Une personne est en situation de précarité énergétique lorsqu’elle n’est pas en capacité de se chauffer correctement. La faiblesse de ses revenus et la mauvaise isolation de son logement en sont les principales causes. Deux indicateurs permettent d’estimer l’ampleur du phénomène : le froid ressenti à l’intérieur de l'habitat et le taux d’effort énergétique, à savoir la part des revenus consacrée à la facture d’énergie.
Selon l’édition 2022 du Baromètre des Franciliens, 22 % des habitants de la région indiquent souffrir du froid dans leur logement en hiver. Les locataires du parc privé sont les plus touchés, d’autant plus si leur habitat est peu performant (en Île-de-France, presque un quart des logements sont classés F ou G).
D'après les derniers travaux de modélisation d’Energies Demain (base Enerter*), 25 % des ménages franciliens (1 260 000) dépensent plus de 8 % (environ deux fois le taux d’effort énergétique médian en Île-de-France) de leur budget dans l'énergie de leur logement. Les plus pauvres (3 premiers déciles de revenus) sont particulièrement concernés puisque 60 % d’entre eux sont en situation de précarité énergétique selon l’indicateur du taux d’effort. Deux profils se distinguent : les propriétaires modestes de maisons individuelles et les jeunes locataires du parc ancien. La précarité énergétique touche ainsi de nombreux Franciliens qui peuvent être plus ou moins exposés selon le type d’habitat, le mode de chauffage, l’époque de construction et le niveau de leurs revenus. Nous avons sélectionné ci-après nos principales productions sur le sujet.
* À partir du Recensement Général de la Population (INSEE 2017), la consommation énergétique de chaque logement est modélisée selon ses caractéristiques, en s’appuyant sur la dernière méthodologie 3CL (2021), utilisée pour établir les diagnostics de performance énergétique. La facture énergétique (selon les prix de l’énergie en 2023) et les revenus des ménages sont également modélisés afin de calculer un taux d’effort qui va permettre de repérer l’intensité des situations de précarité énergétique à l’échelle des Iris.
La précarité énergétique, c'est quoi ?
Dans les années 1970, au Royaume-Uni, apparaît la notion de fuel poverty, portée par des associations souhaitant alerter les pouvoirs publics sur les conséquences sanitaires de la précarité énergétique et sur le lien entre la mauvaise qualité du logement et les risques de mortalité. En 1991, l’ouvrage de référence Fuel Poverty, de Brenda Boardman, établit un indicateur de précarité énergétique. En France, l’année 2007 marque l’émergence de la précarité énergétique dans la littérature scientifique et principalement dans les travaux d’Isolde Devalière qui la définit comme « l’imbrication d’une situation sociale et économique fragile, d’un logement insalubre (ou de mauvaise qualité thermique) et d’un accès à l’énergie problématique, dans un contexte de crise du logement ».
En 2010, la précarité énergétique est définie de manière officielle par la loi du 12 juillet, dit Grenelle 2 : « Est en situation de précarité énergétique au titre de la présente loi une personne qui éprouve dans son logement des difficultés particulières à disposer de la fourniture d'énergie nécessaire à la satisfaction de ses besoins élémentaires en raison de l'inadaptation de ses ressources ou de ses conditions d'habitat ».