Regards sur la politique de la ville

Les Cahiers n° 123

30 septembre 1999Contact

L’IAU îdF poursuit et améliore depuis quinze ans la connaissance des sites d’habitat social concernés par la politique de la ville.

La politique de la ville : une efficacité difficile à évaluer

La politique de la ville aura connu bien des aléas depuis les premières opérations Habitat et Vie sociale de 1977. Les changements d’orientation reflètent davantage la perplexité des décideurs, confrontés à des phénomènes d’exclusion économique et sociale concentrés sur certains territoires. La politique de la ville fait l’objet d’un étonnant consensus, de plus en plus paradoxal : tous les gouvernements successifs ont reconduit cette politique, lui reconnaissant le mérite d’avoir inventé une réponse face aux explosions sociales dans certains quartiers. Mais tout le monde reconnaît dans le même temps que cette politique est de plus en plus complexe, et d’une efficacité difficile à évaluer.

En France, la statistique ne rend pas aisément compte de la situation d’espaces infra-communaux 

La notion de quartier en difficulté évolue et tous les découpages opérés ne permettent pas de dégager des ensembles sociologiquement homogènes. En France, la statistique ne rend pas aisément compte de la situation d’espaces infra-communaux. Au cours du XIe plan, des efforts ont été accomplis par l’Insee, les administrations et les bailleurs. L’enquête auprès des jeunes de 25-35 ans qui résident dans des quartiers réputés difficiles d’Île-de-France montre qu’ils ont des parcours et des caractéristiques assez similaires à ceux qui habitent ailleurs, en particulier dans le parc HLM.

Les quartiers-phares du XIe plan

Pour nombre de personnes, les problèmes des banlieues sont symbolisés par la situation de quelques quartiers emblématiques. Ces sites majeurs de la politique de la ville sont identifiés de longue date et figurent régulièrement parmi les territoires méritant un effort public exemplaire dans le cadre de diverses procédures GPU, ZFU, Pic Urban. Le débat sur la pertinence du dispositif « Zone franche » qui oscille entre remise en cause et défense inconditionnelle est étayé par un travail d’évaluation des effets des mesures engagées depuis 1996 dans le cadre du Contrat de Plan État-Région en Île-de-France.

Plusieurs exemples de régénération urbaine ailleurs en France ou en Europe

La fragmentation de la ville et les mécanismes de ségrégation ne sont pas l’apanage de l’Île-de-France. Toutes les grandes métropoles y sont confrontées. Les grands ensembles ne possèdent pas forcément, ailleurs en France ou en Europe, les mêmes caractéristiques, ne recouvrent pas les mêmes significations socio-urbaines que celles de notre entité francilienne. Pour la communauté urbaine de Lyon, la logique d’agglomération donne cohérence et pertinence aux projets. La politique de la ville en France a une vocation partenarial, comme le City Challenge crée en 1991 en Grande-Bretagne. Des points communs existent aussi entre certains grands ensembles de la région de l’Île-de-France et les réalisations berlinoises.

Des réponses pragmatiques aux phénomènes d’exclusion circonscrits aux quartiers défavorisés

Qu’il s’agisse de plan local de sécurité, de prévention de la violence en milieu scolaire, d’initiatives du syndicat des transports parisiens, de groupement local de traitement de la délinquance ou d’antennes de justice…, toutes ces initiatives témoignent d’une volonté de traiter à l’échelon local des dysfonctionnements urbains. Par des coopérations inédites, de nouvelles activités créatrices d’emplois peuvent aussi favoriser une dynamique de développement durable.
Avec ce numéro 123 des Cahiers, l’IAU îdF livre une analyse sans concession de plus de vingt années de politique de la ville et ouvre des horizons sur des actions menées dans d’autres métropoles française et étrangère.

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