Pourquoi avoir développé Chronofresh ?
C. D. Les leviers de développement de l’activité express sont multiples. Tout d’abord, de nombreux acteurs cherchent à déléguer le transport. C’est le cas des petits producteurs qui livrent eux-mêmes et des commerçants qui s’approvisionnent à Rungis. Par ailleurs, l’évolution des usages et des contraintes poussera cette filière à utiliser les solutions développées par les expressistes. Un autre changement viendra des règles environnementales de circulation en ville. De très petites entreprises (TPE) et petites et moyennes entreprises (PME) dont les véhicules ne seront plus conformes se tourneront vers les transporteurs. Enfin, l’évolution du e-commerce et la multiplication des petites surfaces de vente de la grande distribution vont nécessiter de livrer par petites quantités et plus souvent.
Qui sont vos clients ?
C. D. Nos clients sont des producteurs qui vendent sur internet, des grossistes... Le concept de « box diététique » ou de « panier de la semaine » se développe. Le créneau de la viande en direct du producteur fonctionne très bien. Celui du poisson débute. L’industrie agroalimentaire et la grande distribution s’intéressent à notre offre.
Comment avez-vous construit l’offre Chronofresh ?
C. D. Notre projet a débuté en juin 2014, le premier colis a été livré en mai 2015. Nous nous sommes inspirés du Japon, seul pays dont le marché du mono-colis express alimentaire sous température dirigée est mature. Aussi, l’usage est proche de ce que recherche le consommateur en France, à savoir des produits de qualité et des spécialités régionales, pour une population vieillissante et à la recherche de services. Pour construire cette offre, nous nous sommes appuyés sur notre réseau de plateformes existant, que nous équipons d’infrastructures dédiées aux produits frais, et nos agents, qui sont formés aux règles d’hygiène et aux nouveaux process et outils. Le transport est assuré à l’aide de caisses isothermes et de plaques eutectiques. Des puces RFID permettent de suivre le colis et de mesurer la température en continu.
Après un an d’existence, quel bilan tirez-vous ?
C. D. Aujourd’hui, nous traitons 10 000 colis par mois, l’objectif est de 30 000 colis par jour en 2020. Le marché du B2C se met très vite en place. Pour le B2B, la dimension des process est toute autre, la mise en œuvre se fait aussi, mais moins rapidement. Aussi, nous ajustons notre organisation. En un an, nous avons gagné 30 % de productivité sur certaines phases du process.
Quels sont vos projets ?
C. D. Nous réfléchissons à la constitution d’un réseau de points relais « frais ». Nos projets d’espaces logistiques urbains (ELU) intègrent naturellement la dimension du colis express frais… L’objectif est de lancer l’offre en France puis de la déployer en Europe, en commençant par l’Espagne. À l’échelle mondiale, nous menons des réflexions pour développer notre marché au Japon.
Propos recueillis par Laure de Biasi et Corinne Ropital