Nourrir l’Île-de-France, un défi quotidien
Mais pour nourrir les 12 millions de Franciliens, les besoins sont énormes : 9 millions de tonnes d’aliments sont nécessaires chaque année ! Si la région a préservé un hinterland nourricier bien supérieur à celui d’autres métropoles mondiales, la seule agriculture francilienne ne suffit pas, ni en quantité, ni en diversité. Les produits viennent donc d’autres régions de France et du monde. Les rouages du système alimentaire francilien sont complexes. La région compte ainsi plus de 660 sites de transformation, 550 marchés, 26 000 commerces alimentaires, 28 000 restaurants, sans oublier le marché d’intérêt national de Rungis, premier marché de gros de produits frais au monde.
Des productions locales et de qualité plébiscitées
Les productions locales ne répondent qu’à une petite partie des besoins mais contribuent à l’économie et à l’attractivité de la région. Elles mettent en avant qualité et proximité. Ainsi 22 % des exploitations pratiquent des circuits courts et 15 % cultivent en bio près de 7 % des surfaces agricoles. L’Île-de-France compte aussi plusieurs signes officiels de qualité pour des fromages, du porc, des volailles, des alcools : AOP pour les bries de Meaux, de Melun et pour le champagne de Seine-et-Marne, IGP pour les volailles de Houdan et du Gâtinais… Enfin, les saveurs franciliennes se déclinent à travers de nombreux produits et des recettes iconiques au rang desquels l’asperge d’Argenteuil, le cresson de fontaine, la rose de Provins, la menthe poivrée de Milly-la-Forêt ou encore la moutarde de Meaux, la baguette, les chouquettes, le paris-brest, la bière du Gâtinais, le Grand Marnier…
Les territoires s’organisent pour préserver l‘agriculture, développer et valoriser les productions locales. Le nouveau schéma directeur régional (SDRIF-E) prévoit la sanctuarisation de 38 000 hectares d’espaces agricoles d’ici à 2040. Douze projets alimentaires territoriaux et différentes stratégies à l’échelle de la Métropole du Grand Paris ou de la Région soutiennent et accompagnent les filières de proximité. Différentes marques mettent aussi en valeur les produits : la marque régionale « Produit en Île-de-France », les marques de parcs naturels régionaux et différentes marques locales.
En somme, l’Île-de-France agricole et alimentaire est un territoire en constante évolution, ancré dans un passé prestigieux pour construire un avenir durable et résilient. La richesse de ses terroirs et de sa gastronomie continue de faire la fierté de la région, tout en s’adaptant aux enjeux contemporains, chahutés par les crises sanitaires, économiques, environnementales, géopolitiques… mais essayant de répondre au mieux aux besoins et aux attentes de ses habitants2. ■
Laure de Biasi, ingénieur en agronomie, cheffe de projet agriculture, agriculture urbaine et alimentation durable à L’Institut Paris Region