Soutenir l'accès au logement des jeunes en voie d'insertion professionnelle
Confrontés à un marché immobilier particulièrement tendu, les jeunes accèdent difficilement à un logement autonome en Île-de-France, en particulier les plus précaires d’entre eux. La Région a depuis longtemps fait de cette question un axe politique d’intervention à travers plusieurs dispositifs : soutien financier à la production de logements conventionnés pour étudiants et jeunes actifs, sécurisation des associations d’insertion par le logement, et plus récemment subvention en faveur des jeunes en insertion professionnelle entrant dans un logement conventionné. Afin de mieux apprécier son action, elle a confié à L’Institut Paris Region une étude dressant un état des lieux de la situation des jeunes en voie d’insertion professionnelle vis-à-vis du logement.
Le public ciblé dans cette étude est constitué des jeunes Franciliens relevant de différents dispositifs publics visant leur insertion professionnelle :
- le contrat d’apprentissage (165 000 jeunes âgés de 18 à 25 ans en 2022) ;
- le contrat de professionnalisation (13 000 jeunes) ;
- la formation professionnelle des demandeurs d’emploi (39 000 jeunes en 2021) ;
- le contrat d’engagement jeunes (17 300 bénéficiaires en août 2023) ;
- le parcours d’accompagnement vers l’emploi et l’autonomie (56 000 bénéficiaires en septembre 2023).
Près de 300 000 jeunes Franciliens sont donc engagés chaque année dans un parcours d’insertion professionnelle. Dans ce cadre, la plupart perçoivent une rémunération, mais d’un montant souvent trop limité pour pouvoir accéder à un logement autonome, notamment dans le cas des trois derniers parcours cités. En l’absence d’un revenu minimum avant l’âge de 25 ans, leur situation reste caractérisée par l’incertitude : une rupture de contrat, un manquement aux rendez-vous prescrits par les accompagnants sociaux les exposent à la perte de l’allocation qu’ils perçoivent. Leur situation à l’issue du parcours, dont la durée est limitée, reste également incertaine. Pour ces raisons, les bailleurs associent ces jeunes aux risques d’impayés de loyer et de vacance locative.
Si un éventail de solutions de logement existe dans le parc locatif privé et social en faveur des jeunes, cette offre reste peu accessible aux jeunes en emploi précaire, en raison de l’insuffisance de leurs revenus, de l’absence de garants, mais aussi des difficultés d’accès à l’information concernant cette offre. Différents produits dédiés se sont pourtant développés dans la région, sous la forme de logements temporaires, à l’image d’une insertion professionnelle marquée par des emplois de courte et moyenne durée (foyers de jeunes travailleurs, résidences sociales jeunes actifs, résidences étudiantes accessibles aux apprentis). Mais ils ne compensent qu’imparfaitement le recul de l’accès des jeunes à un logement ordinaire, qui s’explique par un marché privé très tendu et un parc social peu adapté. Le retard à la décohabitation des jeunes Franciliens en constitue une parfaite illustration. Pour les jeunes les plus précaires, les solutions d’urgence sont de plus en plus sollicitées mais peu de places leur sont réservées.
Face aux difficultés d’accès au logement des jeunes, diverses aides financières et dispositifs d’accompagnement dédiés ont été mis en place par les collectivités et les acteurs associatifs. En complément des aides au logement de droit commun, plusieurs initiatives ont ainsi vu le jour pour tenter de combler les failles dont pâtissent les jeunes au cours de leurs parcours de formation et d’insertion. Ces dispositifs répondent de manière réactive à un besoin croissant de sécurisation des jeunes, mais demeurent trop mal connus, peu articulés et inégalement distribués sur le territoire. Ils ne sont, de plus, pas proportionnés à une demande de plus en plus massive d’accompagnement d’un public jeune toujours plus précaire et pour lequel les moyens d’accompagnement restent insuffisants.
Ces constats soulignent alors en creux la nécessité de renforcer l’efficacité et la cohérence des moyens collectifs engagés pour le soutien de l’accès au logement des jeunes. Cela passe, notamment, par une meilleure articulation des dispositifs d’insertion professionnelle et d’accès au logement ; par la poursuite des efforts de développement d’une offre abordable adaptée à ces publics ; par l’adaptation des aides existantes aux besoins des jeunes les plus fragiles ; et enfin par une plus grande équité territoriale dans le déploiement des structures d’aide et d’orientation à l’échelle de la région.
Cette étude est reliée aux catégories suivantes :
Société et habitat |
Disparités |
Habitat et logement