Parc naturel régional de la Haute Vallée de Chevreuse

Révision de la charte, diagnostic de territoire sur un périmètre de 81 communes

31 mars 2023ContactÉmilie Jarousseau, Julie Missonnier, Tom Tirlemont

Créé en 1985, le Parc naturel régional de la Haute Vallée de Chevreuse est le plus ancien PNR d’Île-de-France et comptait à sa création dix-neuf communes. Après plusieurs classements successifs, le Parc engage une nouvelle révision de sa Charte pour la période 2026-2041.

Les parcs naturels régionaux, créés pour protéger et mettre en valeur de grands espaces ruraux habités, s’organisent autour d’un projet concerté de développement durable. Ce projet est basé sur la préservation et la valorisation des richesses naturelles, culturelles et humaines (traditions populaires, savoir-faire techniques) et s’inscrit dans les missions fondamentales des PNR. La création d’un PNR est le fruit d’un processus long et exigeant, jalonné d’étapes formelles et dont le classement est assuré par l’État sur impulsion de la Région. Ce classement apporte aux territoires de PNR un label reconnu pour une période de quinze ans.

 

Périmètre d'étude et découpage territorial

 

 

Tous les quinze ans, chaque Parc « remet en jeu » son classement et révise sa Charte. L’engagement de la révision de la Charte du PNR de la Haute Vallée de Chevreuse a été lancé par délibération du Conseil régional, le 23 septembre 2021. Le périmètre d’étude pour la révision de la Charte a été étendu à 81 communes. Il s’agit des 55 communes du périmètre actuel, dont Vaugrigneuse et Les Molières intégrées en 2018 ainsi que Pecqueuse et La Hauteville en 2022. Il est à noter que dans le périmètre actuel, les communes de Rambouillet et de Gif-sur-Yvette sont partiellement incluses. Concernant l’extension, il s’agit de 26 nouvelles communes aux profils variés avec des communes rurales principalement dans les secteurs Ouest et Sud-ouest et des communes plus urbaines ou de transition avec l’agglomération dans les secteurs Sud, Centre et Nord-est. Ce nouveau périmètre ajouterait environ 30 000 hectares à la surface actuelle et ferait augmenter la population du PNR d’environ 63 500 habitants. Ces extensions (regroupées en 5 sous-secteurs) représentent une évolution importante, dont il importera de bien mesurer les impacts.

 

Vue depuis le château de la Madeleine à Chevreuse/Émilie Jarousseau, L’Institut Paris Region

 

La révision de la Charte s’appuie sur deux études préalables, le diagnostic de territoire et l’évaluation de la mise en œuvre de la Charte sur la période écoulée. L’Institut Paris Region a été mandaté pour réaliser le diagnostic de territoire. Une équipe d’une trentaine de chargés d’études et géomaticiens des différents départements de L’Institut Paris Region a réalisé ce travail durant une année, de mars 2022 à mars 2023, en produisant des analyses et des cartographies, complétées par des visites de terrain, des entretiens d’acteurs, des ateliers de travail avec l’équipe du Parc et des échanges avec les élus.

Le diagnostic s’attache à produire les éléments clés de lecture du territoire (chiffres clés, tendances lourdes et émergentes, territoires à enjeux…) pour des acteurs divers : les chargés de mission du Parc, les partenaires techniques, les élus locaux, départementaux et régionaux, mais aussi les services de l’État, du Conseil national de la protection de la nature [CNPN] et de la Fédération des parcs naturels régionaux, qui interviennent dans le classement.

 

Forêt domaniale de Rambouillet/Pierre-Yves Brunaud, L’Institut Paris Region

 

Il dresse un état des lieux complet du périmètre d’étude de 81 communes et caractérise ses évolutions depuis la dernière révision de Charte en 2011. Les analyses identifient les principaux enjeux à retenir sur le périmètre d’étude pour l’élaboration de la nouvelle Charte de parc, en lien avec les critères de classement d’un PNR (richesses des patrimoines et processus de fragilisation, pertinence et cohérence du périmètre). Le diagnostic met en avant les composantes des patrimoines paysagers, naturels et culturels ainsi que les principales caractéristiques spatiales, structurelles et démographiques et s’attache à les mettre en perspective avec celles des territoires voisins, tout en tenant compte du contexte métropolitain et des perspectives d’évolutions globales. Le diagnostic traite en particulier de l’ensemble des thèmes attendus dans l’état initial de l’environnement de la démarche d’évaluation environnementale, de façon à alimenter cette démarche qui accompagnera l’élaboration de la Charte.

