Grand Londres versus Île-de-France : quelle tarification des transports publics ?

Chronique de la mobilité et des transports n° 2

09 décembre 2014Frédérique Prédali & Simon Gloaguen

Après avoir mesuré le niveau d’offre des réseaux des deux régions-capitales dans la première chronique, intéressons-nous à la politique tarifaire de chacune. À l’évidence, les tarifs sont davantage en faveur des voyageurs en Île-de-France, mais quels sont véritablement les écarts ?

Cette nouvelle chronique fait le point sur les spécificités de la tarification londonienne, avec le niveau de prix des abonnements, la tarification des bus, la formule de paiement au parcours, et le principe utilisateur-payeur.

Des abonnements londoniens deux à trois fois plus chers

La comparaison de la tarification des abonnements mensuels des transports londoniens et franciliens fait apparaître des tarifs deux fois plus élevés à Londres sur le périmètre de l’hypercentre (zones 1 et 2). Plus le nombre de zones inclus dans l'abonnement est grand, plus l'écart se creuse pour être plus que triplé sur les dernières zones (7 à 9, hors du Grand Londres).

Une tarification spécifique aux bus, avec une billettique plus pointue à Londres

Comme nous l’avons vu dans la première chronique, le réseau de bus est nettement plus développé dans le Grand Londres. Pour les Londoniens, il est aussi celui qui offre les tarifs les plus attractifs, tant pour la simplicité de la tarification (tarif unique), que pour le niveau de prix.
Quel que soit le parcours fait en bus à Londres ou à Paris (avec le ticket t+), le prix du trajet unitaire est similaire, bien qu’un même ticket à Londres ne permette pas la correspondance bus-bus ou bus-métro, tandis que le t+ permet des correspondances bus-bus pendant 1h30 (mais pas bus-métro).

Si l’abonnement Navigo permet d’utiliser de façon illimitée tous les modes en fonction de la période et des zones choisies, les abonnements londoniens sont plus variés. Le Grand Londres propose une offre d’abonnement spécifique aux bus qui est dézoné depuis 2002. Son tarif de £77.60 (92,75 €) est 38 % plus cher que l’abonnement mensuel des zones Navigo 1-2 (7 % plus cher que l’abonnement 1-3), et 14 % moins cher que zones 1-4.

 

Tarification au parcours, une autre spécificité londonienne

Après avoir lancé sa carte Oyster, Londres introduit les formules Pay-as-you-go (PAYG) en 2005. Dans le principe, le voyageur peut charger du crédit sur sa carte Oyster, ainsi que des abonnements. La carte est ainsi débitée en fonction de la distance et de l’heure du déplacement avec un plafond égal au prix du forfait journalier zonal (entre £7 et £21.80). Depuis septembre dernier, le plafonnement des tarifs s’applique également à la semaine (de £31.40 à £81.70).
Avec cette formule, le prix payé par le voyageur londonien reflète donc sa consommation réelle de trajets, sachant qu’il est plus cher d’emprunter le métro pendant les heures de pointe et sur un long trajet, plutôt qu’en heure creuse et sur un court trajet.
Sur cette base et en considérant les zones 1-4, le trajet en métro à Londres revient à 4,50 €, soit trois fois plus que le titre unitaire t+. Toutefois, le voyageur réalisant plus de trois voyages ne sera pas facturé plus de £10.60 (ou £7.70 s’il voyage hors des heures de pointe).

Le choix de tarifs qui reflètent les coûts de production

Tandis que les transports collectifs franciliens bénéficient d’apports financiers des employeurs équivalents au niveau des recettes tarifaires (produit du versement transport prélevé aux employeurs publics et privés), le Grand Londres applique le principe d’utilisateur-payeur pour financer ses services de transport.
Ainsi, depuis une dizaine d’années, le prix des transports collectifs londoniens ne cesse d’augmenter, au-delà de l’inflation, selon une limite définie par le ministre des Finances.
Cela a pour conséquence un décrochage entre l’augmentation du prix des transports collectifs et l’évolution du coût de la vie plus marqué à Londres qu’à Paris.
Ces hausses tarifaires répétées n’ont pas eu d’impact négatif sur la fréquentation des transports londoniens qui s’est maintenue, et a même augmenté depuis la crise de 2008. Plusieurs facteurs peuvent expliquer le niveau de demande : l’afflux touristique soutenu et la dynamique démographique de Londres d’une part, et d’autre part les progrès constants sur le niveau et la qualité de service du réseau et les coûts d’usage importants de la voiture particulière.

 

La prochaine chronique s’intéressera à l’actualité transport des capitales européennes Berlin, Londres et Madrid.

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