L'espérance de vie en Île-de-France : des progrès importants, mais inégalement répartis

Les Franciliens - Territoires et modes de vie   Sommaire

25 mars 2021ContactValérie Féron

L’évolution de l’espérance de vie et les causes de mortalité en Île-de-France sont des mesures utiles pour qualifier l’état de santé des Franciliens. Leur analyse permet d’appréhender les enjeux majeurs de santé publique et leur distribution sur le territoire. Malgré une espérance de vie élevée et des indicateurs de santé globalement favorables, de fortes disparités sociales et territoriales de santé sont observées dans la région.

En France, en 2019, l’espérance de vie* à la naissance est de 85,6 ans pour les femmes et de 79,7 ans pour les hommes, contre respectivement 83,7 et 79,2 ans en moyenne dans les pays de l’Union européenne (UE) en 2018. De fait, l’espérance de vie des Françaises est l’une des plus élevées de l’UE : seule l’Espagne (86,3 ans) devance la France. Pour les hommes, la situation est un peu moins favorable : si l’espérance de vie des Français reste au-dessus de la moyenne de l’UE, elle se situe en deçà des niveaux observés dans neuf pays, en particulier l’Italie, l’Espagne et la Suède (entre 81,2 ans et 80,9 ans). 

Les Franciliens vivent en moyenne plus longtemps que les Français

Dans ce contexte globalement favorable, l’Île-de-France est la région française où l’on vit le plus longtemps. L’espérance de vie à la naissance des hommes – 81,4 ans en 2019 – est la plus élevée de toutes les régions et celle des femmes – 86,1 ans – arrive en deuxième position après la Corse. 
 

Chiffres clés

 86,1 ans

Espérance de vie des Franciliennes en 2019

 81,4 ans

Espérance de vie des Franciliens en 2019 

21 %

des décès surviennent avant 65 ans

2,2 années

d’espérance de vie en moins chez les femmes en Seine-Saint-Denis par rapport à Paris

2,6 années

d’espérance de vie en moins chez les hommes en Seine-Saint-Denis par rapport aux Hauts-de-Seine

Si l’espérance de vie n’a cessé d’augmenter en France et en Île-de-France depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, le rythme de croissance semble plus modéré sur la période récente, dépendant des aléas épidémiques ou caniculaires. Les données 2020, marquées par la crise de la Covid-19, viendront accentuer ce constat. Ces cinq dernières années, en France comme en Île-de-France, les hommes ont gagné près de 0,5 année d’espérance de vie et les femmes 0,2 an. Historiquement, la baisse de la mortalité infantile* jouait un rôle important dans l’augmentation de l’espérance de vie. Entre 1947 et 1997, elle expliquait un tiers des gains d’espérance de vie à la naissance. Elle est désormais très faible et ne peut plus susciter de nouveaux gains significatifs. Depuis 1997, c’est la baisse de la mortalité après 70 ans qui engendre les gains d’espérance de vie, surtout pour les femmes, chez qui elle explique les deux tiers de la hausse de leur espérance de vie à la naissance. 

En 2003, on observe cependant une baisse ponctuelle de l’espérance de vie pour les deux sexes, due à une surmortalité exceptionnelle chez les personnes âgées lors de la canicule estivale.

Si les femmes continuent à vivre en moyenne plus longtemps que les hommes, la progression de l’espérance de vie à la naissance est plus rapide pour les hommes que pour les femmes, si bien que l’écart entre les deux sexes ne cesse de se réduire. Il était de 7,7 ans en 1990 puis de 6,6 ans en 2000 ; il est désormais de 4,7 ans en 2019. Cet écart entre hommes et femmes est moins marqué qu’au niveau national où il atteint 5,9 ans. La structure socialement favorisée de la région Île-de-France peut en partie expliquer la faiblesse de cet écart. En effet, les écarts entre hommes et femmes sont plus importants parmi les plus défavorisés et moins importants parmi les plus favorisés. Si l’on prend l’exemple du revenu, la différence d’espérance de vie entre hommes et femmes s’élève de 3,9 ans chez les 5 % les plus riches, contre 8,3 ans parmi les 5 % les plus pauvres.

