Touring Club de France, cartes vélocipédiques et cartes des environs de Paris

1904-1938

29 juin 2019

Échelle : 1/50 000   Format : 40 x 53 cm

Depuis Jean Lattré et son guide de poche des environs de Paris (1762), la découverte touristique est un enjeu de la cartographie. Dans la seconde partie du XIXe siècle, la révélation de la nature et la découverte de lieux intéressants pour leur valeur culturelle ou artistique se développe. Les cartes doivent aussi s'adapter au nouveau mode de déplacement qu'est la bicyclette. Elles sont d'abord le fait d'initiatives privées, comme en témoigne la carte dressée par le Touring Club de France, première association touristique à être créée en France, en 1890. Les quatre feuilles présentées ici proviennent d'éditions différentes et forment un ensemble s'étendant de 1904 à 1907, ce qui explique sans doute l'hésitation sur les titres et sur l'éditeur, deux étant nommées Carte vélocipédique des environs de Paris dressée par le Touring  Club de France et deux autres Carte des environs de Paris dressée avec le concours du Touring Club de France, alors que les postes de légendes sont identiques. Les cartes sont au 1/50 000 et couvrent environ un tiers de l'Île-de-France, distance qu'un Parisien peut atteindre à bicyclette en une journée ! Il s'agit non pas de figurer des pistes cyclables comme on peut les entendre de nos jours comme des équipements spécifiques, mais de classifier les voies existantes (routes nationales et routes secondaires) selon la praticabilité qu'elles offrents aux usagers de la bicyclette. Si ces voies cyclables devraient servir à un public cherchant à s'aérer, il ne faut pas oublier qu'elles étaient aussi très utiles à une nombreuse population ouvrière qui n'avait que ce mode de transport à sa disposition, en plus des transports collectifs (chemin de fer), dont la carte rend compte également.

Dans l'édition de la fin des années 1930, l'aspect tourisme sera accentué avec la mention des terrains de camping. Avec le recul du temps, cette série de cartes donne aussi de précieux renseignements sur l'équipement routier de l'Île-de-France au début du XXe siècle ; celui-ci est non seulement décrit, comme habituellement sur les cartes, selon la nature des tracés (des grands axes majeurs aux chemins vicinaux) mais il donne aussi une idée de l'état de l'infrastructure (pavé, macadamisé, passages à pic, etc.). De tels renseignements concernant l'état du réseau n'étaient plus cartographiés depuis l'atlas de Trudaine. Mises en perspective avec la série de planches toujours au 1/50 000, dont l'édition s'échelonne de 1969 à 1941, les cartes montrent la forte évolution des environs de Paris (avec la présence de nombreux équipements nouveaux, gares de triage, aéroports, usines à eau et à gaz, hospices, etc.) sur une trentaine d'années. Mais c'est aussi sur la nature des réseaux que cette seconde série de cartes nous renseigne. La distinction ne se fait plus entre routes plus ou moins praticables aux cyclistes (notamment selon le temps), mais entre « routes modernes, pavages ordinaires » et « revêtements modernes », c'est-à-dire, précise la légende, entre « hydrocarbure (sic), béton » ou « goudron ». Tous ces détails font de ces cartes de vrais témoins de la vie quotidienne et de la nature des équipements routiers.