Lancé en 2018, Parcoursup a désormais atteint sa maturité après plusieurs années d'ajustements et d'expérience. Il est désormais possible de dresser un bilan de ce dispositif : que révèle-t-il sur l'adéquation entre l'offre et la demande de formation supérieure dans notre région ? Quelles spécificités caractérisent une métropole-capitale en la matière, et quels déséquilibres sont mis en lumière ?
À l’heure où les lycéens découvrent les résultats de la première phase d’admission, ce premier numéro des Chroniques de Parcoursup propose une analyse de l’offre et de la demande en matière d’enseignement supérieur en Île-de-France, telles qu’elles se dessinent dans les informations enregistrées sur Parcoursup en 2024. Grâce aux données mises à disposition en open data par le ministère de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'Innovation (hors formations en apprentissage), il est possible d’observer l'offre à l'entrée dans l’enseignement supérieur, la répartition géographique, le profil des futurs étudiants et leur accès effectif aux formations proposées.
Effet ciseau entre offre et demande de formation
L’offre de formation sur la plateforme Parcoursup a beaucoup augmenté les premières années suivant son lancement en 2018, notamment en raison de l’intégration de nouvelles formations. Entre 2019 et 2020, près de 8 800 places supplémentaires apparaissent avec l’ajout de certaines formations sanitaires, mais également celles proposées par les instituts d’études politiques, des écoles supérieures d’art, de cuisine, ou des formations bac + 3. Le nombre de places offertes augmente également dans certaines filières déjà présentes, telles que la formation au diplôme d’état (DE) d’infirmier ou les écoles de commerce et de management. Ces mêmes filières, ainsi que les écoles d’ingénieurs, alimentent ensuite la croissance entre 2020 et 2021. Par la suite, l’offre continue de croître mais à un rythme moins soutenu. À la rentrée 2021, les BUT (bachelors universitaires de technologie), préparés en 3 ans, remplacent les DUT (diplômes universitaires de technologie), préparés en 2 ans1.
Si l’offre de formation stagne, tel n’est pas le cas de la demande. Après le pic de 2020, où les bacheliers2 sont particulièrement nombreux en raison des conditions favorables de passage du diplôme liées à la pandémie de covid-19, le nombre de diplômés du baccalauréat se stabilise, à un niveau bien supérieur à celui de 2019 (9 200 bacheliers de plus). La réforme du baccalauréat à partir de la rentrée 2019-2020, avec une forte part de contrôle continu, explique probablement cette évolution. L’estimation du nombre de bacheliers augmente à nouveau à partir de 2022, suivant le volume des naissances 18 ans plus tôt, accroissant ainsi le nombre de vœux émis par place. À cela s’ajoute une meilleure intégration de la plateforme par les instituts de formation mais également la difficulté constatée d’être admis dans la filière de son choix, poussant les candidats à élargir le champ et le nombre de leurs vœux afin d’augmenter leurs chances de trouver une formation. Cette situation est visible dans le graphique ci-dessous, la courbe en tirets orange représentant le nombre moyen de vœux par candidat3.