La confiance, la boussole, l'investissement : comment redémarrer l'économie de l'Île-de-France?

Chronique des confins n° 7

07 mai 2020ContactVincent Gollain

Vincent Gollain, directeur du département Économie, est économiste (doctorat de l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne). Il s’implique depuis 25 ans dans le développement des territoires en alternant études, conseils opérationnels et stratégiques, mais aussi actions de terrain. Il a publié plusieurs ouvrages sur la prospective des territoires, l’attractivité ou le marketing territorial. Il a été l’un des cadres dirigeants de l’ARD Île-de-France de 2002 à 2014. Il a eu l’occasion de s’impliquer fortement dans des projets majeurs comme l’accueil du Synchrotron en Île-de-France, la création du pôle de compétitivité Cap Digital, la démarche de marketing territorial du Grand Roissy, le SRDEii d’Île-de-France ou encore le projet d’exposition universelle pour l’Île-de-France en 2025.

« La pensée alliée audacieusement à un but ambitieux
devient une force créatrice ».
James Allen

Au moment où les conséquences de la crise sanitaire font plonger l’économie française et francilienne, il est plus que nécessaire d’adopter une vision stratégique de long terme pour rebâtir au plus vite les bases d’un modèle de développement économique qui soit porteur de sens et encore mieux adapté aux défis d’un monde plus incertain, mais riche d’opportunités. 

D’abord, il y eut le feu. Le système économique s’est enflammé et ce n’est pas la conséquence d’une compétition économique, d’un conflit ou de l’une de ces invasions extra-terrestres dont raffole Hollywood. Non, le système économique s’est enflammé car notre monde, technologiquement avancé, hyperconnecté et n’ayant jamais créé autant de richesses économiques, trébuche lourdement sur un virus apparu à Wuhan, et qui s’est répandu sur l’ensemble de la planète à la vitesse de nos échanges internationaux. Quelques petits mois ont suffi à provoquer une crise économique globale majeure que le monde avait réussi à éviter depuis la seconde guerre mondiale. Sa rapidité de propagation, sa puissance et sa singularité ont affolé les marchés, entreprises, gouvernements et bien sûr, les populations. Que faire face à cet « ennemi invisible » ? Comment ne l’avions-nous pas prévu ? La surprise a donc été totale, notamment en Europe qui pensait, comme l’Amérique du Nord, que nous en avions fini avec les grandes épidémies grâce à notre infrastructure de santé. Cette crise, à l’image d’une défaite éclair, nous rappelle que l’extension des relations à travers la planète et l’urbanisation accélèrent de concert la diffusion des virus comme ce fut le cas pour le bacille de la peste, la syphilis ou la grippe espagnole. Faut-il se réjouir de ce « défaut de jugement » ? Certainement pas, car les conséquences humaines et économiques sont majeures malgré les centaines de milliards de dollars, d’euros et d’autres monnaies déjà injectées dans l’économie mondiale.

Où en sommes-nous aujourd’hui ? Les études publiées en France et à l’échelle internationale sont nombreuses et convergent toutes sur la nature de cette crise, qui conjugue un effondrement de la demande et une chute tout aussi forte de la production. Au 23 avril 2020, l’Insee indique que, compte tenu des informations disponibles, l’activité économique serait inférieure de l’ordre de 35 % à « la normale », de 41 % pour les seules branches marchandes. Le PIB français pourrait se contracter de 10 % en 2020 selon certains scénarios. Une étude de McKinsey d’avril 2020 (disponible uniquement en anglais) propose neuf scénarios possibles d’évolution de l’économie mondiale, dont quatre (en zone grisée) sont jugés les plus probables. L’examen détaillé de ces scénarios montre des situations très contrastées pour les perspectives de reprise. 

À regarder de plus près dans les études traitant de la crise économique née du Covid-19, on s’aperçoit que les conséquences diffèrent selon les secteurs d’activité économique : certains d’entre eux résistent bien, voire sont stimulés par la situation comme les entreprises de « Big Pharma », les grandes plateformes d’-e-commerce (Amazon connaît une forte croissance boursière) et bien entendu les acteurs du numérique qui ont permis de maintenir des liens professionnels, amicaux, familiaux ou de solidarité pour une large proportion de confinés. Tout en protégeant les personnes, les entreprises du numérique ont permis la résilience en mettant à disposition réseaux, outils et plateformes Internet performantes. À l’inverse, de nombreux secteurs ont été atteints de plein fouet par la crise, notamment ceux qui reposent sur les flux physiques, qu’il s’agisse de personnes ou de biens. 

