Les Cassini, cartes géométriques de la France

1746-1791

14 juillet 2019

Échelle : 1/86 400   Format : 90 x 56 cm

En 1746, César Cassini de Thury, petit-fils de Jean-Dominique, membre à part entière de l'Académie des sciences depuis 1745 (il a complété les travaux de triangulation de la France), est en Flandre pendant la guerre de succession d'Autriche, où il collabore au levé de la région. Il rencontre Louis XV à Raucoux et lui montre une carte des lieux où le roi avait remporté la victoire. Émerveillé par les détails qu'il y trouve, Louis XV déclare « Je veux que la carte de mon royaume soit levée de même, je vous en charge. » Les premières feuilles produites, celles de la région parisienne, devaient être particulièrement soignées. En 1746, les feuilles Paris et Beauvais sont présentées au roi, qui se montre étonné par la précision du détail des forêts, dont toutes les routes étaient marquées. Malgré la reprise de la guerre en 1757, qui ne permet pas au roi de poursuivre le financement de la carte, les huit autres feuilles couvrant l'actuelle région d'Île-de-France sont publiées en 1757 grâce à la vente de la carte et aux aides des provinces qu'il obtient en créant la Société de la carte de France. Les levés seront achevés en 1789, date à laquelle il ne restait plus qu'à graver les feuilles de Bretagne. Quatre génération de Cassini s'étaient succédé pour participer à ces travaux. Chaque feuille est gravée au 1/86 400 et couvre une superficie d'environ 80 x 50 km. Les triangulations de détail étaient effectuées à partir de points élevés du paysage (clochers, tours, collines, etc.). Elles s'appuyaient sur 300 points par feuille, dont les coordonnées étaient calculées avec précision. Les feuilles ne comportent ni titre, ni légende, ni auteur ou date de publication. En dehors du cadre de la feuille n'apparaissent aux angles qu'une double numérotation, les distances à la méridienne et à sa perpendiculaire ansi que l'échelle graphique en lieues puis en mètres (ajoutée après 1789). Le relief est figuré par des hachures approximatives. Le réseau routier de la feuille Paris est convenable et comporte des chemins secondaires. Les allées des forêts et des parcs sont très bien traitées. Hormis les villes principales, la carte ne représente les lieux habités que par des signes conventionnels en élévation. Cassini s'en est justifié par l'échelle trop petite et en se défendant d'avoir voulu dresser une carte topographique. Son but était d'abord d'établir une carte géométrique et de mettre en place avec exactitude uniquement les objets essentiels du territoire. Malgré ses faiblesses, la carte dite de Cassini reste un document majeur dans l'évolution de la représentation de la France. Ses renseignements toponymiques et ceux des paroisses sont d'une grande richesse et encore utilisés de nos jours.