La poursuite d'études supérieures

Une demande sociale très forte en Île-de-France

30 mars 2023ContactCorinne de Berny Riche

Si l’accès au baccalauréat et la poursuite d’études supérieures se sont beaucoup développés en Île-de-France au cours des dernières années, les chances de trouver sa place et d’y réussir son parcours demeurent inégales, principalement en raison des performances scolaires passées des candidats et de leurs choix d’orientation dans l’enseignement secondaire. Le portail d’affectation dans l’enseignement supérieur Parcoursup contribue à réguler les flux au moyen de quotas qui facilitent la poursuite d’études des bacheliers technologiques et professionnels dans les formations courtes professionnalisantes, et donnent, en principe, un avantage aux bacheliers boursiers. Cependant, la capacité d’accueil d’une partie des formations est insuffisante pour répondre à une demande sociale en forte croissance. De nombreux bacheliers se retrouvent à l’issue de la procédure sans proposition d’affectation, ou inscrits dans des formations universitaires non sélectives choisies par défaut. L’essor des reprises d’études et des réorientations témoigne de ces tensions à l’entrée dans l’enseignement supérieur.

Les universités sont les premiers établissements confrontés à ces difficultés, notamment dans les formations non sélectives et peu attractives. Elles se sont progressivement adaptées en mettant en place des soutiens aux étudiants manquant de pré-requis, des formations à l’orientation ou la réorientation, puis, sous l’impulsion de la loi relative à l’orientation et à la réussite des étudiants (loi ORE), des parcours aménagés en première année de licence. Ces parcours aménagés visent une remise à niveau des étudiants les plus fragiles, parfois au moyen d’un allongement sur deux ans de la première année de licence. Une partie des universités sont aussi engagées dans une transformation plus systématique de leur offre de formation de licence avec le soutien financier du Programme d’Investissements d’Avenir. Le principal point fort de ces dispositifs réside dans l’accompagnement personnalisé des étudiants répartis dans des groupes de petite taille. Le renforcement souvent recherché des compétences transversales, correspond aussi à une forte attente des jeunes. Les jeunes entrant à l’université prennent, grâce à ces dispositifs, le temps de mûrir leurs aspirations et se préparer à les réaliser. Ils sont aussi mieux intégrés à l’université.

Cependant, une partie de la communauté universitaire demeure réservée vis-à-vis de ces évolutions. Le coût élevé de cet accompagnement limite le nombre de places proposées. Les dispositifs manquent parfois d’attractivité auprès des familles, réticentes à l’idée de déroger à la voie normale, voire parfois d’allonger la durée des études de façon prévisible. Ils demeurent mal connus des enseignants de l’enseignement secondaire et des lycéens. Faute d’être suffisamment connus et reconnus au sein même de la communauté universitaire, ces parcours sont encore difficiles à valoriser pour les étudiants, d’autant plus que le nombre de places manque dans bon nombre de formations au regard de la demande exprimée. Enfin, évaluer les effets des dispositifs sur la réussite des étudiants nécessite de s’accorder sur ce que recouvre cette notion : réussite dans la formation où est inscrit l’étudiant, éventuellement en prenant plus de temps que prévu en raison de contraintes personnelles, ou dans une autre formation supérieure plus compatible avec ses aspirations et ressources, dans la préparation d’une certification professionnelle ou d’un concours, l’expérimentation d’un métier à travers un stage, un service civique, un emploi… toutes formes d’engagement dans lesquelles l’étudiant reste actif et inséré socialement. Les données statistiques manquent pour suivre les parcours, qui continuent majoritairement en dehors de l’université d’accueil.

Plusieurs pistes se dégagent pour améliorer la notoriété de l’accompagnement proposé par les universités, et soutenir la réussite dans l’enseignement supérieur. Une valorisation des dispositifs existants pourrait contribuer à ouvrir de nouvelles perspectives aux familles et dédramatiser le processus d’orientation, à travers l’intégration de ressources au sein de l’espace numérique de travail en lycée, le recueil et la diffusion de témoignages d’anciens étudiants confrontés à des difficultés d’orientation. La réussite requiert également des conditions de vie et d’études favorables, en particulier pour les étudiants d’origine sociale modeste ou connaissant des difficultés personnelles. La récente crise sanitaire a eu des conséquences très importantes sur la socialisation des étudiants et mis en évidence la dégradation des conditions de vie d’une partie d’entre eux. Sur ce point, la Région est très attendue par les acteurs de l’enseignement supérieur. Elle en a fait le premier axe de sa nouvelle stratégie inscrite dans le schéma régional de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation 2023-2028.■

 

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Société et habitat | Éducation et formation

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