Lieux culturels et valorisation du territoire
La littérature économique et les exemples novateurs, parfois controversés, de villes comme Bilbao et le musée Guggenheim, Lens et le musée - parc du Louvre, ou encore le musée Dia:Beacon dans la grande banlieue de New York, montrent que les signaux architecturaux combinés au dynamisme des industries culturelles et créatives peuvent générer des retombées économiques importantes sur les territoires qui les accueillent, et donc des créations d’emplois.
La culture comme élément d’attractivité des territoires
Ces succès poussent un nombre croissant d’acteurs locaux à attendre des grands lieux culturels qu’ils contribuent davantage au développement économique et à l’attractivité touristique des territoires, en créant des emplois directs mais aussi indirects. Si l'intention est bonne, la mise en œuvre est parfois difficile et les résultats ne sont pas toujours à la hauteur des attentes. En effet les relations entre les lieux culturels, la culture, le tourisme, et le développement économique sont complexes : véritable marqueur identitaire, la culture peut contribuer à l’attractivité et à l’amélioration de la qualité de vie, au développement urbain et à la revitalisation des territoires ; elle crée également de la valeur économique, notamment via les industries culturelles et créatives et un tourisme culturel en plein essor au niveau mondial. Dès lors comment encourager et stimuler le potentiel de développement économique des lieux culturels par la mise en œuvre d’actions collectives sans pour autant affecter leur vocation culturelle ? Cette étude comparative identifie les bonnes pratiques de sites et lieux culturels en France et à l’étranger contribuant au développement économique des territoires grâce à la mise en place d’une approche collective à l’échelle d’une destination. La plupart des villes mondes ou régions capitales font aujourd’hui face à une saturation des musées, lieux et sites culturels situés dans leur hypercentre, elles partagent donc un même défi d’irrigation de l’ensemble de leur territoire. Les exemples sont variés : de la valorisation en un complexe culturel et créatif d’une ancienne friche industrielle comme Zollverein à Essen (Allemagne), à la conservation d’un patrimoine attrayant avec le château de Schönbrunn à Vienne (Autriche), ou l’ouverture d’un musée vivant et attractif en territoire rural comme le Beamish Museum (Angleterre), etc. Parmi les grandes tendances identifiées, ces lieux culturels ont en commun des innovations dans l’architecture et la programmation, les contenus et les missions. Ils s’adressent à des publics de plus en plus larges et accroissent leur visibilité en diversifiant les financements et les partenariats. Dans tous les cas, le territoire, matière première de la destination touristique, est l’interface des stratégies collectives et des destinations.
Attirer davantage de visiteurs vers des lieux culturels peu connus, sans fragiliser leur fonctionnement
À l’issue de ce tour d’horizon, des conditions de réussite à la valorisation d’un territoire par la culture se dessinent et tirent des premiers enseignements pour l’Île-de-France. La région capitale bénéficie d’une richesse exceptionnelle mais pour attirer de nouveaux touristes, créer du lien social, nourrir son dynamisme économique, elle se doit d’agir pour rester compétitive. De nombreux lieux culturels, peu connus du grand public, pourraient attirer davantage de visiteurs avec des actions ciblées, mais ils ne peuvent le faire seuls sans fragiliser leur fonctionnement. Cela suppose une véritable stratégie de diversification de l’offre touristique qui permettra d’attirer les touristes au-delà des grands sites de Paris intramuros, du château de Versailles ou de Disneyland Paris dans un contexte où les flux touristiques augmentent et la concurrence avec d’autres destinations prisées comme Barcelone, Berlin, Londres, New York ou Shanghai s’intensifie. Des actions en faveur de la formation, de l’offre d’hébergement, de l’accessibilité en transports en commun, des créations d’entreprises culturelles et créatives peuvent également enrichir l’écosystème francilien et stimuler durablement son attractivité touristique. Les candidatures aux Jeux Olympiques de 2024 et à l’Exposition universelle de 2025 sont aussi deux occasions exceptionnelles d’accroître considérablement la fréquentation touristique de visiteurs de loisirs et d’affaires en Île-de-France, et de faire évoluer l’image perçue de l’Île-de-France à l’international afin de satisfaire les attentes de nouvelles clientèles.
Des bénéfices multiples d’une stratégie collective
L’étude montre que la mise en place de stratégies collectives (tactique de l’essaim) visant à faire naître ou renforcer des destinations touristiques afin de les transformer en levier d’attractivité économique et de création d’emplois ont des effets positifs mais sous condition de maîtrise de plusieurs facteurs clés de réussite. L’interdépendance des activités et la qualité des relations entre les acteurs du territoire sont déterminantes pour la réussite de la valorisation d’un territoire par la culture. Les acteurs touristiques et culturels se soucient rarement des limites territoriales. Si tous les lieux culturels sont dépendants de leur tutelle et de leur gestion, ils ont tout intérêt à se fédérer pour attirer les voyagistes et les tour-operators. Renforcer l’attractivité d’un territoire à partir d’une offre culturelle suppose de construire ou valoriser une destination par la mise en réseau d’acteurs publics, privés, associatifs qui partagent un projet commun de développement (pas uniquement culturel) et de marketing territorial. Concernant la gouvernance, chaque niveau de collectivité peut se saisir de la question du tourisme culturel et mener des actions à son échelle. Les enjeux et bénéfices d’une stratégie collective pour le territoire sont multiples : agir sur l’identité et l’image perçue, améliorer les conditions de la compétitivité, développer l’offre de services, impliquer les habitants et créer de la cohésion sociale, mobiliser des ambassadeurs, mobiliser le secteur privé et monde associatif. Enfin, pour répondre à ces défis, les acteurs concernés doivent également se doter des outils de mesure adaptés à ces enjeux, qui sont certes économiques et touristiques mais aussi sociaux et urbains.
Cette étude est reliée aux catégories suivantes :
Économie |
Attractivité et convivialité |
Économie créative |
Tourisme |
International |
Société et habitat |
Culture et patrimoine