccupations de sécurité et de prévention de la délinquance émergent au sein de l’urbanisme et de l’aménagement. La loi d’orientation et de programmation relative à la sécurité (Lops) de 1995, institue pour la première fois des études de sécurité préalables aux projets d’aménagement et de construction d’envergure et appelle les acteurs locaux à s’investir dans la sécurisation de leurs espaces.

Les bailleurs sociaux, des acteurs de première ligne

De par la récurrence des phénomènes de d’insécurité sur leur patrimoine, dégradant l’image du logement social, les bailleurs sociaux sont des acteurs de première ligne. Ils vont donc s’impliquer dans la prévention de la délinquance et dans la rénovation urbaine, en tant que gestionnaire et maître d’ouvrage, et ainsi promouvoir des principes de prévention situationnelle.
Dans quelle mesure les enjeux de sécurité ont-ils été pris en compte au sein des projets de rénovation urbaine ? L’approche situationnelle de la prévention de la délinquance a-t-elle eu un impact sur la politique de rénovation urbaine ? A-t-elle permis la mobilisation d’acteurs aux cultures professionnelles diverses autour de ces enjeux clés, et ce de manière durable ?

Renforcer une appropriation positive des espaces

Les fondamentaux de la rénovation urbaine font écho aux dispositifs et outils élaborés aux États-Unis et en Grande-Bretagne notamment, pour prévenir la délinquance par l’aménagement. L’aménagement des espaces est alors envisagé comme condition d’occurrence au développement d’actes de malveillance. À ce titre, tout un répertoire d’actions et de méthodes voit le jour, d’une part, pour répondre à des enjeux de protection des sites et des bâtiments, et d’autre part, afin de générer et de renforcer une appropriation positive des espaces, une vie sociale intense, et une « surveillance naturelle » des habitants sur leur quartier.
En France, la mise en œuvre des études de sécurité publique lors de projets d’aménagement et de construction figure comme l’axe fort de ce qui sera promu au nom de la prévention situationnelle. En 2010, une circulaire étend, sous certaines conditions, la réalisation d’études de sécurité publique aux opérations de rénovation urbaine. Arrivées tardivement sur des projets déjà largement avancés, qu’ont pu apporter ces études au bon déroulement du dispositif Anru ? Que peuvent-elles saisir de la situation d’insécurité sur les sites ? Quels types de préconisations proposent-elles ?

La « surveillance naturelle » des espaces

Le traitement des enjeux de sécurité peut s’envisager de différentes façons. Le déploiement de dispositifs technologiques (vidéosurveillance, contrôle d’accès, etc.) dans l’aménagement contribue au développement d’une vision technique voire normative de la prévention de la délinquance par l’aménagement. Par ailleurs, la notion de « communauté », centrale dans les théories et expériences anglo-américaines, semble avoir été peu investie en France, et cela même au travers de la rénovation urbaine.
L’implication des habitants/usagers semble pourtant essentielle. C’est de leur appropriation des territoires et de leur capacité à mobiliser les institutions que va dépendre leur contribution à la « surveillance naturelle » des espaces. Comme le souligne un rapport qui a contribué à l’élaboration de la loi définissant le nouveau programme de renouvellement urbain (NPNRU), la question de l’insécurité est « l’une des dimensions importantes du mal vivre dans les quartiers populaires ». Le traitement des enjeux de sécurité doit en effet être repensé de façon simultanée à la rénovation urbaine.

Cette étude est reliée aux catégories suivantes :
Aménagement et territoires | Aménagement | Société et habitat | Prévention Sécurité

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