Doctorants / L'Institut Paris Region : un partenariat gagnant-gagnant

Interview d'Emmanuel Trouillard

29 août 2016

Emmanuel Trouillard, chargé d’études à L'Institut Paris Region dans le département Habitat et Société. Il est titulaire d’une thèse intitulée : « La production de logements neufs par la promotion privée en Île-de-France (1984-2012) : marchés immobiliers et stratégies de localisation », dirigée par Catherine Rhein (CNRS) au sein du laboratoire Géographie-Cités.

B.G. : Votre thèse portait sur la promotion immobilière privée qui est un champ encore peu étudié en dépit de son caractère stratégique. Durant votre doctorat, vous avez bénéficié d’un appui de L'Institut Paris Region. Qu’est-ce que cela vous a apporté ?

E.T. : En effet, alors que la promotion privée a représenté, ces dernières années, plus de la moitié de la production totale de logements en Île-de-France (sans parler de ses activités en matière d’immobilier tertiaire – bureaux, centres commerciaux, etc.), cette filière de production est paradoxalement restée longtemps peu étudiée, même si l’on constate actuellement un revirement de tendance. La production privée de logement revient peu à peu au premier plan dans la recherche urbaine, après avoir été longtemps réduite à la portion congrue, en comparaison notamment de l’intérêt porté à la production « sociale ».

L’une des principales difficultés lorsque l’on travaille sur les marchés immobiliers est d’obtenir des données de marché permettant de dépasser une approche purement « qualitative » et/ou monographique. Face à ce constat j’ai pris contact avec L'Institut Paris Region, qui m’a donné l’opportunité d’exploiter (après signature d’une convention) une base produite par une société privée (le GRECAM) sur l’activité résidentielle de la promotion privée, et dont l’Institut se portait acquéreur depuis le début des années 1980. L’exploitation de cette base très riche avait été jusqu’ici limitée par le fait qu’elle n’était disponible que… sous format papier. S’en est suivi un important travail pour moi de numérisation de la base. En tout cas, sans le soutien et les ressources de L'Institut Paris Region, il est clair que je n’aurais pas pu mener à bien mon projet de recherche initial.

Armé des données GRECAM, j’ai pu étudier, d’une part, les localisations préférentielles des opérations de promoteur sur longue période à l’échelle de l’Île-de-France, et certains des principaux mécanismes de leurs évolutions ; d’autre part, j’ai pu analyser en détail le « système d’acteurs » de la promotion privée francilienne (Combien de promoteurs actifs ? Quels volumes de production ? Quelle durée de vie pour ces organismes? Quelles grandes stratégies territoriales ?). Enfin, je me suis intéressé – à travers la construction d’une base spécifique sur les « résidences avec services » privées produites par les promoteurs – aux logiques d’investissement à l’œuvre sur les marchés franciliens et à leurs principales implications spatiales.

 

B.G. : À L'Institut Paris Region vous êtes fréquemment sollicité par de jeunes chercheurs qui souhaitent exploiter la base de données du GRECAM. Que leur proposez-vous pour établir avec L'Institut Paris Region un partenariat « gagnant/ gagnant » ?

E.T. Depuis mon arrivée à L'Institut Paris Region et suite, à des demandes répétées pour l’accès aux données GRECAM de la part de doctorants, nous avons mis en place une « convention type » (inspirée de la convention signée  dans le cadre de ma thèse il y a quelques années), afin de fournir un cadre plus formalisé aux échanges de données entre L'Institut Paris Region et les chercheurs. Cela permet aussi d’exposer clairement les attendus de l’Institut vis-à-vis des chercheurs auxquels il fournit (la plupart du temps gratuitement) ses données. Il s’agit notamment pour L'Institut Paris Region d’avoir un suivi de l’ensemble des productions scientifiques permises grâce à son appui, voire d’impliquer davantageL'Institut Paris Region, si le chercheur/doctorant le désire, dans l’élaboration de projets de recherche à travers des échanges continus entre les chercheurs et les chargés d’études les plus au fait sur chaque sujet. Les résultats pourront même être diffusés à travers les publications de L'Institut Paris Region (site internet, Notes Rapides, etc.).

Il s’agit vraiment d’un partenariat « gagnant / gagnant » : pour faire progresser ses travaux, le chercheur pourra bénéficier de données, d’échanges avec les spécialistes thématiques de L'Institut Paris Region, voire d’un gain notable de visibilité; L'Institut Paris Region pourra, de son côté, renforcer ses partenariats avec le monde universitaire et être mieux informée des sujets émergents et des dernières avancées en matière de recherche.

Propos recueillis par Brigitte Guigou, chargée de mission formation, partenariat recherche à L'Institut Paris Region.

 

Thèse d'Emmanuel Trouillard disponible en ligne : https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-01101951