Plan d'intendance de la Généralité de Paris

1776-1791

11 juillet 2019

Échelle : 1/7 000   Formats divers

La Généralité de Paris, vaste ensemble regroupant environ 2 000 paroisses, a servi de cadre administratif pour établir les plans imposés par l'intendant Louis Bénigne Bertier de Sauvigny, dont les relevés s'effectuent de 1776 à 1791. Il s'agit de la première entreprise d'arpentage systématique des paroisses, visant à fixes leur assiette foncière, établie dans le cadre de la réforme fiscale souhaitée par le pouvoir royal pour tenir compte des produits de la terre, baromètre de la richesse au XVIIIe siècle. Les plans d'intendance décrivent, paroisse par paroisse, la nature des cultures et des espaces boisés. Toutefois - c'est ce qui les différencie des cadastres modernes -, ils ne figurent pas des parcelles individualisées, mais des « masses de culture ». Des arpenteurs se chargent du travail de terrain et attestent du bien-fondé de leur travail avec leur signature manuscrite au bas du document. Celui-ci n'a pas de valeur officielle que s'il est contresigné par les représentants de la paroise, qui se chargeront de répartir l'impôt. Les arpenteurs seront nombreux à accomplir cette tâche, mais, dans les faits, certains prennent en charge un grand nombre de communes limitrophes. Ainsi, les Dubray (une famille d'arpenteurs de Pontoise) couvrent à eux seuls les 198 paroisses du Vexin ; d'autres agissent sur l'ensemble de la Généralité, comme Jean-Nicolas Devert, dont la signature est relevée de l'Élection de Beauvais à celle de Nemours (152 paroisses). Cette relative unicité des relevés donne aux plans d'intendance un caractère homogène qui en fait un outil encore très utile pour comprendre et comparer l'évolution des territoires depuis deux siècles et demi. L'échelle, conformément aux instructions de Bertier, est approximativement au 1/7 000 (3 cm pour 200 m) mais des différences peuvent exister d'un plan à l'autre, les unités de mesure n'étant pas encore unifiées. Les résultats sont regroupés dans un encart. Des conventions sont mises en place pour signifier le mode d'exploitation des sols à travers un jeu de couleurs : gris ou bleu pâle pour les landes et les friches ; vert tendre pour les prés ; vert foncé pour les bois et les remises ; couleur chair pour les terres labourables. À cela s'ajoutent des signes distinctifs pour représenter les vignes ou les vergers, les arbres de bord de route ou de ruisseau. Les plans indiquent également le réseau des chemins villageois, notamment ceux qui rejoignent les écarts, et donnent une information rare à une échelle aussi précise, comme l'emplacement des mares et des lieux-dits. Sur certains plans, les parcs et les jardins, avec leurs allées, sont figurés avec précision. Enfin, les spécificités locales sont portées, par exemple l'aqueduc de Saclé (Saclay) à Versailles, des moulins, un « tirage des bateaux » à Conflans-Sainte-Honorine. Les plans font également état du bâti, figuré en carmin, mais sans beaucoup de précisions puisqu'il n'entre pas dans l'assiette de l'impôt. Cela donne néanmoins une image de l'état des villages avant la Révolution. Les plans d'intendance préfigurent les cadastres consulaires (toujours par masses de culture) de l'an XI, réalisés de 1802 à 1807 en application d'un arrêté du 12 brumaire (1802). Le cadastre parcellaire, dit aussi cadastre napoléonien, sera imposé par une loi du 15 septembre 1808.