Avec ses Open Streets (OS), la ville de New York a également lancé dès mars 2020 des mesures pour répondre aux enjeux de distanciation physique et éviter la suroccupation des parcs et jardins. Prenant la forme de fermetures temporaires de rues à la circulation (à l’exception des résidents, livraisons et services), l’objectif a été d’inciter les new-yorkais à circuler à pied ou à vélo et d’exercer des activités de plein-air. Malheureusement, la première édition du programme a été un échec et après seulement 10 jours, la ville a décidé de retirer le dispositif, car les aménagements n’étaient pas compris et peu utilisés par les habitants. Les associations locales (pro-piéton et pro-vélo) se sont alors mobilisées pour demander le retour du programme avec une procédure adaptée : la Open Street Coalition3 a ainsi été créée. Elle a permis de porter les voix des défendeurs du projet et de les mener en audience devant le conseil municipal. Parmi les exemples de griefs, il a été relevé que les OS étaient des tronçons trop courts et situés dans des quartiers où les besoins n’avaient pas été bien identifiés. La présence massive de la police municipale et des dispositifs (barricades) mis en place pour la sécurisation des rues représentaient aussi un obstacle pour les populations locales. Ainsi, la coalition a demandé une gestion moins lourde et plus locale.
Cette mobilisation a donc permis le lancement d’une seconde édition d’Open Streets situées sur des tronçons plus longs et dans des quartiers résidentiels manquant d’espaces végétalisés. Les sites ont cette fois été identifiés par les associations locales en lien avec les riverains. À l’été 2020, les populations locales ont même récupéré la gestion d’une partie de ces rues. Dans les quartiers populaires, les OS sont devenus le lieu de diverses activités de plein-air. Dans d’autres encore, ce sont les Business Improvement Districts4 qui ont pris le contrôle de leur gestion. Cependant, les écarts se sont une fois de plus marqués entre les quartiers en difficulté et les plus aisés qui disposent de plus d’opportunités pour faire des demandes de fonds aux ONG pour financer la gestion, l’entretien et la programmation. Dans les quartiers les plus pauvres, ce sont souvent des bénévoles, épuisés par les nombreuses difficultés, qui assurent cette gestion. Horaires d’accès, déploiement de mobiliers, de barrières et de jeux, la gestion quotidienne des Open Streets représente un travail éprouvant. Les bénévoles ont d’ailleurs parfois reçu directement les plaintes et menaces des opposants au projet. À la suite de ces remontés, des partenariats entre les Open Streets des quartiers pauvres et ceux des quartiers aisés ont été créés afin de mieux redistribuer les fonds obtenus. Pour pérenniser ce programme et assurer sa gestion, un soutien financier durable est apparu nécessaire. Aussi, une fermeture permanente d’une grande partie de ces rues réduirait considérablement les frais. Au début de l'année 2022, certaines Open Streets dépendent encore de bénévoles pour la gestion et le soutien. La ville a apporté son aide par l'intermédiaire des City Cleanup Corps, des employés municipaux qui aident à maintenir les rues propres. Dans certains cas, ils ont pris en charge la gestion des Open Streets.
Maillées sur toute la ville, sous forme de parcs linéaires ou de corridors apaisés, les Open Streets pourraient transformer la qualité de vie dans les quartiers et améliorer les déplacements des new-yorkais. Mais une vue d’ensemble de ce dispositif et de ses opportunités pour transformer l’espace public manque à ce stade. Depuis 2020, 274 Open Streets ont été créées, mais seulement 126 demeurent actives en octobre 2021. Avec un total d’environ 24 miles (39 kilomètres)5, l’objectif de 100 miles (160 kilomètres) annoncés au début du programme par le Maire de l’époque, Bill de Blasio, semble lointain. La candidature pour de nouvelles Open Streets est ouverte, mais avant d’engager de nouveaux projets, les associations locales demandent d’abord de rendre toutes les Open Streets pérennes et ouvertes 24h/24 et 7j/7. La première Open Street pérennisée est Dyckman Plaza, à Washington Heights (Manhattan)6. Cette ancienne Open Street était entretenue par des restaurateurs locaux qui utilisaient l'espace pour proposer une offre de restauration et des événements. La nouvelle Plaza a été inaugurée en décembre 2021. Aucune des Open Streets animées par des bénévoles n'a encore été pérennisée, mais des réunions avec les populations locales ont commencé en 2021.