H. D. : Réfléchir aux ZAE de demain, c’est s’interroger sur les projets à venir, comme nous venons de le faire, mais aussi anticiper le devenir du parc existant. Cette problématique est cruciale dans un contexte de transition écologique et de compétition internationale. Avec la rareté foncière que nous avons évoquée, le recyclage du foncier économique est un moyen non négligeable pour que l’Île-de-France conserve son attractivité. Les zones d’activités vieillissantes, donc potentiellement mutables, se situent dans la zone agglomérée, principalement en petite couronne. On en dénombre 140 qui datent d’avant les années 1970, pour une surface totale de 5 000 ha. On peut aussi ajouter certaines zones d’activités plus récentes, datant des années 1980 et 1990. La question de l’obsolescence de ces lieux est primordiale. Ces ZAE peuvent être sujettes à la dégradation de leur immobilier, à des problèmes d’accessibilité, à la dégradation des espaces publics, ou à une inadéquation avec le marché immobilier. La situation dégradée de certaines zones est accentuée par l’absence de gestionnaire ou un manque chronique d’investissement des propriétaires et pouvoirs publics. La requalification de ces espaces permettrait de maintenir la présence de sites stratégiques, d’ancrer des entreprises, y compris celles de services urbains clés, et de limiter la création de projets en extension.
Malgré les avantages qu’elle procure, la restructuration de certaines ZAE est cependant un processus complexe. Tout d’abord, la multitude de propriétaires sur un même site d’activités peut compliquer le renouvellement. Si certains locaux sont vacants, voire en friche, il peut s’avérer difficile de contacter l’occupant et/ou le propriétaire afin de faire muter le site. Par ailleurs, la présence de pollution impose des coûts de remise en état parfois trop importants pour inciter au renouvellement de la zone. Enfin, la pression foncière en zone dense peut conduire à transformer certaines ZAE en quartiers mixtes. Ces projets traduisent alors une volonté politique locale de répondre à la crise de logements et d’améliorer la qualité de vie de leur territoire. Cela contribue à chasser les entreprises « nuisantes » pour les habitants, en matière de bruit ou de circulation par exemple. La disparition de ce foncier économique en zone dense aboutit, dans la grande majorité des cas, à éloigner les zones d’activités, principalement industrielles et logistiques. Ce qui a pour conséquence d’allonger les distances parcourues par les camions et les voitures des salariés et d’augmenter les émissions de gaz à effet de serre. Le maintien et le renouvellement des ZAE existantes est donc un enjeu majeur en matière de transition écologique.