« Le sport se transporte en milieu rural »

Interview de Philippe Del'homme, directeur de la Fédération nationale du sport en milieu rural (FNSMR)

11 août 2020

Quelles sont les missions de la FNSMR ?
Philippe Del’homme :
La principale mission de la FNSMR est orientée vers l’animation et le développement des territoires ruraux par le sport. Les activités physiques et sportives constituent des supports intéressants pour développer les échanges et la convivialité. Que ce soit à travers les « compétitions loisirs » ou le « sport-santé », le bien-être et le plaisir de la rencontre sont au cœur de nos activités : c’est ce qui permet le développement de notre réseau et la fidélisation des publics. Bien que la région francilienne ne soit pas la plus rurale de France, elle dispose cependant d’un important potentiel de développement au regard du nombre d’habitants concernés (estimé de 600 000 à 2 millions selon les définitions de la « ruralité » que l’on adopte). La spécificité de la population rurale francilienne est qu’elle reste très liée à la partie urbaine du territoire : elle y travaille, y étudie ou y vivait avant, ce qui engendre des attentes et des comportements particuliers. L’autre singularité du rural est que l’offre sportive doit s’adapter à ce qui existe sur le territoire, souvent avec peu ou pas d’équipements sportifs. La salle des fêtes et les espaces extérieurs sont les premiers espaces sportifs des communes rurales.

Qu’est-ce qu’un dispositif Mobil’Sport ?
Ph. D.
Ce dispositif, né dans le département de la Drôme, propose des activités sportives dans les territoires ruraux carencés, là où il n’y a pas d’association sportive ou d’équipement, avec une offre qui s’adresse à tous selon les besoins. Mobil’Sport fonctionne avec un camion, du matériel sportif et un éducateur sportif. Cette structure mobile peut s’installer sur n’importe quel espace. Elle va au plus près des habitants, que ce soit pour proposer une séance de découverte d’un sport ou plusieurs séances sur un temps long. Les communes adressent aux Comités Départementaux du Sport en Milieu Rural une demande pour les services du Mobil’Sport et les financent. Ainsi, la multiplication des lieux d’intervention leur permet d’embaucher des éducateurs sportifs à temps plein, en CDI, et de ne pas rajouter de la précarité en milieu rural. Il y a, selon les cas, une participation des pratiquants. Le soutien financier du Conseil départemental est également indispensable pour monter le dispositif. Il existe également une aide de l’État, que ce soit pour l’achat de matériel ou le financement de l’emploi. Aujourd’hui, six départements développent le dispositif Mobil’Sport, trois de plus étaient en projet pour 2019 et quatre autres se sont montrés intéressés. Selon les territoires, les partenaires soutenant le dispositif varient (MSA, mutuelles, équipementiers…), et le dispositif s’adapte aux besoins. Par exemple, en PACA, il est soutenu par les acteurs de la santé et s’est décliné en Mobil’Forme : en plus de proposer des activités sportives, le dispositif inclut un diagnostic de la forme du pratiquant et pourrait s’inscrire à terme dans le cadre du sport sur ordonnance.

Est-ce que Mobil’Sport, ou un dispositif semblable, existe en Île-de-France ?
Ph. D.
En Île-de-France, une offre itinérante existe sous une autre forme. Le Comité départemental de la Seine-et-Marne emploie trois éducateurs sportifs, qui interviennent dans différents territoires, en direction de différents publics : écoles, associations, intercommunalités, structures médicalisées… Ce système existe depuis une dizaine d’années et fonctionne avec les mêmes ingrédients que Mobil’Sport : l’itinérance, une offre multisport pour toucher le plus large public, et l’adaptation aux territoires et à la demande locale, indispensable quand on souhaite apporter des solutions aux besoins spécifiques du milieu rural. Ces dispositifs itinérants apportent une offre durable, là où sans eux une pratique sportive encadrée n’existerait pas. 

Propos recueillis par Claire Peuvergne, géographe, directrice de l’IRDS, et Laure Thévenot, socio-économiste, IRDS, L'Institut Paris Region