Que peut apporter le Visioning à la planification régionale ?

Une analyse des expériences de Southern California Compass et Cambridge Futures

01 janvier 2006ContactLaurent Perrin

Un nouvel outil de démocratie participative

Le terme “Visioning”, apparu aux USA et au Royaume-Uni est un dérivé du verbe "to envision” qui signifie envisager. Il se réfère à des démarches de prospective conçues pour imaginer l’avenir d’un quartier, d’une ville, voire d’une région tout entière.

La méthode est rigoureuse, guidée par les principes d’un développement durable. Elle est ouverte au pluralisme des opinions et favorise une élaboration participative de “scenarii d’urbanisme” (ou visions) qui font ensuite l’objet d’évaluations comparatives sur des critère "objectivables".

Ces visions servent essentiellement à “spatialiser” les préférences urbanistiques des groupes d’acteurs concernés, avec des cartes d’occupation des sols et de réseaux de transports. Une fois numérisées et intégrées dans un système d’information géographique (SIG), elles alimentent des modèles de simulation de trafic et d’indicateurs socio-économiques, qui permettent de jauger leurs “performances” environnementales, sociales et/ou économiques.

Le visioning repose sur cinq axiomes, aussi complémentaires qu’indissociables : sensibilisation, participation, scénarisation, modélisation, évaluation.

Ce rapport analyse et tire les enseignements de deux démarches de visioning : l'une, Southern California Compass, destinée à imaginer une vision urbaine de la Californie du sud en 2003, est américaine et l’autre, Cambridge Futures, anglaise.

La première, menée en 2003-2004, à l’échelle de l’aire métropolitaine de Los Angeles par l’autorité publique en charge de la planification des transports, la Southern California Association of Government (SCAG), a alimenté le scénario de développement urbain sur lequel est fondé le plan de transport régional.  

Mille trois cents participants ont confronté leurs propositions. Trois scenarii ont pu être élaborés. Leur diffusion a été assurée sur Internet et par le biais de forums. Le succès de Compass tient au fait que les idées proviennent de la société civile mais cette approche ludique de la planification a tendance à renforcer le NIMBYisme et le conformisme.

La deuxième expérience a été menée en 1997-1999, puis en 2001-04, dans la perspective de la révision du schéma directeur des Comtés de Cambridgeshire et Peterborough, par un consortium “public-privéassociant acteurs économiques et politiques, universitaires, fonctionnaires et  professionnels de la planification.

Ce visioning a dégagé sept scenarii possibles : croissance minimum, densification, urbanisation périphérique, échange d'espaces verts, liaison par transport en commun, développement d'un réseau haut-débit, implantation d'une ville nouvelle. Pour faciliter l'évaluation, deux modèles de simulation ont été étroitement interfacés : MENTOR, axé sur l'équilibre entre offre de logements et de ocaux d'activité, et demande des ménages et des entreprises et SATURN, orienté sur la prévision de trafic routier.

Ce projet a comme vertus d'avoir permis aux partenaires de construire ensemble une prospective exploratoire, spatialisée et systémique, d'avoir fait participer les citoyens, et donné l'occasion aux élus de limiter les risques politiques en préparant l'avenir d'un territoire qui corresponde aux attentes des habitants. La seule critique possible repose sur le fait qu'une seule hypothèse de base était proposée, ce qui ne correspond pas à la philosophie prospectiviste.

Cette étude est reliée aux catégories suivantes :
Aménagement et territoires | International | Île-de-France 2030