Les industries culturelles en Île-de-France

État des lieux, évolutions et enjeux des industries cinématographiques et audiovisuelles, de l'industrie musicale, de l'édition de presse, du livre et de l'imprimerie

01 avril 2006ContactOdile Soulard, Carine Camors

L’Île-de-France occupe une place remarquable sur la scène mondiale des industries culturelles, au même titre que New York ou Londres. En France, elle concentre une part importante des activités culturelles, avec 113 400 salariés (2,9 % de l’emploi total salarié francilien) contre 249 800 au niveau national (1,6 % de l’emploi France entière). En d’autres termes, 45 % de l’emploi salarié dans ce secteur et 38 % des établissements sont concentrés dans la région capitale.

Ces activités renforcent l’attractivité de l’Île-de-France et son rayonnement à l’étranger. Elles représentent un intérêt économique certain en matière d’emplois, d’exportations et de revenus. La présence et la pérennité d’un tissu diversifié d’industries culturelles sont autant d’atouts qui contribuent à la créativité, à l’identité culturelle et à la faculté d’innovation nécessaire à la compétitivité régionale.Enfin, cette filière a un effet d’entraînement sur d’autres secteurs comme les loisirs, le tourisme et les fournisseurs de technologies TIC.

Alors que ces industries évoluent fortement, et que les métropoles concurrentes de l’Île-de-France intensifient leurs politiques en faveur de ces industries, l’IAU île-de-France a décidé de leur consacrer une étude. Son objectif est de faire connaître un type d’activités particulier qui obéit à des logiques spécifiques, liées à la créativité et à l’immatériel, tout en intégrant les contraintes économiques.

Un cadrage national et régional

Cette étude propose une première approche régionalisée des activités culturelles choisies : le cinéma et la vidéo, la radio et la télévision, l’édition (livre et presse), l’imprimerie, la musique. Chaque secteur fait l’objet d’un cadrage national et régional, d’une analyse quantitative, d’une approche comparative avec les métropoles concurrentes.

Si les industries culturelles sont très concentrées en Île-de-France, elles ne sont pas uniformément réparties sur son territoire : Paris, avec 54 % des emplois «culturels», et le département des Hauts-de-Seine, avec 21,8 %, représentent, en 2003, les trois quarts des effectifs salariés et c’est le département des Yvelines (1,8 %) qui en totalise le moins.
Très sensibles à la conjoncture économique, certaines de ces industries ont perdu des emplois en 2003-2004, période de ralentissement : crise du disque, de la presse quotidienne, baisse des rentrées publicitaires. Seul le Val-de-Marne aura connu, à ce moment-là, une évolution positive de ses effectifs.
Le cas de Paris est, à cet égard, intéressant, car si la ville a perdu globalement des emplois entre 1993 et 2003, elle a su renforcer ses activités culturelles et stabiliser ses effectifs.

Les effectifs de l'activité cinématographique en augmentation

Ceux-ci ont d’ailleurs connu des fortunes diverses selon les cas : les activités cinématographiques et la vidéo ont enregistré, dans la capitale, une augmentation de 5 000 emplois, le secteur radio-télévision 10 000 et la presse 5 300, alors que l’industrie du disque, l’édition de livres et surtout l’imprimerie en ont respectivement perdu 400, 1 700 et 11 400.

L'externalisation, un défi de l'industrie culturelle en Île-de-France

Face à un contexte économique et des technologies qui évoluent très vite, les industries culturelles ont quelques grands défis à relever. Leur structure repose sur un système dual où se côtoient quelques grands groupes d’envergure internationale et une multitude de petites unités réactives et indépendantes, acteurs clés des industries culturelles. Or, celles-ci connaissent des difficultés d’accès aux marchés et manquent de moyens pour financer leur développement. L’externalisation d’un nombre croissant d’activités s’accompagne souvent d’une précarisation des emplois, avec le recours aux pigistes, intermittents, et contrats à durée déterminés qui absorbent les crises.

Deuxième défi, intégrer les conséquences du développement de la numérisation des contenus, de l’omniprésence d’internet et de la convergence technologique, tout ceci entraînant de nouvelles habitudes et de nouveaux besoins.

Mais une grande facilité d’adaptation aux changements caractérise les industries culturelles, sans doute à cause de leur capacité d’intégrer les nouvelles technologies. Gageons que les difficultés actuelles (piratage, propriété intellectuelle, concurrence de nouveaux modèles économiques) ne soient qu’une phase transitoire, sorte de destruction créatrice, dans le redéploiement de ce secteur.

Cette étude est reliée aux catégories suivantes :
Économie | Économie créative

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