Les grands établissements industriels en île-de-France 1994-2000

Phase 1

03 juillet 2008ContactCarine Camors

Au cours des trente dernières années (1975-2005), l’Île-de-France a perdu la moitié de ses emplois industriels. Sur 1 200 000 emplois que comptait la région en 1975, 650 000 ont été détruits ou délocalisés, à raison de 20 à 25 000 emplois par an en moyenne.

Dans ce contexte, il a paru intéressant d’observer le comportement des grands établissements industriels et de suivre leurs mutations sur plusieurs années, avec un double objectif : mettre en évidence les transformations de l’industrie dans la région et ses conséquences sur l’emploi.

À partir des indicateurs de suivi économique de la base Insee bridge, un certain nombre de phénomènes pouvant affecter une grande unité au cours de sa vie ont pu être identifiés (créations, cessations d'activité, déménagements).

On observe qu'entre 1994 et 2000, l'Ile-de-France a perdu de grands établissements industriels, notamment au coeur de son agglomération. Paris perd ainsi - 9 000 emplois, et la petite couronne - 36 400 emplois dont - 25 500 pour les Hauts-de-Seine. Dans le même temps les emplois industriels se développent en grande couronne (+ 900 emplois) grâce au renforcement des pôles industriels en Yvelines (+ 8 500 emplois).

Dans tous les départements, les pertes d'emplois proviennent des fermetures d'établissements, des départs de grands établissements en dehors du territoire (déménagements), des réductions d’effectifs.

Les cessations d'établissements industriels ont été plus nombreuses que les créations (119 contre 62) générant la perte de – 7 300 salariés.

Cependant, les résultats obtenus sur cette période permettent de relativiser les craintes qu’inspire, jusqu’en 2000, la baisse des effectifs industriels en Île-de-France.

En effet, cette évolution qui n’est pas spécifique à la France, traduit plusieurs phénomènes :

  • l’intégration de process économes en main d’œuvre ;
  • l’externalisation de fonctions reprises en partie par les service (comptabilité, nettoyage, sécurité…) ;
  • l’internationalisation des entreprises françaises qui, à travers leurs filiales, ont créé près de 5 millions d’emplois hors de nos frontières et, par effet induit, de nombreux emplois en France ;
  • le recours, de plus en plus important, au cours des années 1990, à des emplois d’intérim non comptabilisés dans les effectifs industriels...

Par conséquent, le recul des effectifs industriels reflèterait des mutations de l'activité industrielle autant qu'une désindustrialisation. Entre 1994 et 2000, la France enregistre une progression de l'emploi industriel alors qu'il diminue de manière significative en Allemagne et au Royaume-Uni. En d'autres termes, la France dispose d'un potentiel suffisamment consistant pour que puisse être mise en place une politique de même nom de concertation avec les collectivités territoriales et l'Union européenne, et que soit combiné, mieux que par le passé, innovation et industrie.

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Économie | Industries et services

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