Parc naturel régional du Gâtinais français

Révision de la charte et diagnostic du territoire

30 mars 2023ContactJulie Missonnier, Marie Carles, Chloé Bessaguet

Après deux classements successifs depuis sa création en 1999, le parc naturel régional (PNR) du Gâtinais français engage une nouvelle révision de sa charte, pour la période 2026-2041.

Les parcs naturels régionaux, créés pour protéger et mettre en valeur de grands espaces ruraux habités, s’organisent autour d’un projet concerté de développement durable. Ce projet est basé sur la préservation et la valorisation des richesses naturelles, culturelles et humaines (traditions populaires, savoir-faire techniques) et s’inscrit dans les missions fondamentales des PNR. La création d’un PNR est le fruit d’un processus long et exigeant, jalonné d’étapes formelles et dont le classement est assuré par l’État sur impulsion de la Région. Ce classement apporte aux territoires de PNR un label reconnu pour une période de quinze ans.

 

 

Tous les quinze ans, chaque parc « remet en jeu » son classement et révise sa charte. L’engagement de la révision de la charte du PNR du Gâtinais français a été lancé par délibération du Conseil régional, le 23 septembre 2021. Le périmètre d’étude pour la révision de la charte a été étendu à 85 communes, intégrant les 70 communes actuellement incluses dans le PNR, dont Boissise-le-Roi intégrée en 2021, et 15 communes d’extension aux profils variant entre communes rurales de plateaux agricoles, vallées aux cours d’eau discrets et forêts sur sols secs et communes plus périurbaines de transition avec l’agglomération dense.

La révision de charte s’appuie sur deux études préalables, le diagnostic de territoire et l’évaluation de la mise en œuvre de la charte sur la période écoulée. L’Institut Paris Region a été mandaté pour réaliser le diagnostic de territoire sur le périmètre d’étude de 85 communes. Une équipe d’une trentaine de chargés d’études, assistants d’études, géomaticiens et cartographes, des différents départements de L’Institut Paris Region, a réalisé ce travail durant une année, de mars 2022 à mars 2023, en produisant les analyses et cartographies des données, complétées par des analyses de terrain, des entretiens d’acteurs, des ateliers de travail avec les techniciens du PNR, et des échanges avec les élus et partenaires du parc lors des comités syndicaux.

 

Le bourg de Larchant (Seine-et-Marne)/Marie Carles, L'Institut Paris Region

 

Le diagnostic de territoire s’attache à produire les éléments clés de lecture du territoire (chiffres clés, tendances lourdes et émergentes, territoires à enjeux…) pour des acteurs divers : les techniciens du parc, les partenaires techniques, les élus locaux, départementaux et régionaux, mais aussi les services de l’État, du Conseil national de la protection de la nature (CNPN) et de la Fédération des PNR de France, qui interviennent dans le classement du PNR.

Il dresse un état des lieux complet du périmètre d’étude de 85 communes et caractérise ses évolutions depuis la dernière révision de charte, en 2011. Les analyses identifient les principaux enjeux à retenir sur le périmètre d’étude pour l’élaboration de la nouvelle charte de parc, en lien avec les critères de classement d’un PNR (richesses des patrimoines et processus de fragilisation, pertinence et cohérence du périmètre). Le diagnostic met en avant les composantes des patrimoines paysagers, naturels et culturels ainsi que les principales caractéristiques spatiales, structurelles et démographiques et s’attache à les mettre en perspective avec celles des territoires voisins, tout en tenant compte du contexte métropolitain et des perspectives d’évolutions globales.

 

Cressiculteur de Sainte-Anne à Vayres-sur-Essonne/Maximilian Gawlik, L'Institut Paris Region

 

Le diagnostic traite de l’ensemble des thèmes attendus dans l’état initial de l’environnement de la démarche d’évaluation environnementale, de façon à alimenter cette démarche qui accompagnera l’élaboration de la charte.