Pour l’Île-de-France, en partant des études parues récemment et de nos propres analyses structurelles de la région, nous observons que les secteurs d’activité économique les plus impactés par la crise concernent plus du tiers du nombre d’emplois salariés d’Île-de-France. Parmi les secteurs les plus touchés se trouvent le tourisme, la construction aéronautique, le transport aérien, les activités culturelles, les assurances ou l’industrie automobile. À l’inverse, les technologies de l’information, l’industrie médicale, la technologie et les « utilities » s’en sortent mieux, même très bien pour certaines entreprises. Cette crise a aussi révélé que le fonctionnement et la résilience de l’économie francilienne reposent sur des centaines de milliers « d’invisibles » qui travaillent dans les entreprises et services publics.

Du fait des concentrations très différentes d’activités en France selon les territoires, les conséquences géographiques de la crise seront inégales, phénomène que l’on retrouvera aussi au sein de chaque territoire. L’ADCF, dans une étude d’avril 2020, livre une première analyse des conséquences géographiques de la crise née du Covid-19 et affirme ainsi : «  Il est clair que la crise actuelle se traduira par des impacts dont l’intensité sera géographiquement contrastée et très différente de la dernière crise. Nombre de territoires « abrités » de 2008 ne le seront pas du tout cette fois-ci ». 

L’économiste Olivier Bouba-Olga a procédé à une étude nationale qui, basée sur une méthode un peu différente de l’Insee, évalue en avril 2020 l’impact de la crise sur l’activité économique à l’échelle départementale. Pour lui, à l’échelle nationale, la baisse d’activité est de 41 % par rapport à la situation normale. En appliquant les pertes sectorielles d’activité observées nationalement aux poids des secteurs dans chaque département, l’économiste obtient les pertes attendues pour chacun d’eux compte tenu de leurs spécialisations.  Le résultat principal de son analyse est que l’impact est violent pour tous les départements, mais qu’il semble plus fort encore, compte tenu de leurs structures productives, pour de nombreux départements de l’Est et de l’Île-de-France, et relativement moins fort dans la partie Ouest du pays. En Île-de-France, la baisse la plus forte est en Seine-et-Marne (- 46 %) et la plus faible dans les Hauts-de-Seine (- 41 %). L’analyse menée par L’Institut Paris Region indique des résultats assez proches de ceux de Bouba-Olga, légèrement moins négatifs de quelques points. 

Si l’on s’intéresse à plusieurs grands bassins d’emplois, certains ont été particulièrement touchés dans la région, notamment ceux liés aux aéroports internationaux de Paris CDG et d’Orly Paris, mais aussi le Val d’Europe du fait du poids de Disneyland Paris, ou le quartier d’affaires de La Défense, qui symbolise souvent dans les journaux télévisés l’image d’une économie à l’arrêt, ou du moins fortement en télétravail. 

