Mos 1982-2012. Volume 1. Du ciel à la carte

Les Cahiers n° 168

31 janvier 2014Contact

Raison d’être et mode d’emploi

Élaborer un Mos, c’est se donner les moyens d’observer l’évolution d’un territoire. De mesurer et d’analyser ses mutations. De planifier des politiques publiques d’aménagement urbain et de protection de l’environnement. Mais comment dresser un inventaire des caractéristiques du sol ? Comment décrire, d’un point de vue géophysique, la composition et l’évolution d’un territoire, où s’empilent et s’emboîtent différents usages et fonctions, où le « vide » autant que le « plein » recèlent tant d’informations ? Images satellites, photographies aériennes, logiciels capables de traiter et d’analyser des milliards d’informations… Depuis trente ans, l’IAU îdF améliore ses outils et ses compétences pour affiner sa connaissance de l’occupation du sol et la diffuser auprès des acteurs de l’aménagement, des décideurs et des usagers. Au cours de ces trois décennies, ses équipes pluridisciplinaires ont perfectionné le dispositif et la méthodologie, afin de croiser et de superposer des données de plus en plus complexes, et d’enrichir toujours davantage le socle de connaissances. Expérimenté dès les années 1970, numérisé pour la première fois en 1982 et actualisé avec huit campagnes de photos aériennes, le Mos était composé de 130 postes de légende en 1982. Il en compte 81 aujourd’hui. Sa nomenclature a évolué pour décrire le territoire au plus près de sa géographie et des enjeux apparus au fil du temps. Ce chapitre présente également d’autres outils de suivi de l’occupation du sol, en France et à l’international. Car un jour, peut-être, toutes ces méthodologies se rejoindront en une seule, dans la perspective d’un modèle d’occupation du sol national… et, pourquoi pas, européen.

Le Mos, outil d’aménagement

Comment répondre aux grands enjeux urbains tout en protégeant l’environnement ? Où construire les nouveaux logements ? Comment déterminer les secteurs à densifier ? Où renforcer les trames verte et bleue ? Quel périmètre identifier pour sanctuariser une zone naturelle ou agricole ? À l’heure où de nouvelles obligations légales appellent à économiser le foncier en recyclant le bâti et en construisant dans les dents creuses, et à l’heure de la mise en œuvre du Sdrif, qui fait le choix d’une densification accrue, le Mos est un outil incontournable. Il permet notamment de cartographier les mutations des paysages franciliens et témoigne, par exemple, que la consommation d’espaces agricoles, boisés et naturels y est à son plus bas niveau depuis plusieurs décennies ! Il montre à quel point la ville se reconstruit sur elle-même, comment les friches industrielles se métamorphosent en de véritables quartiers urbains, comment d’anciennes carrières retrouvent une vocation naturelle. Pour répondre aux demandes sans cesse croissantes de ses utilisateurs, le Mos sait aussi s’adapter et s’enrichir. C’est ainsi qu’avec ses outils dérivés (Densimos, Densibati), il sert à mesurer l’exposition des populations aux risques majeurs (inondations, risques technologiques) et aux nuisances (bruit des infrastructures), pour organiser la prévention.

Modéliser et communiquer

Parce que les utilisations du Mos sont multiples et ses utilisateurs potentiels nombreux, les experts de l’IAU îdF travaillent chaque jour à de nouvelles exploitations et de nouvelles formes de modélisation. C’est ainsi qu’est né Écomos, outil unique de cartographie des zones humides, des landes et des forêts, en faveur du maintien de la biodiversité. De même, s’adapter et lutter contre le changement climatique exige de déterminer avec précision la localisation et l’intensité des îlots de chaleur urbains. La modélisation du Mos permet aussi de mesurer les bénéfices et les nuisances d’un nouveau transport en commun pour les populations riveraines de son tracé, de montrer l’impact d’une crue centennale sur des secteurs bâtis, ou encore de prévenir l’expansion désordonnée de certaines zones pavillonnaires et d’envisager des mesures compensatoires… Enfin, des applications interactives sont développées pour permettre à l’utilisateur d’analyser l’occupation du sol depuis un téléphone portable ou une tablette, ou de calculer la proportion d’espaces naturels et bâtis dans un secteur délimité. Jusqu’à la 3D qui permet de visualiser un paysage, un site, à partir de ces données chiffrées.

Cette étude est reliée aux catégories suivantes :
Aménagement et territoires | Aménagement | Information géographique et 3D

Interview de Sophie Foulard et Martin Omhovère

Études apparentées