Gouvernement général de l'Île-de-France, Matthieu Mérian

1650

24 juillet 2019

Échelle : 1/777 000   Format : 31 x 41 cm

Gouvernement Général De L'Isle de France et Pais Circomvoisins.

Cette carte du Gouvernement général de l'Île-de-France est due au célèbre graveur sur cuivre et éditeur germano-suisse Matthieu Mérian, auteur d'un Theatrum Europaeum (1629-1650) qui illustre l'intérêt des géographes pour dessiner les contours d'une topographie européenne. Elle sera régulièrement rééditée dans des versions presque similaires, notamment en 1651, par Nicolas Sanson (dit Sanson d'Abbeville), géographe du roi. La carte est orientée nord-sud, à la différence de celle de Hondius, célèbre cartographe néerlandais ayant notamment publié une réédition de l'atlas de Mercator. En se positionnant différemment par rapport aux points cardinaux, les trois documents, espacés d'une trentaine d'années, témoignent d'une cartographie qui cherche encore ses méthodes. Par rapport au document de Templeux présenté plus haut, il faut noter que les limites du Gouvernement sont moins précises, marquant les hésitations sur le périmètre de cette circonscription, qui évoluera jusqu'à la fin du XVIIIe siècle. Bien que plus ancienne, la carte de Hondius donne des précisions topographiques plus détaillées que celle de Mérian, par exemple autour de Paris, où de nombreuses localités suburbaines (dont certaines deviendront des quartiers de la capitale) sont mentionnées. Selon un usage courant sur les anciennes cartes, les différences de typographie permettent de distinguer les paroisses et les hameaux des « pais », induisant une hiérarchie des territoires. Sur la carte de Hondius, la partie centrale, située entre Oise et Marne, est dénommée « France », un territoire similaire devenant « Isle de France » dans celle de Mérian. Cette partie du territoire entourant Paris, dont la spécificité est reconnue en ce début du XVIIe siècle, a du mal à être bien identifiée. La triangulation par rapport au méridien n'existant pas encore, les localités ne sont pas figurées avec précision, d'où, parfois, des erreurs notables. Ainsi, la ville de Meulan (actuellement dans les Yvelines), située sur la rive droite de la Seine, est placée sur la rive gauche chez Mérian, qui lui associe, sans doute pour marquer la traversée fluviale, une île disproportionnée. Hondius, jouant d'un trait dédoublé plus ou moins marqué, fait ressortir la hiérarchie des fleuves et des rivières, moins apparente chez Mérian. Pourtant celui-ci est plus précis lorsqu'il s'agit de figurer les villes de défense situées par la couleur rouge (chapelet de villes sur l'Oise, de Pontoise à Compiègne, sur la Marne, de Meaux à Dormans, répondant bien à la fonction défensive des Gouvernements). Malgré l'échelle, il est intéressant de noter que les ponts sont figurés sur la Seine et ses grands affluents. En revanche, les routes n'y figurent pas. En matière de bois et de forêts, la carte de Mérian est la mieux renseignée, certaines forêts étant déjà précisément identifiées (Compiègne, Rets, Cressy, Liveline). En revanche, les reliefs, à de très rares exceptions près (la butte Montmartre), ne sont pas mentionnés sur les cartes.