La confiance

Les mesures prises par l’État, la Région et leurs partenaires publics et privés contribuent à amortir les impacts de la crise, notamment en maintenant les entreprises le plus à flot possible et en facilitant le maintien de leurs personnels par une généralisation possible du chômage partiel. Comme l’écrit l’Insee dans sa note de conjoncture du 23 avril 2020 : « Comme un organisme placé sous anesthésie, l'économie française n'assure plus que ses fonctions vitales. Les mesures de soutien budgétaire aux entreprises et aux ménages visent notamment à favoriser les conditions du réveil – dont on sait qu'il ne sera que très progressif – puis de la convalescence ».
Bien entendu, ces mesures ne permettent pas de protéger tout le monde, comme en témoigne la montée rapide du chômage, déjà visible en Île-de-France dans les chiffres publiés sur la situation au 31 mars 2020 (Insee Île-de-France), mais aussi des diminutions de revenus d’une partie des ménages franciliens avec des conséquences parfois dramatiques pour certains qui sont devenus des précaires alimentaires. Les entreprises vont devoir aussi absorber une partie du coût de la crise avec, pour certaines, des conséquences tragiques. Les créations d’entreprises (comprenant aussi les micro-entrepreneurs) observées au premier trimestre 2020 ont déjà chuté dans la région de plus de 12 % par rapport au dernier trimestre 2019 (Insee Île-de-France). Enfin, le secteur public amortit aujourd’hui les effets de la crise en creusant massivement ses déficits avec l’appui des banques centrales. 
Si la tempête est venue d’Orient, c’est aussi dans cette direction qu’apparaissent les premières bonnes nouvelles : déconfinement engagé, reprise de l’activité économique et des échanges, remontée progressive des dépenses de consommation, etc. Ces signaux positifs ne doivent pas masquer les zones de faiblesse, à commencer par le risque de résurgence rapide du virus. 
Partout, les plans pour accompagner le rebond de l’activité se préparent et se mettent en œuvre mais dans un contexte qui restera complexe, car la remontée ne sera pas en U ou en V, lettres chères aux économistes pour symboliser les formes courantes de reprise, mais s’apparentera plutôt à un objet cher aux constructeurs, l’escalier, c’est-à-dire une reprise par paliers, au fur et à mesure de la propagation de la croissance à des secteurs connexes mais aussi entre les territoires. C’est donc une période d’au moins un an, marquée par un fort degré d’incertitude, qui s’annonce devant nous et dans laquelle un élément-clé va jouer pour décider de notre avenir, la confiance. 
En économie, aucune reprise économique n’est durable sans la confiance en l’avenir des agents économiques. Or, que constate-t-on ? Les indicateurs de confiance se ressemblent tous, qu’ils s’intéressent aux ménages, aux chefs d’entreprises ou aux investisseurs. Partout, le climat des affaires dévisse du fait de perspectives d’activités qui s’effondrent. Du côté de la demande, les consommateurs ont fait une épargne forcée, mais la crainte du chômage va refréner leurs envies d’achat. En Chine, le déconfinement a montré que les consommateurs qui ont fortement dépensé dans les premiers jours ont rapidement limité leurs achats. Le président américain Franklin D. Roosevelt a eu cette expression qui s’applique parfaitement à la complexité de la situation que nous vivons : « La seule chose dont nous devons avoir peur est la peur elle-même ». Le Covid-19 a provoqué des mouvements de panique à travers le monde, illustrés par des ruées dans les magasins vidant les rayons, parfois en quelques minutes, provoquant ainsi des pénuries temporaires sur de nombreux produits d’usage courant comme les pâtes alimentaires, la farine ou le papier toilette. Dans de nombreuses grandes villes, des populations sont parties pour se « réfugier » dans des lieux jugés plus sûrs, souvent dans des petites villes ou à la campagne. Ainsi, selon l’Insee et Orange, ce sont plus d’un million de Franciliens qui ont quitté la région en quelques jours avant le confinement du 17 mars. 

Or, la menace du Covid-19 ne s’est pas évaporée, loin s’en faut. De ce fait, l’accès parfois encore difficile aux masques, malgré la montée en puissance des livraisons et dons gratuits comme les 500 000 masques distribués le mercredi 29 avril au matin par la Région dans 130 gares d’Île-de-France, entretient un sentiment d’angoisse. Tant que le Covid-19 ne sera pas totalement endigué, le sentiment d’insécurité sanitaire restera présent. Le retour à la « vie normale d’avant » sera long et progressif avec un sentiment de crainte qui restera fort du fait, par exemple, de la dépendance des Franciliens aux transports publics. Ce dernier phénomène n’est pas propre à l’Île-de-France car on le retrouve dans de nombreuses grandes villes occidentales (HSBC, 2020). 
Comment créer la confiance nécessaire au rebond dans une telle situation ? L’Institut Paris Region vient de lancer avec Médiamétrie une enquête pour mieux appréhender les impacts possibles de la crise sur les comportements des Franciliens. 

