L’habitat inclusif en Essonne

30 avril 2021ContactLucile Mettetal, Sarah Leguay

En France comme ailleurs en Europe, le mouvement de désinstitutionnalisation de la prise en charge de la dépendance s’amplifie, diversement soutenu par les pouvoirs publics et les réglementations nationales. Il se traduit par le développement d’une offre d’habitat alternative, entre le domicile strictement privatif ou historique et l’établissement médico-social. Il répond au libre choix de son mode et de son lieu de vie, là où l’hébergement institutionnel est plus ou moins associé à la confiscation de son autonomie et des décisions de la vie quotidienne, faisant effet de repoussoir.
Si les collectivités locales et les acteurs de l’habitat, en particulier les bailleurs sociaux, ont déjà entamé un tournant en faveur de l’inclusion des personnes âgées, par le développement de l’habitat intermédiaire (intergénérationnel, groupé, partagé), le défi est beaucoup plus récent pour les personnes en situation de handicap. L’hétérogénéité de la population est certainement l’une des raisons pour lesquelles le développement d’une offre d’habitat alternative pour les personnes handicapées est encore embryonnaire. Si la loi de 2005 a défini le handicap à travers sa réalité, à savoir « une limitation d’activité ou restriction de participation à la vie en société », il n’en reste pas moins que le public concerné est de tous les âges, et que les altérations, aux degrés de sévérité variés, peuvent être physiques, mentales, sensorielles, psychiques ou encore cognitives. Bien sûr, l’acceptation sociale d’un projet d’habitat pour personnes handicapées peut constituer un frein au portage politique des élus locaux. Enfin, la prise en charge institutionnelle du handicap par le secteur médico-social est très ancrée dans la culture française, d’autant plus que les lois de 1975, qui ont acté cette prise en charge, ont représenté une grande avancée législative. Si l’institution peut nuire à l’autonomie individuelle, elle assure aussi la protection et la sécurité des personnes accueillies. Ainsi, les personnes rencontrées au cours d’une recherche de l’Association des paralysés de France (APF) témoignent de la profonde ambivalence de leur discours, « entre une aspiration à sortir de l’institution pour bénéficier d’une plus grande liberté et une appréhension à faire face aux imprévus de la vie ordinaire hors d’un cadre structurant ».
L’habitat inclusif est une offre alternative au logement autonome et à l’accueil en établissement. Il permet aux personnes âgées et aux personnes handicapées de choisir leur lieu de vie et avec qui le partager, tout en bénéficiant de services et d’une sécurité liée à un accompagnement quotidien.
Aujourd’hui, cette offre tend à s’étendre en Essonne, mais certaines questions juridiques et financières freinent son développement. Dès lors, le Département souhaite connaître d’une part, l’état de l’offre et des projets sur son territoire, d’autre part les freins et leviers éventuels, afin d’en favoriser le déploiement. Pour mieux cerner les besoins et définir un programme coordonné de financement, les acteurs de terrain ont été largement associés à ce diagnostic quantitatif et qualitatif.

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Démographie | Habitat et logement