La filière productive automobile en Île-de-France, état des lieux et enjeux

Un site de niveau mondial qui bénéficie d'un environnement porteur, mais encore peu organisé

01 septembre 2004ContactThierry Petit, Odile Soulard, Laure Thévenot, Florence Humbert (Choose Paris Region)

L’Île-de-France est une des principales régions automobiles du monde. Depuis une dizaine d’années, les vagues de fusions-acquisitions de l’industrie automobile ont favorisé la concentration des centres de décision sur quelques sites. La présence des sièges des deux constructeurs nationaux PSA et Renault, place la région parmi les quatre premiers centres de contrôle dans le monde.

Une multiplicité d’acteurs

Les constructeurs dominent. Les équipementiers et fournisseurs ne représentent que 30 % du total. Renault et PSA (63 000 salariés en Île-de-France) sont les seuls à disposer de l’ensemble de la chaîne des fonctions. D’autres grands noms mondiaux de la construction automobile ont également un siège "France". Malgré des effectifs qui diminuent, les établissements manufacturiers des constructeurs restent très présents en Île-de-France : 6 sites industriels emploient environ 20 000 salariés (31 % des effectifs des constructeurs). Il faut ajouter un nombre important d’intérimaires. La recherche représente 35 % des effectifs des constructeurs français répartis sur 4 sites majeurs en Île-de-France.

Un desserrement des activités tertiaires vers le sud-ouest de Paris

En 2004-2005, le programme immobilier qui touche le site historique de Billancourt conduit Renault à transférer 3 000 personnes issues de différentes directions dans des locaux loués sur la commune du Plessis-Robinson (92). De son côté, PSA a regroupé, en 2003, différentes activités disséminées en Île-de-France ou issues du siège de Paris 16e sur un pôle tertiaire, à proximité du site de production de Poissy.

Une présence de plus en plus forte des équipementiers

Les équipementiers et autres fournisseurs représentent une composante en croissance de l’industrie automobile francilienne. Leur répartition géographique épouse celle des constructeurs. De même, l'importance des groupes étrangers (60 à 70 % des effectifs de fournisseurs de l’industrie automobile francilienne) ne cesse de croître.

Une industrie soumise à de profondes mutations

Depuis de nombreuses années, diverses contraintes impactent l’organisation de la filière et sa géographie. Renforcement, extension et mondialisation de la concurrence ; plus forte attente des actionnaires ; contraintes de marché croissantes ; contraintes réglementaires nationale et internationale renforcées en matière de sécurité et de respect de l’environnement ; ouverture de nouveaux marchés.

Une réponse multiforme des constructeurs

Leur stratégie comprend une palette de réponses : présence accrue sur de nouveaux marchés (synergies avec des groupes existants) ; diversification de l’offre  et accélération du renouvellement des gammes ; fort accroissement de la R&D ; augmentation de la productivité (robotisation plus poussée, approvisionnement en flux tendus) ; plus forte technicité et polyvalence du personnel ; implantation d’unités de production dans des pays à plus faible coût de main-d’œuvre ; réduction du nombre de fournisseurs ; externalisation de fonctions « non stratégiques ».

Un impact fort pour l’ensemble de la filière

Les fournisseurs doivent s’adapter à la complexification croissante de l’automobile et du process industriel, avec des exigences renforcées en matière de délais et de qualité  d’approvisionnement. Ce qui nécessite des moyens matériels et humains supplémentaires, voire nouveaux, et la mise en place d’organisations plus performantes. Un risques pour les PME, plus fragiles.

Enjeux et actions possibles

Maintenir l’ensemble des fonctions de production, de recherche et de commandement est un préalable à la consolidation de l’édifice francilien. C’est la stratégie retenue par d’autres territoires : l’État du Michigan aux EU, le Bade-Wurtemberg ou la Bavière en Allemagne. Certaines régions françaises ont décidé de soutenir la création de parcs fournisseurs pour favoriser le maintien des capacités de production, comme en Bretagne, à Rennes.

Une telle action est-elle transposable en Île-de-France ?

La santé du secteur passe par le développement des capacités d’innovation et le renforcement de croisements technologiques. La région Île-de-France s’est déjà engagée dans l’accompagnement de filières de ce secteur où les PME sont les plus exposées, en appuyant, par exemple, la création des souffleries de Saint-Cyr. Ce mouvement devrait être poursuivi.

Même florissante, l’industrie automobile francilienne nécessite d’être soutenue dans sa consolidation face à ces nouveaux défis. Cependant, on ne peut trouver de réponse adaptée sans une coopération et coordination avec tous les acteurs institutionnels : État, collectivités locales et organismes consulaires...

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Économie | Industries et services