La marche à pied en Île-de-France

24 juin 2016ContactMireille Bouleau

La ville de Paris est un cas atypique avec plus de 52 % des déplacements réalisés à pied

Portée par un maillage de polarités relativement dense et un réseau de transport en commun structurant, l’Île-de-France est la région la plus marchée de France et l’une des métropoles les plus marchées au monde. Si par son extrême densité, la ville de Paris est un cas atypique avec plus de 52 % des déplacements réalisés à pied, le reste de la région reste également plus marché que les autres agglomérations françaises avec 42 % des déplacements faits à pied en petite couronne (loin devant l’agglomération marseillaise à 34 %) et 29 % en grande couronne. Par ailleurs, suivant une tendance qui s’observe dans la plupart des grandes capitales mondiales, la marche est en nette expansion depuis les années 2000.

Une pratique inégale selon les territoires

Ainsi, en 2010, près de 16 millions de déplacements sont réalisés chaque jour à pied en Île-de-France. Néanmoins, la marche à pied est loin de concerner équitablement tous les publics et tous les territoires. Mode privilégié des jeunes et des seniors, la marche est également d’une pratique plus courante chez les femmes et les ménages modestes. Ainsi, chaque jour en Île-de-France, 20 % des personnes mobiles (ayant réalisé au moins un déplacement dans la journée) sont des marcheurs exclusifs, ils n’utilisent aucun autre mode de déplacement sur la journée, 30 % sont des marcheurs multimodaux, utilisant plusieurs modes différents, et près d’une personne sur deux ne marche dans la journée que pour accéder à un mode de transport mécanisé. Les hommes actifs entre 35 et 54 ans sont les plus petits marcheurs.

Un transfert vers la marche permettrait de dé-saturer certains axes du centre

La marchabilité d’un territoire résulte d’une multitude de facteurs, allant de l’aménagement de la voirie, de la densité des équipements, notamment des équipements de proximité, mais aussi du relief, de la disponibilité du stationnement, etc. À densité comparable, on observe donc de fortes disparités entre territoires et ce, même aux portes de Paris. Certains territoires se trouvent très peu marchés, d’autres ne sont marchés que par une certaine tranche de la population, les seniors ou les jeunes. Ainsi, malgré sa situation déjà privilégiée, le potentiel de gain de la marche par rapport aux autres modes de transport reste très important en Île-de-France. À titre d’exemple, près de 600 000 déplacements sont réalisés chaque jour en transport collectif dans Paris intra-muros, alors qu’ils font moins de 2 km à vol d’oiseau. À l’image d’expérimentations réalisées à Bordeaux, un transfert vers la marche permettrait de dé-saturer certains axes du centre. De la même façon, de nombreux tous petits déplacements sont réalisés en voiture, notamment en grande couronne, grâce à la facilité du stationnement et la fluidité du trafic.

Un mode de transport à part entière nécessitant politique dédiée et aménagements

Maillon de base de la chaîne de déplacements, la marche à pied doit pour être valorisée et progresser, être considérée comme un mode de transport à part entière, nécessitant politique dédiée et aménagements. Dans de nombreux territoires franciliens et pour de nombreux types de déplacements, les transports collectifs se révèlent être une réponse soit déjà largement optimisée, soit économiquement peu viable. Mode « propre » par excellence et plus facile d’usage que d’autres modes doux, la marche répond au désir d’ancrage et de proximité des habitants et se trouve ainsi être un mode de plus en plus investi par les collectivités et les élus.

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