Le partenariat recherche à L'Institut
Les travaux menés par L’Institut Paris Region en partenariat avec la recherche et l’enseignement supérieur sont divers et foisonnants. L’Institut occupe une place spécifique dans l’écosystème de la recherche et de l’enseignement supérieur en Île-de-France. En effet, il joue un rôle original de « passeur » entre chercheurs et décideurs. Ce rôle fait partie de ses pratiques depuis sa création en 1960.
L’Institut est présent :
- en amont, via ses commandes à la recherche et à l’enseignement supérieur ;
- en aval, via l’utilisation des travaux de chercheurs et d’étudiants et leur valorisation ;
- mais aussi dans la phase de production de la recherche, via des travaux menés avec et/ou pour la recherche.
L’Institut est actuellement impliqué dans une dizaine de projets de recherche conventionnés, nationaux ou européens. À ce titre, il travaille en collaboration avec des équipes de recherche. Il s’agit de recherche appliquée. Les thèmes sont très divers, reflétant la diversification des thématiques de la recherche urbaine. Ils portent, par exemple, sur les interactions entre chaleur, qualité de l’air et santé en ville, ou sur les effets de la vente de logements sociaux, ou encore sur les ambiances du (contre)terrorisme dans les villes européennes. Les méthodologies le sont tout autant. Mais les sujets et les méthodes ont pour point commun d’être originaux, sources d’innovation et d’ouvrir des pistes d’actions pour les acteurs des territoires. C’est par exemple le cas du programme de recherche OCAPI sur les systèmes alimentation/excrétion urbains et la séparation à la source des eaux usées. Les démarches associent souvent d’autres structures -collectivités locales, bailleurs sociaux, opérateurs publics, entreprises, associations…, par exemple, via la production de données et la recherche de terrain ou par l’implication dans un dispositif de formations par les pairs sur l’enjeu des plans énergie climat.
L’innovation est généralement de mise. Ainsi le projet REGREEN porté par l’ARB-îdf associe, autour des solutions fondées sur la nature en milieu urbain, de nombreux partenaires (structures de recherche, entreprises, collectivités et associations). Il faut jouer aux collectivités le rôle de démonstrateurs et de lieux de dissémination des connaissances produites dans le cadre de la recherche. L’ambition du projet est d’amener ces collectivités à co-créer connaissances et innovations avec les citoyens, les écoles, les entreprises et les administrations publiques.
La plupart de ces projets bénéficient de financements, parfois importants dans le cas de projets européens. Nos experts participent aussi de plus en plus souvent à des réseaux de création de communautés scientifiques et techniques, nationaux, européens ou internationaux.
L’Institut est, par exemple, membre du comité de management de l’action européenne COST - WISE-ACT « Wider Impacts and Scenario Evaluation of Autonomous and Connected Transport ». 15 pays participent à cette action qui vise à construire une communauté de chercheurs et de professionnels autour de la thématique des effets élargis du véhicule autonome et connecté dans une démarche interdisciplinaire. L’objectif est de travailler sur la mobilité du futur et l'acceptabilité du véhicule sans conducteur et d’étudier différents scénarios sous l'angle social, éthique, institutionnel et économique. Citons aussi le réseau ÎSEE, piloté par l’ORS, qui rassemble les acteurs franciliens impliqués dans les enjeux relatifs à la santé environnementale. Son objectif est d’intensifier et diversifier leur collaboration notamment entre la recherche et le terrain.
L’Institut sollicite des enseignants chercheurs pour participer aux débats qu’il organise et à ses publications. Par exemple, près de 40 % des contributeurs du Cahier « Les villes changent le monde » sont enseignants-chercheurs ; 4 des 5 interviews cadres de la consultation des acteurs « Île-de-France 2040 » ont été menés auprès de chercheurs ; les débats de L’Institut impliquant des chercheurs sont de plus en plus nombreux et intéressent un large public. C’est le cas notamment des petits déjeuners décideurs/ chercheurs ou du cycle « Histoire et cultures de l’aménagement » avec l’école nationale d’architecture de Paris-Belleville et le comité d’histoire du Ministère.
L’Institut passe régulièrement commande auprès des enseignants chercheurs et/ou de leurs étudiants. Ces commandes prennent différentes formes : ateliers de master, cofinancement de thèses ou de recherches, accueil de stagiaires et apprentis... L’Institut a formé près de 300 stagiaires dans les 10 dernières années et accueille depuis 2019 un doctorant en CIFRE. Les commandes sont toujours encadrées et suivies côté Institut, ce qui permet de renforcer les relations avec le monde académique. Leurs résultats alimentent les travaux de l’Institut et contribuent souvent à renouveler ses analyses et méthodes.
