Cette exposition est proportionnellement plus importante dans les territoires urbanisés, reflétant ainsi l’importance de l’occupation du sol et de l’imperméabilisation dans l’émergence du phénomène de ruissellement. Ainsi, les emprises des zonages d’aléas représentent de 5,5 % (PDR inférieure à 20 ans) à 9,8 % (PDR 100 à 200 ans) de la surface des communes de l’agglomération parisienne, et plus encore dans le cœur d’agglomération (Paris et première couronne).
L’intensité de l’aléa (débit de ruissellement de faible à très fort) peut se traduire aussi par des vitesses d’écoulement plus élevées, des hauteurs de submersion plus importantes, des durées de submersion plus longues… Le niveau de risque que reflètent les niveaux d’aléas cartographiés reste toutefois globalement faible : 94,2 % des surfaces sont exposées à des niveaux d’intensité faible à modérée pour le scénario PDR inférieure à 20 ans. Plus de 90 % des surfaces le sont encore dans le scénario PDR 100 à 200 ans.
Traditionnellement, les indicateurs de l’exposition humaine (population, logement, développement urbain) et socio-économique dans les zones à risque constituent les premiers éléments d’appréciation de la vulnérabilité potentielle d’un territoire aux risques naturels ou technologiques. À l’échelle régionale, le taux d’urbanisation moyen des zonages de l'aléa ruissellement atteint les 30,5 % (PDR 100 à 200 ans, source Mode d’occupation du sol - Mos 2021) :
- 17,9 % en espaces construits (habitat individuel et collectif, activités, équipements, infrastructures…),
- 12,6 % en espaces urbains ouverts (sports et de loisirs, espaces verts, campings, cimetières…).
Ce taux d’urbanisation élevé à l’échelle régionale masque cependant d’importantes disparités entre les territoires. Si dans les espaces ruraux, moins de 10 % des zones d’aléas sont urbanisées (dont 4,3 % d'espaces construits), ce taux dépasse les 50 % dans les communes de l’agglomération centrale, jusqu’à atteindre près de 90 % (dont 61,9 % d’espaces construits) dans les communes du cœur d’agglomération.
L’analyse des emprises bâties en zones de l'aléa ruissellement constitue un autre indicateur de l’exposition. C’est en effet sur les bâtis que porte la plus grande partie des atteintes et des dommages directs d’une inondation. À l’échelle régionale, ces emprises4 totalisent 25,7 millions de m² pour la PDR inférieure à 20 ans ; elles augmentent significativement avec l’évolution des périodes de retour pour atteindre 46,5 millions de m² pour le scénario PDR 100 à 200 ans. L’agglomération parisienne concentre plus de 80 % de ces enjeux :
- de 11,8 M m² (PDR inférieure à 20 ans) à 20,7 M m² (PDR 100 à 200 ans) dans les communes du cœur d’agglomération,
- de 8,9 M m² (PDR inférieure à 20 ans) à 16,9 M m² (PDR 100 à 200 ans) dans les autres communes de l’agglomération centrale.
La très grande majorité des bâtiments potentiellement exposés (87 %) s’inscrit dans les tissus d’habitats individuel et collectif : immeubles d’habitation, locaux techniques, dépendances, garages...
Si ces enjeux apparaissent comme très importants, il convient de rappeler que s’agissant d’événements souvent très circonscrits, liés à des épisodes de pluies intenses à caractère orageux, l’ensemble de ces surfaces et emprises n’est pas concerné simultanément à l’échelle de la région Île-de-France.
Un accroissement prévisible des inondations par ruissellement dans le futur
Comme pour d’autres risques naturels (retrait-gonflement des argiles, feux de forêts), le changement climatique qui devrait se traduire par une augmentation de la fréquence et de l’intensité des pluies violentes, expose le territoire à un accroissement des phénomènes de ruissellement au cours des prochaines décennies.
Le récent rapport du Grec5 francilien rappelle ainsi que « Les précipitations extrêmes ont augmenté en intensité depuis 1950 d’environ 10-20 % en moyenne, signe probable d’une influence du changement climatique », mais aussi que « l’intensité des précipitations extrêmes va poursuivre son augmentation, pour tous les types d’événements (courts ou longs), avec une augmentation des intensités d’environ 20 % d’ici la fin du siècle par rapport au passé récent pour les scénarios climatiques élevés. Cela augmente la probabilité de crues des rivières et d’inondations pluviales en l’absence d’adaptation spécifique ».
Les projections de la Caisse centrale de réassurance (CCR) qui s’appuient sur des modélisations de l’impact du changement climatique, mais aussi sur l’évolution des enjeux, vont dans le même sens. Elles révèlent un plus que doublement des pertes moyennes annuelles qui s’élèveraient pour cet aléa inondation à 89 millions d’euros/an6 à l’horizon 2050 contre 40 M€/an7 en moyenne en Île-de-France sur la période 1995-2016.