Le paysage, du projet à la réalité

Les Cahiers n° 159

16 septembre 2011Contact

Comprendre

La compréhension du paysage en tant qu’objet a considérablement progressé depuis vingt à trente ans. Il ne s’agit donc pas ici de revenir sur cette connaissance, mais de dégager les nouvelles questions qu’elle pose et les enjeux qu’elle fait apparaître. Quels sont les nouveaux regards, les nouveaux paysages et les nouvelles actions menées ? Dans une société plurielle, comment faire cohabiter des regards parfois contradictoires tout en ayant chacun sa légitimité ? Quel paysage et quelle société voulons-nous ? Quelles relations entre les lieux, entre les gens, entre les lieux et les gens ? Le paysage est un fait de société ; en cela il participe d’un des trois piliers du développement durable : le social. Le paysage comme les autres faits de société (manières de vivre, enracinement, engagements, sexualité, famille, politique, religion…) relevant de plus en plus des choix, il importe que ceux-ci soient éclairés. L’objectif demeure la durabilité et la soutenabilité, car il ne s’agit pas de viser une société ni des paysages figés, mais bien de prendre en considération leur évolution.

Agir

Si l’on veut rendre les études de paysage plus efficaces par rapport à leurs objectifs, il est utile de connaître les conditions du « passage à l’acte » : comment les outils de connaissance sont-ils mobilisés ? Quel impact concret a eu chaque outil ? Comment passe-t-on de la réflexion à l’action, du dessin à la réalité ? Des projets font apparaître ce lien. De dimensions suffisamment vastes pour avoir un effet sur le paysage au-delà du lieu, ils peuvent être réalisés par un maître d’ouvrage unique, mais aussi être gérés par des acteurs multiples, qui doivent trouver les moyens d’une gestion commune. Ces projets doivent être considérés comme des lieux d’expérimentation, porteurs d’enseignement pour d’autres territoires, et non comme des lieux d’exception, même lorsqu’ils bénéficient d’une attention et de moyens particuliers (parcs naturels régionaux, sites stratégiques, ceinture verte, espaces de forte valeur patrimoniale comme la plaine de Versailles…). Comment dépasser le périmètre du projet ? Une des manières est de révéler les caractères singuliers qu’on regroupe sous le nom de génie du lieu, de prendre en compte le temps long et le caractère évolutif d’un territoire, de mener une démarche paysagère qui intègre et fédère des projets épars antérieurs ou postérieurs.

Anticiper

« Paysage » désigne une partie de territoire telle que perçue par les populations, précise la convention européenne du paysage, ajoutant que son caractère résulte de l’interaction entre facteurs naturels et humains. Le paysage n’est donc pas une simple image : il est un lieu de vie, et au-delà de la mise en exergue de bons exemples, il s’agit de se demander « un paysage, pour qui ? » ; il est façonné par des gens, et au-delà de ce qu’on en voit, il s’agit de se demander « un paysage, par qui ? ». Cette rubrique repère quelques exemples de nouvelles pratiques qui donnent des pistes d’action pour l’avenir, en répondant soit au « pour qui », avec l’attention aux habitants et usagers, soit au « par qui », avec les projets des acteurs de l’aménagement rural et urbain, et avec la sensibilisation et la formation des acteurs de demain. On ne peut préserver un paysage sans préserver les activités qui l’ont produit et les personnes qui les pratiquent. On ne peut faire évoluer un paysage de façon satisfaisante si ces activités sont en crise. Au-delà des professionnels et des décideurs, c’est donc toute la société qui est concernée.

Cette étude est reliée aux catégories suivantes :
Aménagement et territoires | Paysage

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