Intercommunalités franciliennes et tourisme : un acteur renforcé dans une logique partenariale

Chronique de l'interco n° 11

18 mars 2016ContactAgnès Parnaix, Marion Tillet

Le tourisme est l’une des compétences intercommunales que la loi du 7 août 2015 portant nouvelle organisation territoriale de la République (NOTRe) a le plus conforté. Dans ce nouveau contexte, à quels défis vont être confrontées les intercommunalités franciliennes ? 

Une action touristique de proximité renforcée

Près de 66 % des intercommunalités franciliennes sont compétentes en matière de tourisme en 2015. Cette proportion régionale est inférieure à la moyenne nationale (85 % en 2010 selon l’AdCF), alors que l’Île-de-France demeure la première destination touristique du pays. En petite couronne, cette prise de compétence est plus faible encore. Le rôle historique d’acteurs publics et privés bien structurés, tels que l’office du tourisme et des congrès de Paris, le château de Versailles, Disneyland Paris, les comités départementaux et régional, n’y est sans doute pas étranger.

De taille petite à moyenne, la plupart des intercommunalités compétentes sont situées en grande couronne et près de la moitié en Seine-et-Marne. Toutefois, quelques-unes, plus urbaines, telles que Plaine Commune (93) ou même Marne et Gondoire (77) s’écartent de ce « profil-type ». Acteurs assez récents sur la scène régionale, elles assurent un maillage de proximité, sur leur territoire. Elles interviennent dans les domaines de la promotion, de l’accueil des visiteurs, des aménagements touristiques, de la coordination et de l’élaboration de stratégies, etc. Sur les 65 structures franciliennes compétentes, seulement 20 % ont créé un office de tourisme intercommunal (plus de la moitié sur le plan national selon l’AdCF, 2010).

Entre continuités et changements, l’intercommunalité, un acteur parmi d’autres

Avec la loi NOTRe, le rôle des communes en matière de tourisme s’efface intégralement à compter de 2017, au profit des intercommunalités. Celles-ci continuent à partager leurs compétences avec les collectivités départementales et régionales, ainsi qu’avec l’État qui définit le cadre de la politique nationale.

Tout juste créée en janvier 2016, la métropole du Grand Paris (MGP) fait figure d’exception. Elle ne dispose pas de compétence propre en matière de tourisme, mais seulement de compétences connexes (grands événements, grands équipements, zones d’activités touristiques d’intérêt métropolitain). De ce fait, les 131 communes membres de la MGP restent investies dans ce domaine. Sauf dans le cas des établissements publics territoriaux (EPT), comme Plaine Commune, qui continuent à exercer la compétence de l’intercommunalité préexistante. Par la suite, d’autres EPT pourront être investis de cette compétence, sur décision de leurs communes membres.

Des restructurations touchent également la grande couronne. Dès 2016 pour les nouveaux groupements, et à partir de 2017 pour ceux qui préexistaient à la loi NOTRe, les intercommunalités bénéficient du transfert intégral ou résiduel – consécutif à la suppression de l’intérêt communautaire – de la compétence « promotion du tourisme dont la création d’offices de tourisme » et « zones d’activités touristiques ». Ainsi une cinquantaine d’anciens offices de tourisme municipaux passeront sous l’égide d’une communauté, dont le périmètre aura souvent été élargi. Mutualisés au sein d’une seule structure ou transformés en bureau d’information touristique, seuls quelques offices liés à des « stations classées » (Enghien-les-Bains) ou à une « marque territoriale protégée » pourront conserver une personnalité morale distincte.

Desserrer l’offre touristique dans la zone dense : une stratégie à partager

Paris-Île-de-France, première destination mondiale (près de 46 millions de touristes en 2014) est confrontée au défi de renforcer son positionnement, face à la concurrence croissante d’autres métropoles mondiales.
L’intercommunalité semble particulièrement appropriée pour mettre en œuvre une politique touristique de proximité, adressée tant aux habitants qu’aux visiteurs et faire ainsi bénéficier les territoires des retombées économiques d’un secteur qui emploie 500 000 salariés en Île-de-France.
Face à la saturation de l’hébergement et la sur-fréquentation des sites de la capitale, l’échelle du cœur d’agglomération devient une opportunité pour diversifier l’offre d’hébergement considérée comme trop onéreuse à Paris pour certaines clientèles. Elle favorisera également la valorisation des équipements et sites de la périphérie, dont certains seront désenclavés grâce au réseau du Grand Paris Express.

Ce changement d’échelle sera-t-il facilité par les réformes récentes ? La MGP ne détient pas entièrement la réponse à cette question, au regard de ses compétences comme de son périmètre territorial. Pour pallier une mutualisation inachevée, puisque la loi NOTRe n’a pas confié à la Région le rôle de coordination qui était initialement prévu dans le projet de loi, l’élaboration de stratégies concertées est d’autant plus attendue.

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