La boussole

Comment relancer une économie marquée par une forme de défiance en l’avenir des agents économiques ? La réponse apportée par de nombreux experts, et notamment les prospectivistes, tient dans la capacité des acteurs publics à transformer une période de crise en période d’opportunités. N’oublions pas que cette crise née du Covid-19 se place toujours dans un contexte marqué par des changements profonds de notre économie : transition écologique, transformation numérique, vieillissement de la population ou encore creusement des inégalités. Tous ces phénomènes ont été accélérés et élargis par la crise qui a montré que la dimension sanitaire est désormais aussi à prendre en compte. Plutôt que de vouloir absolument reconstruire le modèle économique né de la société de grande consommation et qui avait montré ses nombreuses limites, à commencer par l’épuisement des ressources, n’est-il pas temps d’accélérer la création d’un nouveau modèle de développement pour l’Île-de-France en profitant de l’énergie des acteurs et des moyens humains et financiers consacrés à la relance ? 
Plus précisément, ne faudrait-il pas profiter de la mobilisation des forces vives régionales engagées durant le Covid-19 pour lancer une démarche autour d’un projet francilien ambitieux et mobilisateur post-Covid-19 et qui serait fondé sur l’ambition d’améliorer la résilience de la région en s’appuyant sur un modèle de développement qui privilégie le « toujours mieux » au célèbre « toujours plus ». L’Île-de-France a-t-elle besoin d’attirer toujours plus de touristes si elle n’offre pas les conditions suffisantes en matière de sécurité sanitaire et d’hospitalité ? Pourquoi ne pas chercher à mieux intensifier les séjours des visiteurs existants pour qu’ils restent plus longtemps et découvrent de nouveaux lieux, créant ainsi des liens plus intenses avec les opérateurs touristiques et les habitants ? Ne faut-il pas également orienter les fonds consacrés à l’innovation vers davantage de projets permettant d’améliorer la résilience de filières économiques clés pour la région par le développement de start-up ou l’accueil de compétences internationales ? Et que dire des conditions d’accueil tellement déplorables pour des métiers clés comme les chauffeurs routiers, ces derniers ayant pourtant permis aux Franciliens et aux entreprises d’accéder à des biens durant le confinement ? Afin de pallier aux fermetures de plusieurs stations depuis le début du confinement, la réponse urgente apportée par la Région Île-de-France, pour améliorer un peu leur situation, a consisté à ouvrir en avril quatre lieux de repos pour leur permettre de faire une halte et de se rafraîchir. À l’avenir, ne faut-il pas mieux sécuriser les circuits d’approvisionnement de la région dans les plans de continuité d’activité ? Comment aussi être résilient si les conditions nécessaires à l’activité des « key workers », notamment dans leurs déplacements, ne sont pas assurées ? 
De nombreux pays, comme l’Allemagne ou l’Europe du Nord, et des territoires comme Barcelone, Copenhague, La Ruhr ou Singapour ont su s’engager sur cette voie en construisant une vision commune du futur qui s’est ensuite traduite par une stratégie de long terme en matière d’investissement. Le nouveau modèle francilien de ville humaine est un défi collectif mais qui est à portée de main, notamment du fait des capacités d’investissement qui sont mobilisées pour relancer le système économique, mais aussi des formidables atouts dont jouit l’Île-de-France et rappelés dans notre première chronique des confins. 

L’investissement

Sortir de la crise nécessite une politique ambitieuse d’investissement, véritable déterminant de la croissance à long terme d’une économie. En effet, elle peut créer des effets de levier indéniables sur le développement en agissant à la fois sur l’offre et la demande. Comme on a pu le constater avec le Grand Paris, une démarche d’investissement permet également, en fonction des thématiques choisies, d’engager fortement les individus autour de projets mobilisateurs, de leur donner foi en l’avenir. De nombreuses grandes métropoles mondiales rayonnent car elles proposent une vision forte de l’avenir qui donne du sens aux habitants, entrepreneurs, étudiants ou visiteurs. C’est le cas de la Silicon Valley ou de Boston pour qui la Tech repousse les limites du monde d’aujourd’hui, de Copenhague qui mobilise autour d’un modèle de ville humaine et apaisée, de Londres qui assume sa vision d’être un hub de business global, ou de Berlin qui se fonde sur sa créativité plutôt que sur son rôle de capitale de l’Allemagne. Quel projet rassemble les acteurs du Grand Paris au-delà de la construction d’un super-métro et des JOP de 2024 ? 
L’Île-de-France peut tirer profit du contexte actuel pour élaborer et mettre en œuvre un projet majeur de création de son modèle de développement d’une ville globale, inclusive, résiliente et humaine. En France, les investissements cumulés des agents économiques dépassent en moyenne annuelle les 530 milliards d’euros (Compte de la Nation 2018) auxquels vont s’ajouter les montants mobilisés par les pouvoirs publics et l’Europe pour relancer l’économie. Ces sommes considérables offrent des fenêtres d’opportunités inédites à utiliser, y compris dans les territoires, compte tenu du poids des investissements publics locaux dans les investissements publics.
Pour autant, les études d’impact ont montré que l’investissement n’a pas toujours les effets multiplicateurs attendus. Combien d’entre eux se sont avérés des erreurs stratégiques, des mésaccumulations de capital ? De plus, une économie n’est pas un objet mécanique que l’on répare en changeant une ou plusieurs pièces pour la faire redémarrer. C’est un véritable système vivant, dynamique qui se recompose en permanence. Investir dans un système économique pour agir sur sa transformation, c’est adopter une vision moins mécanique du monde dans laquelle les dimensions humaine, comportementale ou environnementale comptent aussi fortement. Une stratégie d’investissement partagée, y compris par la mobilisation des initiatives citoyennes, est plus que jamais nécessaire… à supposer de dépasser nos craintes et les risques de nous engager dans des stratégies du passé sans avenir. En effet, du fait de la peur née du Covid-19, le piège serait de vouloir se réassurer avec des désirs d’investissements réinventant de nouvelles lignes Maginot, qui seront, elles aussi, débordées par les futurs chocs et crises économiques. 