L'Île-de-France présente d'importantes disparités en termes d’espérance de vie...

Si l’espérance de vie en Île-de-France est globalement plus élevée, cette moyenne masque de fortes disparités entre les espaces qui composent ce territoire. Par exemple, au niveau des départements, on observe pour les hommes comme pour les femmes des espérances de vie à la naissance plus élevées à Paris, dans les Hauts-de-Seine et les Yvelines qu’elles ne le sont en Seine-Saint-Denis, en Seine-et-Marne et dans le Val-d’Oise. Ces trois derniers départements présentent même, pour les femmes, des espérances de vie inférieures aux moyennes nationales. 

Chez les hommes, la différence d’espérance de vie atteint 2,6 ans entre les Hauts-de-Seine et la Seine-Saint-Denis. Chez les femmes, cette différence s’élève à 2,2 ans entre Paris et la Seine-Saint-Denis. Ces écarts s’expliquent en grande partie par le profil sociodémographique des départements. À âge et sexe égal, les conditions de vie et l’état de santé des habitants sont liées au niveau de revenu, au niveau d’études et à la position sociale. En France, les hommes les plus diplômés peuvent espérer vivre 4,3 ans de plus que les moins diplômés. De même, les hommes cadres ont une espérance de vie de 6 ans de plus que les hommes ouvriers. 

Tous les indicateurs – que ce soit l’état général de santé déclaré, la mortalité, la mortalité prématurée, l’espérance de vie, la morbidité déclarée ou mesurée, ou le recours aux soins – font apparaître un gradient. Ce phénomène est connu sous le terme de « gradient social de santé ». 

Ces inégalités spatiales s’observent fortement au niveau des cantons et arrondissements parisiens : les plus socialement favorisés ont une plus forte espérance de vie que les plus défavorisés. Les écarts maximum entre ces territoires sont de près de 8 ans pour les hommes : 84,7 ans dans le 16e arrondissement contre 76,9 ans dans le canton de Villeneuve-Saint-Georges et de près de 7 ans pour les femmes : 89,5 ans dans le 16e arrondissement et de 82,8 ans dans le canton de Saint-Denis-2.

... qui reflètent les inégalités socio-spatiales franciliennes

Ces disparités peuvent être qualifiées d’inégalités puisqu’elles reflètent le « gradient social de santé » aujourd’hui largement connu et documenté : plus on descend le long de l’échelle sociale, moins bons sont les indicateurs de santé. En France, par exemple, les hommes les plus aisés (les 5 % les plus aisés) ont une espérance de vie de 84,4 ans contre 71,7 ans pour les 5 % les plus pauvres, soit une différence de 12,7 ans. Par ailleurs, à 35 ans, les hommes cadres peuvent espérer vivre 6 ans de plus que les hommes ouvriers.
Ainsi, les disparités d’espérances de vie au sein des espaces franciliens reflètent en large partie les inégalités socio-spatiales territoriales.
 

Au-delà de l’espérance de vie, l’espérance de vie sans incapacité

Dans un contexte de vieillissement de la population, on peut compléter l’espérance de vie à la naissance avec l’espérance de vie sans incapacité*. Un indicateur qui combine une dimension quantitative et une dimension qualitative pour mieux apprécier le bénéfice des années de vie supplémentaires. Il mesure le nombre d’années qu’une personne peut compter vivre sans souffrir d’incapacité dans les gestes de la vie quotidienne.

En 2018, l’espérance de vie sans incapacité s’élève en France à 65,5 ans pour les femmes et 63,4 ans pour les hommes. Pour les femmes, cet indicateur baisse légèrement par rapport à 2017 (-5 mois) et progresse de 10 mois pour les hommes. Si les Françaises vivent plus longtemps que les Français, elles passent aussi plus de temps avec des incapacités que les hommes. En France, en 2018, les femmes de 65 ans peuvent espérer vivre encore 23,8 ans, dont 47 % de ces années seront en bonne santé, sans incapacité. En Suède, par exemple, l’espérance de vie à 65 ans est plus faible (21,6 ans), mais ce sont 73 % des années leur restant à vivre qui seront en bonne santé. 
Au niveau départemental, les variations dans l’espérance de vie sans incapacité sont très importantes et dépassent celles observées pour l’espérance de vie. Ainsi, entre les départements français en 2014, on observe une différence de près de 7 ans d’espérance de vie sans incapacité à 60 ans chez les femmes et près de 5,5 années chez les hommes (contre respectivement 2,8 et 4,2 ans pour l’espérance de vie au même âge).

