Carte des chasses du roi

1764-1807

13 juillet 2019

Échelle : 1/28 800   Format : 77 x 45 cm

La Carte des chasses du roi, qui décrit avec précision le relief, l'orographie et la nature des paysages, exprime les progrès de la cartographie au XVIIIe siècle. La durée de sa réalisation (quarante-quatre ans) résume son histoire compliquée. Elle est commandée par Louis XV, grand amateur de chasse, sur le modèle d'une ancienne carte du duché de Rambouillet. Elle est  levée de 1764 à 1774 à partir de dessins minutes colorés au 1/14 400 par des ingénieurs géographes du Dépôt de la guerre, sous la direction  de Jean-Baptiste Berthier. La partie de la forêt de Rambouillet, jusqu'au méridien de l'Observatoire et à sa perpendiculaire, a été levée de 1767 à 1768. Elle fut étendue de 1769 à 1773 à la demande du roi vers la forêt de Saint-Germain et celle de Sénart en couvrant Paris et Vincennes. La carte gravée au 1/28 800 comportait cinq feuilles en 1769. Dès son avènement, Louis XVI ordonne la gravure des sept feuilles complémentaires mais les travaux sont arrêtés par la Convention en 1792. Ils seront repris sur l'ordre de Bonaparte en 1801 et achevés en 1807. Les feuilles gravées après 1800 ont été profondément modifiées (Paris avec l'enceinte des Fermiers généraux, le tracé des canaux de l'Ourcq, de Saint-Denis et de Saint Martin, de même que les faubourgs de Belleville, Montmartre et Montparnasse en 1802) et les extensions urbaines ajoutées en 1803. La réalisation de la feuille Pontoise conservée à la Bibliothèque nationale de France, reste incomplète. La carte couvre 1/5 de l'Île-de-France actuelle, dont une très grande partie du département des Yvelines et le nord de l'Essonne. C'est un chef-d'œuvre par la finesse de sa gravure, la précision et la multitude de ses informations. Le relief est très bien représenté, les cours d'eau sont finement dessinés (de la Seine jusqu'aux ruisseaux) ainsi que les étangs et les mares. Les indications directement liées à la chasse sont indiquées, comme les multiples remises de chasse implantées dans la campagne pour préserver les gibiers, mais aussi les murs entourant les forêts, les clos d'élevage des cerfs, les faisanderies, les canardières et les abreuvoirs. Chaque route, chaque carrefour est nommé, ainsi que la nature des boisements (futaies, taillis, etc.). La campagne représente les vignes, les plantations d'arbres fruitiers, les prairies naturelles, les bruyères sèches ou les marais, les fermes dans leurs parcelles closes de murs ou de haies. Les bâtiments d'activité sont indiqués (verrerie, massicoterie, etc.). Les bourgs et les villages sont figurés par leurs rues et leurs principaux bâtiments, les châteaux et leurs parcs sont représentés avec minutie. Des allées ouvrent de longues perspectives tendues vers l'horizon, souvent indépendantes des voies de déplacement. Les routes sont, semble-t-il, dessinées selon une hiérarchie fondée sur la largeur des chaussées, les plantations d'alignement, la pavage. Le nom de leur destination principale est indiqué. La carte est avant tout une source d'informations sur l'occupation du sol au cours de la seconde moitié du XVIIIe siècle.