La voiture à Londres

Coûts, contraintes et politique de stationnement

04 octobre 2016ContactFrédérique Prédali

Des déplacements motorisés plus coûteux à Londres

Le coût des déplacements motorisés en voiture aussi bien qu’en transport public  est globalement plus élevé pour l’usager à Londres qu’à Paris. En effet, globalement, le coût et les contraintes de possession et d’usage de la voiture sont plus forts dans la capitale londonienne, dotée d’une Low Emission Zone, d’un péage urbain dans son hypercentre et d’un contrôle rigoureux du stationnement. Ces contraintes sur l’usage favorisent davantage l’usage des transports publics, ou encore l’intérêt et le recours au vélo et aux services d’autopartage, de covoiturage et de véhicules avec chauffeur.

La régulation de la circulation par le stationnement et le péage urbain

À Londres, la régulation de la circulation passe aussi par le péage urbain mis en place en 2003 dans l’hypercentre. Ce périmètre va être bientôt concerné par l’instauration d’une Ultra-Low Emission Zone : dès 2020, seuls les véhicules n’émettant aucun rejet à l’échappement pourront y entrer sans devoir s’acquitter d’un supplément au tarif du péage. À Paris intramuros, l’offre de stationnement globale continue d’augmenter (770 000 places en 2005, 818 000 en 2014 ), alors que Londres met en place des mesures contraignant la voiture en son centre depuis les années 2000 avec peu de développement des capacités de stationnement, une réduction de l’offre dans l’hypercentre et le péage. Paris a développé une offre publique de stationnement souterrain que Londres n’a que très peu, seuls quelques parkings en étage sont disséminés sur le territoire du Grand Londres.

Les principaux axes routiers dégagés du stationnement

Londres se caractérise par un réseau routier hiérarchisé où le stationnement est interdit en journée sur les principaux axes, ainsi dédiés uniquement aux flux. Cette absence de stationnement en bordure de chaussée assure une meilleure fluidité de la circulation et a une incidence déterminante sur la qualité paysagère urbaine. (De ce point de vue, c’est plutôt le cas de Paris qui est singulier d’ailleurs). De manière générale, les axes principaux sont gérés par l’autorité organisatrice, Transport for London, tandis que les autres axes dits de voirie locale relèvent de la compétence des boroughs. Ils y autorisent, réglementent et contrôlent le stationnement en surface.

Des revenus essentiels pour les boroughs

Londres ne représente qu’un dixième du parc automobile du Royaume-Uni mais totalise 40% des revenus générés par le stationnement au niveau national. Pour les boroughs londoniens, le stationnement est une source majeure de revenus hors dotations et subventions, soit 307,7 millions de livres / 400 millions d’euros (de recettes nettes de l’année 2014/2015, soit 100 millions de livres de plus qu’en 2010/2011 d’après le rapport de la RAC). La moitié de ces recettes sert à l’entretien et l’amélioration du réseau routier (trottoirs compris). Ces revenus proviennent pour l’essentiel du stationnement sur voirie : les permis et horodateurs génèrent la moitié des recettes et l’autre moitié provient de la verbalisation.  Quelle que soit la pression des résidents et autres usagers de la route, les boroughs tarifent les zones où la demande de stationnement est forte et appliquent un contrôle strict du stationnement (par caméras fixes ou embarquées, et souvent par des sociétés privées). La situation n’est pas totalement homogène entre les différents boroughs en matière de politique tarifaire : certains introduisent des barèmes pénalisants pour les ménages multimotorisés demandant plus d’un permis résidentiel, ou encore plusieurs boroughs ont commencé à tester et déployer de nouveaux modes billettiques. Pour autant, les politiques de stationnement convergent en matière de véhicules pour pénaliser les plus polluants, en accord avec la politique du Grand Londres sur la qualité de l’air. Le coût du stationnement est assez semblable pour les résidents parisiens et londoniens mais les tarifs sont bien plus élevés pour les visiteurs à Londres (que ce soit sur voirie, et bien plus encore en ouvrage). Le prix du stationnement est fixé de manière à décourager les migrations alternantes en voiture (lorsqu’ils sont proposés, les forfaits 24h reviennent en moyenne à 32 livres, et jusqu’à 48 livres). D’ailleurs les salariés et chefs d’entreprise utilisent massivement les transports publics londoniens, même s’ils sont bondés aux heures de pointe…

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