Carte du département de Seine-et-Marne
Échelle : 1/88 000 Format : 175 x 145 cm
S'il y eut aux premiers mois de la Révolution quelques hésitations sur la manière de fixer les limites des départements, le rationalisme ambiant ayant fait penser initialement qu'une solution géométrique était possible, ce furent des critères plus subjectifs qui triomphèrent, et le découpage épousa des caractéristiques géographiques ou historiquement reconnues. Pourtant, ces deux cartes témoignent des hésitations encore présentes. Par exemple, le débat sur le nom des nouvelles circonscriptions : Versailles (ville chef-lieu) est choisi initialement pour nommer le nouveau département qui deviendra rapidement la Seine-et-Oise, alors que la Seine-et-Marne reçoit d'emblée le nom du fleuve et de son affluent qui la traversent. Les cartes sont découpées par arrondissement (coloré de couleurs différentes). À noter que, en 1790, le département de Versailles englobait totalement le département de Paris (bientôt département de la Seine), sciemment créé de taille réduite pour limiter son poids politique et compenser son importance démographique. Ce découpage départemental est à la base, jusqu'à aujourd'hui, de tous les aléas du développement ultérieur de la région parisienne - un ensemble hybride partagé en trois unités, puis en quatre quand la ville de Paris deviendra de fait une composante quasi autonome. Il a fallu attendre 1965 pour qu'une double réforme vienne bousculer l'édifice des circonscriptions. Les trois départements nés en 1790 sont éclatés en huit : la Seine, limitée à la seule ville de Paris ; les Hauts-de-Seine, la Seine-Saint-Denis et le Val-de-Marne (petite couronne), qui récupéreront d'anciennes communes de la Seine et quelques communes de l'ancienne Seine-et-Oise ; le Val-d'Oise, les Yvelines et l'Essonne, qui naîtront de l'éclatement de l'ancienne Seine-et-Oise. La Seine-et-Marne demeurera inchangée. L'ensemble de ces huit départements formera officiellement la région Île-de-France en 1972-1976, quand le dernier volet de la réforme des collectivités territoriales sera mis en œuvre. Tel est le cadre administratif toujours en place. Outre les signatures des députés de la Constituante, qui authentifient le document, les deux cartes témoignent de l'évolution des circonscriptions administratives. Datant de 1790, y sont mentionnés les districts, subdivisions qui disparaîtront en 1793 au profit des arrondissements. Ces cartes nous renseignent aussi sur certaines villes intermédiaires, les chefs-lieux d'arrondissement, ou justices de paix, qui renforcent des bassins de vie hérités de l'histoire.