Situé en limite sud-ouest de la région Île-de-France sur les départements de l’Essonne et des Yvelines, le territoire du PNR de la Haute Vallée de Chevreuse est marqué par sa situation de transition entre le plateau de La Beauce (plateaux de Rambouillet, de Limours, de Saclay…) et de plusieurs vallées (l’Yvette, la Rémarde, l’Orge, l’Eure, la Mauldre). Les paysages sont variés et se succèdent en mosaïque de forêts (le massif de Rambouillet est la plus grande unité paysagère), plaines agricoles, prairies et rivières… Couvert à plus de 47 % d’espaces forestiers et à 35 % d’espaces agricoles, le périmètre d’étude s’étend sur environ 96 000 hectares accueillant, en 2019, plus de 165 000 habitants (hors Rambouillet et Gif-sur-Yvette). L’urbanisation se structure autour de bourgs et de villages de taille plus ou moins importante, situés au sein des vallées ou sur les plateaux agricoles, majoritairement cultivés en céréaliculture. Une des spécificités du territoire est l’importance de l’élevage qui participe à son identité.

 

L'élevage équin a progressé et imposé sa marque au paysage/Pierre-Yves Brunaud, L’Institut Paris Region

 

D’un point de vue patrimonial, quelques sites historiques bénéficient d’un rayonnement à grande échelle, c’est le cas des Sites patrimoniaux remarquables de Montfort-l’Amaury, Rambouillet et Dourdan mais aussi des nombreux Monuments Historiques constitués principalement de châteaux (Breteuil, la Madeleine, Dampierre…) et demeures ou d’édifices religieux (abbaye des Vaux de Cernay). Le périmètre d’étude se démarque par un intérêt écologique nettement au-dessus de la moyenne des PNR franciliens et les trames verte et bleue sont parmi les plus fonctionnelles de la région. De très grands sites sont classés comme les vallées de Chevreuse (sur 11 communes), de la Mérantaise, du Rhodon ; et de grands sites sont inscrits comme la vallée de Chevreuse et de la Rémarde. Le diagnostic du territoire montre que la richesse des patrimoines se confirme sur le périmètre actuel, qu’il s’agisse du patrimoine paysager, des milieux naturels, de la flore et de la faune, du patrimoine bâti, etc. : la Haute Vallée de Chevreuse ressort comme un territoire remarquable au sein de la région Île-de-France. La dynamique économique est aussi plus forte que dans les autres PNR d’Île-de-France (croissance de l’emploi salarié privé plus élevée, taux de chômage plus faible) et le profil des actifs est marqué par une surreprésentation de cadres et de professions intellectuelles supérieures. La population du périmètre d’étude a un niveau de vie qui demeure très supérieur à la moyenne régionale.

Le château de Breteuil (XVIe et XIXe siècles), domaine privé ouvert au public à Choisel /François Boizot, Shutterstock.com

 

Néanmoins, des évolutions insidieuses sont à l’œuvre dans certains secteurs connaissant davantage de pression urbaine : banalisation des paysages, consommation d’espaces accrue, patrimoine bâti parfois non pris en compte et dégradé. Les milieux forestiers, globalement préservés, et les milieux naturels en général, sont soumis à une sur-fréquentation qui semble s’accélérer sur les dernières années, notamment à la suite de la crise sanitaire. La quasi-stagnation de la population observée entre 2011 et 2019 (+0,18 % de taux de croissance annuel moyen sur le parc actuel) accentue le phénomène de vieillissement de la population (+25,5 % de la population a 60 ans ou plus), générant un certain nombre de problématiques (isolement des ainés, besoin de personnel de santé…). Des enjeux seront dans les années à venir plus prégnants comme les effets du changement climatique qui sont parfois déjà visibles sur le territoire. Il s’agira d’un défi majeur pour lequel le Parc aura un rôle à jouer : renforcer l’action concernant la préservation des milieux ; encourager les projets de renaturation ; réduire les déchets ; diminuer la dépendance à l’automobile et donc aux énergies fossiles ; favoriser la rénovation énergétique ; maîtriser la consommation foncière.

 

Étangs de Hollande//Pierre-Yves Brunaud, L’Institut Paris Region

 

Enfin, l’analyse des secteurs d’extension montre une cohérence globale du périmètre d’étude, mais avec une pertinence variable suivant les secteurs. Le secteur Ouest est extrêmement riche écologiquement, la pression urbaine est très faible et les paysages bien préservés sont cohérents avec ceux du périmètre actuel. Le secteur Sud-ouest est quasi similaire, même si Gazeran doit être traitée à part en raison de son rythme de consommation d’espace plus important. Le secteur Sud concentre le plus grand nombre de monuments historiques et un intérêt écologique fort, mais quelques communes sont très urbaines comme Dourdan ou encore Bruyères-le-Châtel, avec un rythme de consommation d’espace à surveiller. Le secteur Centre présente de grandes qualités patrimoniales et une cohérence avec les unités paysagères du parc actuel, mais il y a un faible intérêt écologique et une pression urbaine extrêmement forte. Quant au secteur Nord-est, il se caractérise par des communes plus urbaines avec une consommation foncière importante, un patrimoine bâti globalement altéré, et une faible diversité des milieux naturels, à l’image de Toussus-le-Noble ou de Coignières avec des zones urbaines qui posent question.

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