La banlieue de Paris, Nicolas de Fer

1717

19 juillet 2019

Échelle : 1/40 000   Format : 47 x 60,5 cm

L’expression « banlieue de Paris » a été évoquée pour la première fois dans la carte de Jean Boisseau en 1640. Les contours qu’il indique seront régulièrement repris, avec parfois d’infimes modifications au gré des usages qu’en font les autorités. La notion de banlieue est intéressante, et cette carte montre combien elle est différente de celle d’« environs de Paris ». La banlieue recouvre des localités dont l’osmose avec Paris est importante. En 1717, Nicolas de Fer en donne une version explicite où la banlieue apparaît comme une circonscription en elle-même, sans référence aux découpages antérieurs (prévôté, vicomté). La banlieue est clairement mentionnée au cœur du document, avec une axiométrie qui ne s’aligne pas sur le nord. Le périmètre épouse les contours de ce qui deviendra plus ou moins le département de la Seine en 1790, indiquant les paroisses, les lieux-dits ou les fermes (comme La Courneuve) qui deviendront les communes du territoire tel que nous le connaissons aujourd’hui. L’échelle permet d’en faire une lecture précise, en particulier pour ce que la carte nous montre des extensions parisiennes. Sur la rive droite, le faubourg Saint-Antoine est déjà mentionné, ainsi que Bercy, la Rapée, Picpus, Reuilly, la Roquette et la Folie Regnault. L’avenue de Vincennes est un vaste mail planté de quatre rangées d’arbres allant du Trône au château. Vincennes et Saint-Mandé semblent en voie d’être urbanisés sans discontinuité, alors que Vincennes est hors des limites de la banlieue. À noter également, rive droite, à l’ouest, l’étonnante précision de la composition urbaine portant sur le futur secteur allant de la Concorde à la porte Maillot, via les Champs-Élysées et l’Étoile. Cette densification ne se retrouve pas rive gauche, même si, sous l’effet du départ de l’autorité vers Versailles, la carte mentionne plusieurs grands axes rendus possibles par la création sous Louis XIV des Invalides, qui a donné lieu à un véritable projet urbain au sens moderne du terme, s’imposant à un vaste périmètre. Si la carte est topographique, elle est aussi remarquable par les précisions qu’elle donne des reliefs. Les coteaux et les buttes sont soulignés par des contours hachurés en brun qui rendent compte de certaines particularités, comme les escarpements entre Nogent et Le Perey (Le Perreux) ou le double rebord du plateau d’Orly à la hauteur d’Ivry-Vitry. Les zones humides (sud-est et nord de Saint-Denis) sont également bien figurées. Enfin, il faut souligner le rendu de certains détails, par exemple la conduite des eaux de Rungis à Arcueil et celle d’Arcueil à Paris, avec la notation des regards, et le figuré de très nombreuses croix, les moulins, les plâtrières, les grandes fermes et bien évidemment les bacs. Les cours d’eau, y compris ceux oubliés de nos jours, sont figurés mais pas toujours nommés, comme c’est le cas pour le ru de Vanves ou celui qui alimente l’étang de Vincennes.