Les abandons dans les formations sociales
Cette étude menée par l’Observatoire régional de l’emploi et de la formation (OREF) dans le cadre des travaux de l’Observatoire régional des formations sanitaires et sociales qui réunit l’État (Drieets Île-de-France, Agence régionale de santé) et la Région Île-de-France, s’inscrit en continuité des constats nationaux du Livre blanc du travail social. Elle met en lumière les causes principales des abandons dans les formations d’assistant de service social, d’éducateur spécialisé, d’éducateur de jeunes enfants et d’accompagnant éducatif et social. L’analyse de différents indicateurs confirme d’abord la tension croissante dans un secteur social et médico-social pourtant essentiel, marqué par un déficit d’attractivité. Des entretiens réalisés auprès de divers acteurs de la formation et d’étudiants permettent ensuite d’éclairer les dynamiques qui mènent à des abandons du parcours de formation.
Ces dernières années, les profils des étudiants des formations sociales de niveau supérieur ont évolué. Plus jeunes, ils sont nombreux à ne pas avoir d’expérience préalable du secteur, rendant la confrontation aux réalités du terrain plus difficile. Le nombre de bacheliers professionnels et technologiques au sein de ces formations a également augmenté. Ces néo-bacheliers sont souvent moins préparés aux exigences des études supérieures, tant sur le plan académique que méthodologique, ce qui peut freiner leurs parcours. Les établissements répondent à ces évolutions en adaptant les dispositifs d’accueil et d’accompagnement dès l’entrée en formation.
L’orientation des lycéens vers ces formations pose actuellement question. La méconnaissance des métiers du social et de leurs formations contribue à des orientations peu construites, renforçant les risques d’abandon. Nombreux sont ceux qui arrivent dans ces formations par choix secondaire ou par défaut, ce qui fragilise leur engagement dans le parcours de formation et les dynamiques d’apprentissage au sein des établissements. Il apparaît essentiel de renforcer l’information et la sensibilisation à ces métiers dès le lycée et de soutenir les initiatives locales d’immersion dans le secteur ou dans les formations qui se développent.
En parallèle de ces évolutions, les conditions de vie des étudiants semblent constituer un frein à la poursuite des parcours. Les contraintes financières pèsent lourdement sur le quotidien de certains étudiants, notamment en Île-de-France où l’accès aux services universitaires est souvent limité pour ces étudiants qui ne partagent pas de proximité géographique avec les campus universitaires. Dans ce contexte, le recours à l’apprentissage est en augmentation et semble préserver des difficultés économiques à l’origine de certains abandons. Les établissements sont également confrontés à une montée des problématiques d’ordre psychosocial, rendant les étudiants plus vulnérables aux réalités complexes du travail social. Ceci s’ajoute aux difficultés rencontrées face aux conditions de travail dégradées observées sur les terrains de stage, qui amènent les étudiants à questionner leur engagement dans ce secteur.
En comparaison, les élèves des formations d’accompagnant éducatif et social, qui sont en moyenne plus âgés et plus expérimentés professionnellement, présentent davantage de difficultés liées à leur niveau de formation et de difficultés d’ordre personnel. Si les établissements développent leur accompagnement des premières par des remises à niveau ou des groupes de soutien, les interruptions en raison des secondes leur paraissent stable dans le temps.
Face à ces différents constats, les établissements de formation renforcent le suivi individualisé de leurs étudiants. Ils développent des dispositifs qui visent à consolider les acquis pédagogiques et incluent de plus en plus fréquemment le soutien psychologique et social. Cependant, cet accompagnement est coûteux en termes de temps et de ressources humaines, et nécessite un engagement fort des différents acteurs du secteur pour faciliter l’accès et l’information de ces étudiants aux différents dispositifs d’aide existants.
Les abandons dans les formations sociales sont actuellement le reflet des difficultés vécues dans le secteur du travail social par les structures et les professionnels. Pour endiguer la baisse d’attractivité des métiers et des formations de ce secteur, il apparaît indispensable de repenser l’orientation des étudiants, notamment en renforçant les synergies avec les autres filières de l’accueil et du soin, et de soutenir le développement des initiatives portées par les établissements de formation au travail social pour s’ajuster au mieux aux problématiques de leurs étudiants.
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