Après un master en management à l'Essec, Pierre-Yves a travaillé cinq ans chez Unibail-Rodamco, notamment sur les projets de restructuration de l'îlot Gaîté-Montparnasse, Vélizy 2 et le Forum des Halles. Il a rejoint Quartus ensemblier urbain en 2018 pour initier le projet d'occupation temporaire de L'Orfèvrerie et préparer la réhabilitation du futur site.
Pouvez-vous nous raconter votre parcours. Quand et comment a commencé l’aventure du lieu ?
Quartus a acquis le site des anciennes usines Christofle de Saint-Denis en 2016. Ce site a une histoire très riche, puisque la maison Christofle y a installé ses activités dans les années 1870 et l’a exploité pendant plus de 130 ans. Quartus prévoit pour ce lieu un ambitieux projet de réhabilitation qui prendra quelques années à sortir de terre ; il y a donc eu relativement tôt dans le projet une réelle réflexion sur une occupation temporaire. L’Orfèvrerie est ainsi née en octobre 2018 avec l’installation de plusieurs dizaines de nouveaux résidents. Le projet s’est tourné naturellement autour de l’art et de l’artisanat, étant donné l’histoire de ce site au charme incroyable.
Pouvez-vous nous décrire la façon dont le projet a émergé ?
Le projet est né d’un double constat : premièrement, la présence sur notre site de surfaces vacantes encore en relativement bon état, et deuxièmement, la très forte demande pour des ateliers d’artistes et locaux d’artisanat au sein du territoire de Saint-Denis et Plaine Commune, plus largement. Ainsi, malgré le format de location précaire.
les surfaces que nous avons mises à disposition ont très rapidement trouvé preneurs, et une forte dynamique s’est créée. Aujourd’hui, les locaux sont à 90 % occupés et forment une formidable ruche d’artistes, artisans et créateurs.
Quel regard portez-vous sur le développement des tiers lieux sur votre territoire ? Observez-vous un intérêt grandissant pour ce type d'espace?
Il y a un réel manque d’espace disponible dans le Grand Paris avec des loyers modérés. On le constate avec le nombre de demandes que nous recevons pour des locations d’ateliers. Il s’agit ici d’une réelle pépinière qui favorise aussi les échanges et permet aux différents acteurs/résidents du lieu de penser des projets ensemble et de travailler ensemble. Ce type de milieu constitue un vrai vecteur d’intelligence collective et collaborative.
Après un an d’activité, quels enseignements pouvez-vous dresser ?
Le projet est un franc succès. Mais l’animation d’un tel lieu demande beaucoup de savoir-faire et de moyens humains. En cela, l’arrivée du collectif Soukmachines sur le site de L’Orfèvrerie apporte des forces vives qui permettront d’enrichir le projet et amplifier les synergies entre résidents.
Soukmachines dispose d’une forte expérience en matière d’occupation temporaire tournée vers l’artisanat local et l’organisation d’événements et bouillonne d’idées pour améliorer la vie des résidents au sein de L’Orfèvrerie.
Par exemple, nous travaillons ensemble à la création d’un lieu de convivialité sur le site.
Quels liens le lieu entretient-il avec son territoire ?
Il est important pour nous que L’Orfèvrerie ne soit pas un microcosme fermé et que les Dyonisiens puissent s’approprier le lieu. Cet ensemble de bâtiments, type « petit village » inscrit au monument historique depuis 2007, mérite en effet d’être connu !
Aussi, de manière assez régulière, nous travaillons avec le comité départemental du tourisme de Seine-Saint-Denis afin d’ouvrir le site au public. Une fois par mois, Patrick Bezzolato, notre guide, accompagne des groupes de personnes, inscrites préalablement sur internet, et leur raconte l’histoire de ce site fantastique.
Nous travaillons également avec Plaine Commune Tourisme afin d’accueillir des événements tels que les Journées du patrimoine.
Enfin tout récemment, nous avons ouvert le site, toute la journée du 6 juillet 2019, au grand public à l’occasion d’un grand événement « L’Orfèvrerie ouvre ses portes », en partenariat avec Soukmachines. Cette aventure a rencontré un vrai succès puisque près de 4 000 personnes sont venues découvrir le site entre 11h et 2h du matin : concerts, aperçu des ateliers des résidents, marché de producteurs locaux dans les rues intérieures organisés par Paris Night Market et Soukmachines. Les activités n’ont pas manqué tout au long de la journée !
Si c’était à refaire, que feriez-vous ou ne referiez-vous pas ?
Nous aurions dû lancer ce projet d’occupation temporaire plus tôt ! Plus sérieusement, nous avons connu quelques difficultés techniques lors du lancement du projet pour la remise en état de certains locaux.
Mais les erreurs que nous avons pu faire nous ont aussi permis de comprendre le fonctionnement de ce lieu et ses défis hors normes. Nous avons appris sur le tas et cela n’en fait qu’une plus belle expérience.