Mortalité au fil des âges : un profil caractéristique de l’Île-de-France

En 2015, on compte près de 75 000 décès en Île-de-France (36 926 hommes et 37 712 femmes). La région présente une sous-mortalité générale par rapport à la France : -13 % pour les hommes et -9 % pour les femmes. 

La mortalité infantile est plus élevée en Île-de-France qu’en France...

En France, comme en Île-de-France, le taux de mortalité infantile* (nombre de décès d’enfants de moins de 1 an pour 1 000 naissances vivantes) n’a cessé de diminuer depuis le début du XXe siècle pour atteindre aujourd’hui un niveau historiquement bas, comparable à ce qui est observé en moyenne dans les pays de l’UE. 
En moyenne, dans l’UE, le taux de mortalité infantile en 2016 est, en effet, de 3,6 ‰. Plus faible en Finlande (1,9 ‰) ou en Slovénie, Estonie et Suède (taux inférieurs à 2,5 ‰), il atteint respectivement 7,0 et 7,4 ‰ en Roumanie et à Malte. Le niveau français (3,7 ‰) est intermédiaire, plus faible qu’au Royaume-Uni (3,8), mais plus élevé qu’en Allemagne (3,4), qu’en Italie (2,8) et qu’en Espagne (2,7).
La mortalité infantile est depuis plusieurs années plus élevée en Île-de-France (4,0 ‰) qu’en France métropolitaine (3,5 ‰), où le taux régional le plus bas est observé dans les Pays de la Loire (3,0 ‰) et le plus élevé en Centre-Val de Loire (4,3 ‰). L’Île-de-France est la deuxième région française avec le taux de mortalité infantile le plus fort. Le grand nombre de naissances, l’inégale répartition de l’offre de soins en périnatalité sur le territoire et le profil sociodémographique de la population peuvent expliquer ce taux élevé.
Encore une fois, il existe de fortes disparités entre les départements franciliens : les plus fortes mortalités infantiles s’observent en Seine-Saint-Denis ou dans le Val-de-Marne (5,2 ‰), puis dans le Val-d’Oise (4,6 ‰). Les plus faibles sont dans les Yvelines, les Hauts-de-Seine et en Seine-et-Marne (3,2 ‰).

… mais la mortalité prématurée francilienne est la plus faible de France métropolitaine

La mortalité prématurée* est constituée –  par convention – de l’ensemble des décès survenus avant l’âge de 65 ans. En 2015, parmi les 75 000 décès franciliens, 21 % sont survenus avant 65 ans. Ces décès, dits prématurés, concernent plus fréquemment les hommes (65 %) et sont principalement dus à des cancers (41 %), aux maladies de l’appareil circulatoire (11,5 %), ou à des traumatismes et empoisonnements, par exemple les accidents ou les suicides (10 %). En comparaison, les tumeurs représentent 30 % des décès totaux et 21 % pour les maladies de l’appareil circulatoire.
Depuis 1990, la mortalité prématurée a diminué de 45 % en Île-de-France, à un rythme plus rapide qu’en France métropolitaine (-37 %). L’Île-de-France est désormais la région hexagonale qui affiche la mortalité prématurée la plus faible. Elle concerne 154 décès pour 100 000 habitants, contre 178 en France métropolitaine, avec, chez les hommes, un niveau bien inférieur à la moyenne nationale (-15,7 %). La différence est un peu moins nette chez les femmes (-8,4 %).
La baisse, plus importante pour les hommes d’Île-de-France, est en grande partie due à la diminution de la mortalité par sida depuis le milieu des années 1990.

