EcoPass : le péage urbain écologique de Milan

31 octobre 2009ContactCaroline Lemoine

Depuis le 2 janvier 2008, un péage écologique permet de limiter l’accès des véhicules les plus polluants au cœur historique de la ville de Milan.

La zone s’étend sur l’équivalent des cinq premiers arrondissements de Paris

Sous le nom d’Ecopass et avec le slogan « moins de trafic et plus d’air pur », il sera testé pendant 2 ans. Le système de tarification est basé sur le principe « pollueur-payeur » et il impose des tarifs journaliers allant de 2 à 10 euros selon le niveau de pollution du véhicule indiqué par sa norme Euro. Les véhicules à faible émission de polluants y accèdent gratuitement.

La réduction des poussières fines a atteint 19 % dans la zone

Le premier objectif était de rendre l’air plus propre en réduisant de 30 % la concentration des poussières fines (PM102) au sein de la zone. Cet objectif a été ambitieux puisque la réduction constatée dans la zone n’a été que de 19 % par rapport à la moyenne sur la période 2002-2007. Le bilan réalisé par l’Agenzia Milanese Mobilità Ambiente (AMA) montre aussi des améliorations de la qualité de l’air sur l’ensemble de la ville.

Augmentation continue de véhicule entrants moins polluants

Le deuxième objectif était de fluidifier la circulation en réduisant de 10 % les voitures entrant dans la zone. Cet objectif a été dépassé. Le bilan réalisé par l’AMA sur les 12 premiers mois conclut à une baisse moyenne du nombre de véhicules de 14 %, soit 22 000 véhicules en moins dans la zone à péage. Une des conséquences les plus remarquables a été la baisse des véhicules les plus polluants dans la zone. Lorsque l’on rapproche les chiffres 2008 de baisse du nombre de véhicules entrant tous types confondus avec celle des véhicules soumis au péage, on constate un surplus de véhicules entrants (+ 3 000) correspondant à des véhicules moins polluants.

Des recettes faibles et en baisse

Le troisième objectif était de pouvoir réinvestir les bénéfices dans le cadre du programme cofinancé par le gouvernement, la région lombarde et la province en faveur de la mobilité durable. Cependant, le total des recettes brutes pour 2008 ne s’élève qu’à 12 millions d’euros, soit la moitié des estimations initiales (24 millions d’euros par an). Du fait des coûts de fonctionnement, le produit net du péage est faible. Par ailleurs, les recettes sont vouées à diminuer en raison des changements de comportements des utilisateurs. Cet effet se fait d’ores et déjà sentir sur les recettes du premier semestre 2009 qui sont en baisse de 20 % par rapport à celles du premier semestre 2008. Ce constat est à rapprocher du cas encore plus marqué de la zone à faible émission de polluants de Londres (Low Emission Zone LEZ) où, malgré une redevance journalière élevée (200 £ soit 250 euros), le système est déficitaire hors amortissements des coûts d’implantation.

Malgré la faible étendue de la zone « Ecopass », le bilan présenté montre un effet particulièrement important sur la qualité de l’air

En fait, les péages écologiques répondent bien à leur objectif principal en réduisant les émissions de polluants. Malgré la faible étendue de la zone « Ecopass », le bilan présenté montre un effet particulièrement important sur la qualité de l’air, sur la circulation automobile et sur la fréquentation des transports en commun. La réduction du nombre de véhicules entrant dans la zone a permis en plus d’améliorer la sécurité routière et la vitesse commerciale des bus. D’autre part, Ecopass n’est qu’un des outils de la politique globale des déplacements à Milan. D’autres mesures sont en cours comme la réglementation du stationnement, l’automatisation des feux rouges, l’extension du réseau de métro... entre autres, qui jouent aussi en faveur d’une optimisation de l’usage des infrastructures et d’une mobilité plus durable.

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