De la voie d'eau au triporteur : Franprix optimise les alternatives logistiques

Interview

09 janvier 2017Stéphane Tuot

Les innovations liées à la logistique alimentaire sur les derniers kilomètres sont présentées à travers les portraits de quatre acteurs. Ici, Stéphane Tuot, responsable des flux, nous décrit la nouvelle démarche multimodale de Franprix.

Franprix, enseigne de la grande distribution, s’est implantée au cœur des villes. Après avoir mis en place une première innovation logistique par la Seine en 2012, Franprix déploie une nouvelle solution pour faire face à un autre enjeu : le gaspillage alimentaire.

Pour Franprix, comment se traduit le défi alimentaire à nourrir une région telle que l’Île-de-France ?
S. T. Franprix est impliqué dans ce défi à plus d’un titre. Tout d’abord parce que les produits alimentaires couvrent 90 % des ventes. Puis parce que nous devons approvisionner 750 magasins en Île-de-France, dont 300 à Paris, assez petits mais qui proposent plus de 5 000 références. Chaque jour, nous vendons 3 millions de produits. L’enjeu logistique alimentaire est donc de livrer très fréquemment de gros volumes dans un contexte urbain dense.

Comment est né le projet de livrer Paris en arrivant par la Seine, aux pieds de la tour Eiffel ?
S. T. Nos entrepôts sont proches de Paris. C’est un luxe au regard du desserrement logistique en Île-de-France. Pour autant, nous devons emprunter l’A4, embouteillée dès 5 h 45... La congestion routière génère des retards qui s’accumulent tout au long de la journée. Nous avons donc cherché une alternative multimodale, en l’occurrence fluviale. La plateforme de Chennevières était à 4 km du port de Bonneuil-sur-Marne et nous savions qu’il y avait des ports dans Paris à proximité de nos magasins. L’un d’eux était disponible, dans le 15e arrondissement, sur le port de La Bourdonnais. Il a dû être adapté. Ports de Paris a investi 1,6 M€, ce n’est pas rien ! La première barge a accosté à Paris en août 2012. Depuis, la navette est quotidienne. Elle transporte, entre autres, des produits alimentaires secs ou des palettes complètes de liquides (les boissons, par exemple). 300 magasins situés à Paris et dans les Hauts-de-Seine sont desservis. Cette solution est multimodale puisque fluviale et routière. Les camions restent nécessaires, notamment entre le quai de La Bourdonnais et les magasins.

2016 voit arriver une nouvelle logistique rattachée à la question du gaspillage alimentaire. Pouvez-vous préciser votre partenariat ?
S. T. Ce nouveau projet est très prometteur. Nous sommes ici dans de la logistique purement urbaine, 100 % locale. Franprix donne depuis longtemps aux associations. Mais comme celles-ci n’ont pas ou peu de moyens logistiques, nous assurions la ramasse et acheminions les flux jusqu’aux entrepôts des associations, en banlieue. Et l’on ne pouvait pas transporter les produits frais. Avec la nouvelle organisation, Phénix change le schéma. Cette start-up sert d’intermédiaire entre les associations et nous. Elle fait appel aux transporteurs urbains comme The Green Link ou Vert Chez Vous qui récupèrent chaque semaine les marchandises de 2 ou 3 magasins, puis livrent des associations du quartier, parfois en triporteurs électriques. Cette logistique en quelques heures augmente le pourcentage de produits éligibles aux dons. 90 % d’entre eux sont désormais concernés, produits frais inclus (hors produits transformés). 
Ce modèle logistique qui gère la question du gaspillage alimentaire urbain est amené à se développer. Phénix est, d’ailleurs, en train d’imaginer une solution en lien avec l’activité traiteur et l'évènementiel.

Propos recueillis par Corinne Ropital et Pierre Vétois

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