Réduire les vulnérabilités et accompagner les transformations doivent être au cœur du nouveau modèle francilien qui doit relever cinq grands défis, selon les économistes de L’Institut Paris Region : la sobriété, la résilience, la digitalisation, l’inclusion et la convivialité. Notre proposition est donc d’engager une stratégie d’investissement pour redonner de l’élan à l’Île-de-France tout en agissant sur sa transformation. Cinq domaines d’investissement nous apparaissent prioritaires, chacun d’entre eux étant illustré ci-après par des actions possibles :

  • Le capital productif : accompagnement de la transformation progressive des « business models » des entreprises aux grandes transformations, accélération du télétravail et de la digitalisation des activités liées aux événements professionnels (MICE), développement de l’économie circulaire, plan low-tech, sécurisation des chaînes logistiques pour les produits essentiels, amélioration des chaînes de valeur des filières stratégiques en comblant certains « trous dans la raquette » par relocalisation et création d’entreprises locales, transformation de la chaîne de valeur touristique, développement des efforts en matière de R&D et d’innovation, transformation du modèle touristique, etc. 
  • Le capital humain : accompagnement au développement de compétences clés des populations et salariés fragilisés par les grandes transformations, identification de compétences stratégiques - de tous niveaux de qualification - à attirer en Île-de-France pour accompagner la transformation du modèle de développement, accélération des investissements dans les universités, promotion des métiers « d’utilité sociale », améliorer l’accessibilité à des équipements sportifs de proximité.
  • Le capital relationnel et social : appui aux associations et initiatives citoyennes, développement de tiers lieux, amélioration qualitative des espaces publics et ouverts pour créer de la convivialité et du bien-être, appui aux acteurs de l’économie sociale et solidaire, renforcement des associations de services à la personne, identification des compétences des populations fragilisées et amélioration de leur insertion. 
  • Le capital en infrastructures : stratégie de souveraineté nationale ou européenne pour les infrastructures stratégiques, poursuite du développement des grandes infrastructures publics dont le Grand Paris Express, amélioration des conditions de voyage dans les transports en commun existants, décarbonation des transports publics et individuels, développement d’infrastructures numériques bas carbone, mix énergétique de proximité, réutilisation des espaces économiques en lien avec la diminution drastique de l’extension urbaine, multiplication des expérimentations territoriales, amélioration des conditions professionnelles des « key workers » en mobilité, etc. 
  • Le capital vert des milieux naturels et de la biodiversité : adaptation de l’Île-de-France aux changements climatiques (inondation, sécheresse, renaturation, etc.), reconquête de la biodiversité, transformation des productions agricoles et développement d’une agriculture de proximité, désimperméabilisation des sols, amélioration de la santé des habitants par le développement d’espaces verts de proximité et corridors écologiques, etc. 

« Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme » écrivait Lavoisier. L’incendie économique né du Covid-19 nous donne, presque paradoxalement, l’opportunité d’accélérer la transformation du modèle de développement de l’Île-de-France par des stratégies nouvelles d’investissement adossées à des dispositifs facilitant le retour de la confiance en l’avenir des Franciliens. L’occasion est là, il reste à s’en saisir. 

Vincent Gollain
Directeur du département Économie

 

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