L’excédent naturel, d’abord. Dans la région métropolitaine de Londres, l’excédent des naissances par rapport aux décès oscille entre 58 000 et 112 000 (contre 98 000 et 114 000 en Île-de-France), passant ainsi du simple au double en raison des fortes fluctuations de la fécondité au Royaume-Uni. La baisse de la fécondité - et du solde naturel – y a démarré plus précocement, dès 2011.
Le constat est le même pour le déficit migratoire avec le reste du Royaume-Uni. Il oscille selon les années entre -18 000 et -115 000 personnes depuis 2001, quand il fluctue en Île-de-France entre -60 000 et -90 000 avec le reste du pays. Dans la région de Londres, ce déficit migratoire s’est fortement réduit suite à la crise financière de 2007 (-35 000 entre 2007 et 2012). Il n’a cessé de se creuser depuis. Dans un pays où la propriété est plus répandue, la crise s’est accompagnée d’une baisse des départs. Nombre de familles londoniennes n’ont pas quitté leur région faute de pouvoir vendre leur bien ou emprunter pour financer leur nouvelle acquisition immobilière. Les banques ont, en effet, fortement durci l’accès au crédit immobilier, dans un marché profondément marqué par la crise des subprimes [1].
L’excédent migratoire international, enfin. Ses fluctuations sont aussi très fortes dans la région de Londres, oscillant entre +70 000 et +150 000 habitants (quand il ne dépasse pas +40 000 en Île-de-France). L’ouverture anticipée du marché du travail anglais, dès 2004, aux ressortissants des huit pays nouvellement entrés dans l’Union européenne a provoqué une forte hausse de l’immigration de travail, en provenance notamment de Pologne [2]. Lui succéda une forte baisse de ces arrivées et une hausse des départs lors de la crise financière de 2007. Les départs se sont maintenus à un niveau élevé à mesure que la libre circulation de ces travailleurs au sein de l’Union européenne se généralisait, et jusqu’à l’intégration de la Roumanie et la Bulgarie en 2014. À l’inverse, la crise de 2007 a fortement réduit les départs vers l’étranger de ressortissants britanniques et alimenté une immigration croissante au Royaume-Uni en provenance des pays européens les plus durement touchés (Grèce, Espagne, Portugal, etc.). Globalement, le solde migratoire international de la région urbaine de Londres s’est réduit de 60 % entre 2007 et 2011, passant de +120 000 à +73 000, avant de doubler pour atteindre +150 000 en 2014 avec la reprise.
Depuis, le solde migratoire international est plutôt orienté à la baisse, mais reste à un niveau élevé (+130 000 en 2018). À l’avenir, plusieurs éléments pourraient conforter cette tendance, comme les effets du Brexit, la modification des règles d’immigration actuellement en discussion au Royaume-Uni, avec la volonté de les rendre plus sélectives, ou encore les difficultés économiques générées par la pandémie de Covid-19 [3]. Reste que la géopolitique et l’évolution du contexte international peuvent réserver des surprises. En témoigne l’offre de visas de travail envisagée par le gouvernement anglais pour les ressortissants de Hong Kong, si la Chine venait à reprendre la main plus tôt que prévu (2047) sur son ancienne colonie rétrocédée en 1997 [4].
Les incertitudes existent aussi en Île-de-France, mais leur impact sur la population francilienne est bien moindre en raison de la faiblesse relative des flux migratoires internationaux.
Les évolutions récentes – creusement du déficit migratoire avec le reste du pays, baisse de l’excédent naturel et de l’excédent migratoire international – limitent la croissance de la population dans la région métropolitaine de Londres. Elle n’est que de +100 000 habitants par an depuis 2016, contre +145 000 à +185 000 entre 2007 et 2016. L’écart avec l’Île-de-France (+60 000 habitants par an depuis 2007) se réduit donc mais reste important, sans présager que cette tendance se poursuive.