Un gradient socio-spatial qui se décline aussi pour la mortalité prématurée

L’observation de la mortalité prématurée fait également apparaître un gradient social, que ce soit au niveau départemental ou à des niveaux plus fins (cantons). 
Dans le cas de la mortalité prématurée, il semblerait que ces importantes disparités territoriales reflètent les inégalités de structure sociodémographique entre territoires. Toutefois, elles peuvent également traduire des inégalités de répartition, d’accessibilité et de recours à l’offre de soins.

Une situation défavorable face à certaines pathologies, comme le cancer du poumon chez les femmes

En Île-de-France, comme sur l’ensemble de la France, les principales causes de décès* sont les tumeurs et les maladies de l’appareil circulatoire, responsables respectivement de 55 % et 51 % des décès chez les Franciliens et Franciliennes, et de 56 % et 52 % des décès chez les Français et Françaises. 
Les mortalités par maladies circulatoires et par tumeurs ont diminué respectivement de 3,6 % et 1,5 % par an au cours des trois dernières décennies. La diminution de la mortalité circulatoire est due à la « révolution cardiovasculaire » qu’ont constitué les progrès de la prévention et des traitements dans ce domaine. Quant à la mortalité par tumeurs, elle diminue grâce à la mise en place du dépistage organisé, aux diagnostics plus précoces, à l’amélioration des traitements et à la réduction des comportements à risques comme le tabagisme.
 

Bien que l’Île-de-France affiche une mortalité inférieure au niveau national pour les principales causes de décès, la mortalité par tumeurs reste comparable avec celle du niveau hexagonal chez les femmes, alors qu’elle est inférieure de 10 % chez les hommes. Cette différence de niveau entre les hommes et les femmes d’Île-de-France, par rapport à la France métropolitaine, peut s’expliquer par une surmortalité par cancer du poumon des Franciliennes (+6 %) et une surmortalité par cancer du sein (+4 %). Cette surmortalité par cancer du poumon est observée seulement à Paris (16 %) et dans les Hauts-de-Seine (10 %). Pour les autres cancers, les niveaux de mortalité des Franciliennes sont soit comparables, soit inférieurs.

Fort recul de l’épidémie de VIH/sida en Île-de-France, première région concernée

L’Île-de-France est la région de France métropolitaine la plus touchée par le VIH/sida : 40 % des cas y sont aujourd’hui recensés. Sur la période 2013-2015, avec 128 décès en moyenne par an, les niveaux franciliens de mortalité par sida sont très nettement supérieurs aux niveaux nationaux (79 % chez les hommes et 92 % chez les femmes). 
Pour autant, la mortalité par VIH/sida a fortement régressé à partir de 1996 avec la diffusion des traitements antirétroviraux. Ces derniers ont également contribué à faire diminuer le nombre de nouveaux cas de VIH/sida.
 

Des effets sanitaires de la pollution atmosphérique

En 2007-2008, 100 % de la population francilienne habitait dans des communes exposées à des concentrations moyennes annuelles de particules dépassant la valeur recommandée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
Or, l’exposition à la pollution a de fortes conséquences sur l’état de santé des populations : elle agit aux niveaux respiratoire et cardiovasculaire, peut provoquer des troubles de la reproduction et du développement de l’enfant, ou encore des maladies endocriniennes ou neurologiques. 
En France, si toutes les communes atteignaient les concentrations les plus faibles observées dans les communes équivalentes (en termes de type d’urbanisation et de taille), 34 000 décès seraient évités chaque année, et les personnes de 30 ans gagneraient en moyenne 9 mois d’espérance de vie.
En Île-de-France, 7 000 décès seraient évités chaque année, avec un gain moyen de 11 à 13 mois d’espérance de vie à 30 ans, selon la typologie de la commune.