Les partenariats sont parfois informels, comme dans le projet sur l’écologie des toitures végétalisées de l’ARB ou dans des notes rapides sur la mobilité électrique et les smart grids du département Mobilité et Transports, rédigées avec des doctorants ou des enseignants-chercheurs. La motivation est alors l’envie de produire ensemble sur des sujets nouveaux, complexes, pour relever des défis sociétaux d’ampleur. Des partenariats plus structurés ont aussi été construits avec des acteurs de l’enseignement supérieur, par exemple avec l’école urbaine de Sciences Po, l’École nationale d’architecture de Paris-Belleville, le Museum national d’histoire naturel ou l’Institut d’écologie et des sciences de l’environnement de Paris (iEES Paris) pour l’ARB-idf. Avec L’École d’Urbanisme de Paris, l’Institut entretient un partenariat de longue date actuellement formalisé par une convention cadre pour la période 2019-2022. L’objectif de cette convention est de donner davantage de lisibilité, de cohérence et d’ambition aux actions et modalités de partenariat existantes, en les inscrivant dans des thématiques pluriannuelles, par exemple celle du Zéro Artificialisation Nette. C’est aussi de les utiliser comme des opportunités pour favoriser le croisement des points de vue entre les deux parties.
D’une façon générale ce partenariat reflète le fait que « la recherche urbaine est située plutôt du côté de l’urbanisme, au sens de « savoirs pour l’action », que du côté des études urbaines au sens d’une déclinaison du projet de connaissance des sciences sociales au monde urbain » (Pour la recherche urbaine, CNRS éditions, 2020, p. 98). Il fonctionne parce qu’il repose sur un bénéfice mutuel. En effet, L’Institut dispose de ressources qui intéressent le monde académique. Celles-ci sont nombreuses : bases de données, SIG, expertises, médiathèque, connaissance des territoires, stages et postes pour les étudiants, financements, réseaux régionaux et locaux... Ainsi la médiathèque accueille les étudiants et enseignants chercheurs et met ses services de documentation, dont ses prêts, à leur disposition. L’Institut met aussi gracieusement à disposition des doctorants et des enseignants-chercheurs du secteur public une partie de ses données, via un Acte d'engagement. En 2020, le DSI a répondu favorablement à une vingtaine de sollicitations de laboratoires de recherche. Dans 90% des cas, les données demandées portent sur l'occupation du sol : Mos, Évolumos, Densibati et TUF (Tissus urbains franciliens). À titre d’exemple, des conventions de mise à disposition de données ont été conclues avec les laboratoires de recherche des établissements suivants : Polytechnique, Sciences Po, Lab'urba de l’Université Paris Est, CNRS, Université Colombus, INRA, UMR TETIS, IFSTTAR, MNHN, CIRED (CNRM), Université de Paris Saclay.
Les enseignants chercheurs sollicitent aussi fréquemment les compétences de L'Institut pour des cours, interventions, publications ou avis. Ces enseignants chercheurs appartiennent à des organismes, des disciplines et des spécialités diverses. Sciences humaines et sociales, sciences de l’ingénieur et sciences de l’environnement, les disciplines à l’œuvre sont nombreuses. Certains projets aspirent à toutes les solliciter, générant en retour une dynamique transversale qui devrait permettre à L’Institut d’exprimer tout le potentiel de sa nouvelle organisation.
Enfin, rappelons que ce partenariat n’est pas une fin en soi. C’est un moyen pour réaliser des études et travaux plus pertinents et donc plus utiles à la prise de décision de la Région Île-de-France et de ses partenaires.
Brigitte Guigou
Repère
De quelle recherche urbaine avons-nous besoin ?
Dresser une prospective de la recherche urbaine pour les prochaines années : voilà ce à quoi se sont attelées plusieurs dizaines de chercheurs dont les contributions ont été rassemblées sous l’égide du CNRS dans l'ouvrage « Pour la recherche urbaine » publié chez CNRS éditions en 2020. Dans cette analyse de l'ouvrage, publiée par la revue en ligne Métropolitiques en janvier 2023, Brigitte Guigou, responsable Partenariat-Recherche à L'Institut, montre leur intérêt tant pour la recherche que pour les praticiens et praticiennes de l’urbain et des territoires.