Le Groupement Parisien Inter-bailleurs de Surveillance (GPIS)
Créé en 2004, le Groupement parisien inter-bailleurs de surveillance (GPIS) est constitué d’équipes mobiles qui patrouillent la nuit dans les parties communes de certaines résidences HLM. En l’espace d’une décennie, il s’est imposé comme un acteur de premier plan dans le paysage parisien de la prévention/sécurité. À ce titre, il traduit l’acuité des enjeux de préservation du cadre de vie dans les quartiers d’habitat social et témoigne de l’implication croissante des bailleurs en matière de sécurité quotidienne. Cette étude de l’IAU Île-de-France apporte un éclairage inédit sur ce dispositif unique en son genre. À partir d’une enquête de terrain, elle invite à découvrir le GPIS de l’intérieur, au plus près des acteurs concernés. Elle permet d’en saisir la genèse, l’organisation actuelle, l’activité concrète et le positionnement dans la ville, face au public et vis-à-vis des partenaires.
Le GPIS, maillon important du policing parisien
Politiquement et financièrement soutenu par la ville de Paris, le GPIS est un groupement d’intérêt économique (GIE) qui associe douze organismes HLM, emploie plus de 200 salariés et relève du cadre réglementaire des activités privées de sécurité. Dégagée de toute pression commerciale, c’est une structure hybride qui comporte une dimension parapublique et se donne les moyens pour promouvoir un modèle de service fondé sur une exigence de qualité professionnelle. Ni policiers, ni médiateurs, ni même vigiles au sens classique du terme, les agents du GPIS se mobilisent sur un champ d’action interstitiel qui leur est spécifique : le maintien de la tranquillité résidentielle dans le parc d’habitat social la nuit. À cet effet, ils assurent des rondes, interviennent en réponse aux appels des locataires et agissent dans une logique de reconquête des espaces et de conformation aux règles d’usage, suivant un mode de déploiement opérationnel bien rôdé. Face à leur public, les agents du GPIS se tiennent à distance, comme enfermés dans un rapport d’adversité induit par la nature même de l’activité. Constamment exposés aux provocations, ils sont éprouvés par ces confrontations rugueuses, parfois dangereuses pour leur intégrité physique. Sur ce plan, ils vivent une expérience assez proche de celle des policiers avec lesquels ils nouent des relations de coopération fortes. En tout état de cause, ils appartiennent à la famille professionnelle des métiers de l’ordre. Compte tenu de leur action et de leur visibilité dans les quartiers HLM, ils constituent un maillon important du policing parisien.
L’avenir du GPIS n’est peut-être pas seulement parisien
Du point de vue des responsables impliqués (bailleurs, Ville, Préfecture de police), la prestation est à la hauteur des attentes institutionnelles. Tous insistent sur le professionnalisme de la structure, la rigueur des modes d’intervention et la souplesse d’adaptation face aux contraintes budgétaires et aux réalités mouvantes du terrain. En termes d’efficacité dissuasive et d’impact sur l’ambiance résidentielle, la portée du dispositif reste toutefois limitée, notamment sur les sites les plus exposés aux nuisances et à la délinquance. Le mode d’action, de l’ordre de l’intervention ponctuelle, permet tout au plus de déplacer les problèmes, mais il ne les résout pas fondamentalement. Néanmoins, le GPIS a su convaincre de son utilité, et les bailleurs soulignent les bénéfices multiples qu’ils en tirent, en termes de présence régulatrice, de veille technique et de continuité de service la nuit. En ce sens, sa pérennité semble assurée. Cela dit, l’avenir du GPIS n’est peut-être pas seulement parisien. En Île-de-France en particulier, avec la mise en place de la métropole du Grand Paris à l’horizon 2016, la question se pose de l’extension ou de la duplication d’un tel service au-delà du périphérique, il en va de l’égalité de traitement des habitants du parc social. En pratique, cette éventualité se heurte cependant à de nombreux obstacles d’ordre opérationnel et financier. Si légitime puisse-t-elle paraître, elle semble donc encore très hypothétique.
Cette étude est reliée aux catégories suivantes :
Société et habitat |
Prévention Sécurité