Une Île-de-France en meilleure santé, mais des inégalités qui se creusent

Depuis 1990, on remarque en Île-de-France une progression de l’état de santé de ses habitants : allongement de l’espérance de vie à la naissance, diminution de la mortalité générale, prématurée et infantile. La région présente globalement des indicateurs sociodémographiques favorables ainsi que des indicateurs de santé meilleurs que la moyenne nationale, surtout chez les hommes : espérances de vie à la naissance les plus élevées, plus faible mortalité générale et prématurée… 
Néanmoins, au niveau infrarégional, force est de constater que les progrès accomplis ne sont pas uniformes sur le territoire. Les importantes inégalités sociales conduisent à des différences substantielles de mortalité. 
Les fortes inégalités socio-spatiales sont de plus en plus mises en évidence par des crises sanitaires (sida, résurgence de certaines pathologies comme la rougeole, la tuberculose, etc.), des crises « environnementales » (canicules, pollutions, effet du réchauffement climatique), ou encore avec la pandémie de la Covid-19 pour laquelle les données de 2020 et 2021 viendront corroborer ce constat.
En révélant au grand jour les inégalités socio-spatiales, la crise que nous traversons nous permettra-t-elle d’avancer vers un monde post-Covid moins inégalitaire et plus durable ?
 

Valérie Féron

Statisticienne à l’Observatoire régional de santé (département de L'Institut Paris Region). Valérie est chargée du calcul d’indicateurs en vue d’améliorer la connaissance sur les déterminants de santé, sur les inégalités sociales et territoriales de santé, sur les pathologies et leur évolution et sur la qualité de vie des différents groupes de population. Ces indicateurs sont issus de différentes bases de données, comme le Système national des données de santé (SNDS) qui regroupent les données de l’assurance maladie et les hospitalisations, ou encore la base des causes de décès du CépiDc de l'Inserm. 

Méthode et définitions

Causes des décès
Décès dus aux cancers
Les cancers correspondent aux codes CIM10 = C00-D48 (cause initiale) :
- le cancer de la trachée, des bronches et du poumon correspond aux codes CIM10 = C33-C34 (cause initiale).
- le cancer du côlon-rectum correspond aux codes CIM10 = C18-C21 (cause initiale).
- le cancer du sein correspond aux codes CIM10 = C50 (cause initiale). Les indicateurs sont présentés pour le cancer du sein chez la femme.
- le cancer de la prostate correspond aux codes CIM10 = C61 (cause initiale).
Décès dus aux maladies cardiovasculaires
Les décès par maladie cardiovasculaire ou de l’appareil circulatoire correspondent aux codes CIM10 = I00-I99 (cause initiale). 
Décès par traumatisme et empoisonnement
Ils regroupent les causes suivantes (cause initiale) :
- accidents (CIM10 = V01-X59) ;
- lésions auto-infligées (CIM10 = X60-X84) ;
- agressions (CIM10 = X85-Y09) ; 
- événements dont l’intention n’est pas déterminée (CIM10 = Y10-Y34) ;
- interventions de la force publique et faits de guerre (CIM10 = Y35-Y36) ;
- complications de soins médicaux et chirurgicaux (CIM10 = Y40-Y84) ;
- séquelles de causes externes de morbidité et de mortalité (CIM10 = Y85-Y89) ;
- facteurs supplémentaires se rapportant aux causes externes de morbidité et de mortalité classées ailleurs (CIM10 = Y90-Y98).

Espérance de vie
L’espérance de vie à la naissance représente la durée de vie moyenne des populations, une fois annulé l’effet de la structure par âge de cette population. Elle caractérise la mortalité indépendamment de la structure par âge. Elle représente la durée moyenne de vie d’une génération fictive soumise, à chaque âge, aux taux de mortalité observés dans la commune au cours de la période considérée. 
L’espérance de vie à l’âge « x » (35 ou 60 ans par exemple) représente le nombre moyen d’années restant à vivre au-delà de cet âge « x » (dans les conditions de mortalité par âge de la période considérée et une fois annulé l’effet structure par âge comme pour l’espérance de vie à la naissance).