Situé en limite sud de la région Île-de-France sur les départements de l’Essonne et de Seine-et-Marne, le Gâtinais français résulte de la prolongation francilienne des plateaux du Gâtinais et de la Beauce. Couvert à plus de 57 % d’espaces agricoles et à 31 % d’espaces forestiers, le territoire est caractérisé par un relief de plateau, entaillé par les vallées de l’Essonne, de l’École et de la Juine.

 

Plateau du Gâtinais/Pierre-Yves Brunaud, L’Institut Paris Region

 

Le périmètre d’étude s’étend sur 930 km² accueillant, en 2019, plus de 123 400 habitants. Le territoire est pourvu d’une grande richesse géologique et d’un patrimoine archéologique reconnu grâce à la présence de nombreux abris ornés. L’urbanisation se structure autour de bourgs de taille plus ou moins importante, situés au sein des vallées ou sur les plateaux agricoles, majoritairement cultivés en céréaliculture. Les productions emblématiques du territoire sont les plantes aromatiques et médicinales (Pam), l’orge brassicole, le cresson de fontaine et l’apiculture. D’un point de vue patrimonial, quelques sites historiques bénéficient d’un rayonnement à grande échelle, comme la basilique Saint-Mathurin de Larchant, les halles de Milly-la-Forêt, le moulin de Dannemois ou encore le musée des Peintres de Barbizon. Les massifs forestiers des Trois Pignons et de la Commanderie sont également des lieux très fréquentés.

 

Marché de l’herboriste à Milly-la-Forêt (Essonne)/Parc naturel régional du Gâtinais français 

 

Le diagnostic du territoire montre que la richesse des patrimoines se confirme sur le périmètre actuel, qu’il s’agisse du patrimoine paysager, géologique, archéologique, de la flore et de la faune, ainsi que du patrimoine bâti : le Gâtinais français ressort comme un territoire remarquable au sein de la région Île-de-France. Néanmoins des évolutions insidieuses sont à l’œuvre dans certains secteurs connaissant davantage de pression urbaine : banalisation des paysages et consommation d’espaces accrue s’observent notamment au niveau des franges nord et ouest du territoire. Les milieux forestiers, globalement préservés, sont soumis à une surfréquentation qui semble s’accélérer sur les dernières années, notamment à la suite de la crise sanitaire. La diversité agricole se maintient, même si les filières concernées sont souvent fragiles économiquement et à la pérennité de long terme incertaine. La trajectoire en termes d’emploi est peu dynamique, mais montre une certaine stabilité, notamment grâce à la prédominance des activités présentielles. La quasi-stagnation de la population observée entre 2011 et 2019 accentue le phénomène de vieillissement de la population, générant un certain nombre de problématiques : isolement des ainés, précarité énergétique…

Des enjeux seront dans les années de la future charte plus prégnants. Les effets du changement climatique sont déjà visibles sur le territoire : sécheresse des sols, dépérissements forestiers, baisse de recharge de la nappe phréatique de Beauce, augmentation du risque incendies. Il s’agira d’un défi majeur pour lequel le parc a et aura un rôle à jouer dans le cadre de la future charte.

 

Chaos de grès dans la Vallée de l’Essonne/Pierre-Yves Brunaud, L’Institut Paris Region

 

L’analyse des secteurs d’extension montre une cohérence globale du périmètre d’étude, mais avec une pertinence variable suivant les secteurs. Les secteurs de la Plaine de Saint-Fargeau et de la Forêt des Trois Pignons se révèlent intéressants d’un point de vue paysager et du patrimoine bâti, et connaissent une consommation d’espaces maitrisée. Les secteurs de Confluence Essonne-Juine et de la Rive gauche du Loing apparaissent assez contrastés : ils recèlent des éléments de patrimoines bâti ou naturel notables, mais les dynamiques urbaines y sont plus fortes. Le secteur Ouest Essonne, cohérent avec le périmètre actuel d’un point de vue paysager, est néanmoins davantage un espace de transition vers la Beauce, dont il possède nombre de caractéristiques.

 

Plateau du Gâtinais/Pierre-Yves Brunaud, L’Institut Paris Region

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