Espérance de vie sans incapacité (EVSI)
L'EVSI, ou espérance de vie en bonne santé, sont des indicateurs qui combinent les données de mortalité et d’incapacité pour rendre compte de la « qualité » des années de vie. Les indicateurs d’espérance de vie en bonne santé combinent les données de mortalité et de santé. Ils indiquent le nombre moyen d’années vécues en bonne et en mauvaise santé au sein de l’espérance de vie totale, compte tenu des conditions de mortalité et de santé du moment. Il existe autant d’indicateurs d’espérance de vie en bonne santé que d’indicateurs de santé (bonne santé perçue, sans maladies chroniques, sans incapacité, sans dépendance).

Mortalité
Taux de mortalité infantile : indicateur calculé en rapportant le nombre d'enfants morts avant l'âge de 1 an au nombre total d’enfants nés vivants. Cette statistique est exprimée pour 1 000 naissances (‰).
Taux de mortalité prématurée : nombre de décès, au cours de l’année, d’individus âgés de moins de 65 ans, rapporté à la population totale des moins de 65 ans, de la même année. Avant 65 ans, le poids des comportements à risque (alcoolisme, tabagisme, conduites dangereuses, etc.), ou des expositions défavorables à la santé (expositions professionnelles, etc.) sur la mortalité, est particulièrement important. Cet indicateur est donc utilisé pour mesurer les décès qui pourraient être évités par une amélioration des pratiques de prévention, des conditions de vie, etc. Il est par ailleurs un marqueur des inégalités socio-spatiales de mortalité. 
Taux standardisé ou comparatif de mortalité : taux que l’on observerait dans le territoire étudié s’il avait la même structure par âge que la population de référence, population France entière au recensement 2006. Les décès sont classés en âge révolu. L’indicateur est calculé sur trois années et exprimé pour 100 000 habitants. La standardisation est une méthode utilisée lorsque l’on souhaite comparer des populations. Les données sanitaires sont très dépendantes de la structure de la population sous-jacente : ainsi une population plus jeune aura un taux brut de mortalité (nombre de décès pour 100 000 habitants) moins élevé qu’une population plus âgée. Des tests de comparaison sont établis entre les différents niveaux géographiques étudiés : les taux des territoires sont comparés à ceux de la région Île-de-France.

Références

• Blanpain Nathalie, « L’espérance de vie par niveau de vie : chez les hommes, 13 ans d’écart entre les plus aisés et les plus modestes », Insee Première, n° 1687, Insee, février 2018.
• Blanpain Nathalie, L’espérance de vie par catégorie sociale et par diplôme. Méthode et principaux résultats, document de travail, n° F1602, Insee, février 2016.
• Deroyon Thomas, « En 2018, l’espérance de vie sans incapacité est de 64,5 ans pour les femmes et de 63,4 ans pour les hommes », Études et résultats, n° 1127, Drees, ministère des Solidarités et de la Santé, octobre 2019.
• Host Sabine, Legout Céline, Impact de l’exposition chronique à la pollution de l’air sur la mortalité en France : point sur la région Île-de-France, Observatoire régional de santé (ORS) Île-de-France, cellule d’intervention en région (Cire) Île-de-France de l’Agence régionale de Santé/Santé publique France, juin 2016.
• Laborde Caroline, Crouzet Maude, Carrère Amélie, Cambois Emmanuelle (2020), “Contextual factors underpinning geographical inequalities in disability-free life expectancy in 100 French départements”, in European Journal of Ageing: Social, Behavioural and Health Perspectives. doi.org/10.1007/s10433-020-00589-0
• Laborde Caroline, Tissot Ivan, Trigano Lauren, « Incapacité et dépendance des personnes âgées : près de 170 000 Franciliens en perte d’autonomie », Insee Analyse Île-de-France, n° 68, Insee, septembre 2017.
• Lang Thierry, « Les inégalités de santé », dans Les Tribunes de la santé, n° 43, 2014/2, pp. 31-38.
• Papon Sylvain, « Les gains d’espérance de vie se concentrent désormais aux âges élevés », Insee Focus, n° 157, Insee, juin 2009.
• OCDE, Health at a Glance: Europe 2020 : State of Health in the EU Cycle. cutt.ly/oz9JWnc
• Pison Gilles, « Pourquoi l’espérance de vie augmente-t-elle moins vite en France ? » Population & Sociétés, n° 564, Ined, mars 2019.

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