Le Grand Paris des continuités

Proposition d'itinéraires de mobilités actives dans le Grand Paris

23 juin 2025Stéfan Bove

L'intention

Ce travail cartographique est le fruit d’une collaboration entre L’Institut Paris Région, la Société des grands projets et Enlarge Your Paris, qui vise à promouvoir la mobilité durable vers les espaces naturels, culturels ou de loisirs depuis les gares du Grand Paris Express.

Les territoires reliés par le GPE sont composés de nombreux parcs, coulées vertes, promenades, bois et forêts. Ces aménités représentent un fort potentiel de mise en valeur patrimoniale et constituent un atout majeur pour l’attractivité du Grand Paris. La fréquentation de ces espaces naturels dépend étroitement de leurs conditions d’accès, que le réseau de transport et les aménagements urbains viendront conjointement améliorer.

Néanmoins, aujourd’hui, on constate à l’échelle du GPE et de la métropole du Grand Paris une carence relativement forte en espaces naturels, ainsi qu’un manque d’aménagements piétons et cyclables de qualité permettant de s’y rendre facilement. S’ils existent ou sont en projet dans le cadre notamment des démarches de pôles d’échanges du GPE initiés par la Société des grands projets et Île-de-France Mobilités ils demandent à être complétés par un réseau unifié et cohérent à l’échelle métropolitaine.

Nous partageons ici une vision prospective du développement des continuités cyclables, piétonnes et écologiques en relation avec le réseau du GPE et les espaces naturels voisins. En s’appuyant sur les différentes possibilités qu’offrent des trames vertes et bleues, nous proposons d’approfondir le lien entre réseaux écologiques et réseaux de déplacements actifs en favorisant leur association.

Pour concrétiser cette vision, un travail collectif et partenarial devra être engagé, un processus que nous souhaitons poursuivre et étendre.

La méthode

La carte intitulée « Le Grand Paris des continuités » propose la vision projetée à l'horizon 2035 des continuités de mobilités actives donnant accès à des sites d'intérêt naturels, de loisirs et patrimoniaux, à partir des gares du GPE.

Les tracés représentés en pointillés de couleur s'appuient sur des trames vertes et bleues existantes ou en projet, qui connaissent déjà d’importants flux piétons ou cyclistes : grands axes de circulation, voies vertes, pistes cyclables, chemins de randonnée, etc.

  • Les continuités « vertes » désignent les coulées vertes ou les voies reliant une gare ou un espace vert à un autre espace vert ;
  • Les continuités "bleues" correspondent aux promenades aménagées le long des berges ou aux voies permettant de relier une gare ou un espace vert à une rivière ou un canal.

Cette carte intègre donc à la fois des continuités existantes et des propositions de parcours améliorés, afin que les liaisons retenues soient à minima aménagées, sécurisées et végétalisées pour offrir un meilleur confort d'utilisation.

Ces 2 145 km d'itinéraires identifiés permettront d'offrir aux habitants de Paris, de la petite couronne et d’une partie de la grande couronne des axes paysagers et végétalisés reliant principalement la ceinture verte francilienne ainsi que les forêts domaniales, les grands parcs et les points d'intérêt majeurs du Grand Paris (loisirs, culture, patrimoine).

Ces itinéraires sont conçus pour être utilisables au quotidien par les riverains, à pied ou à vélo : pour des déplacements domicile-travail ou de loisirs, avec ou sans rabattement vers une gare du GPE, tout en desservant les équipements scolaires, sportifs et de loisirs en mobilité active.

Cette carte, qui s’appuie notamment sur un corpus d’études et de projets engagés par l’Institut depuis quarante ans (Ceinture verte, Trame verte d’agglomération, liaisons vers les bases de loisirs, études circulations douces, études de continuités vertes, schémas directeur cyclable, études sur la marchabilité, Projets pilotes pour une métropole nature, etc), marque une première étape. Elle a vocation à s’enrichir par la suite, en dialogue avec les collectivités.

Le contexte

Le déploiement du Grand Paris Express intervient dans un contexte de forte mutation des mobilités dans le Grand Paris.

Cette carte des continuités est proposée dans un contexte d’augmentation de la part modale des mobilités actives en Île-de-France, et du déploiement des réseaux Vélo Île-de-France (VIF) et du Plan Vélo Métropolitain (PVM), qui seront appelés à jouer un rôle structurant dans les déplacements au sein du Grand Paris.

Le Grand Paris Express, levier d'une métropole marchable

En ville, l’espace public est dominé par l'automobile, qui représente 33 % des déplacements quotidiens en Île-de-France, contre 40 % pour la marche. Selon l’Enquête régionale sur la mobilité des franciliens (IPR 2024), la marche est le principal mode d’accès aux gares de première couronne francilienne avec une part modale de 60 %, un taux qui peut monter à 80 % dans certaines communes de la Métropole du Grand Paris.

La marche est donc un vecteur essentiel du rayonnement du GPE et du développement et de l’attractivité des quartiers de gare. La démarche des pôles d’échanges, portée par les collectivités avec la Société des grands projets, Île-de-France Mobilités et l’Etat dans un périmètre opérationnel d’environ 300 mètres autour des futures gares du nouveau métro, vise à renforcer la place des mobilités actives dans la ville. A l’échelle du réseau, ce sont 480 hectares d’espaces publics qui vont être requalifiés. Création de places publiques et de nouveaux cheminements piétons, lien avec les espaces naturels, résorption des coupures urbaines héritées des infrastructures existantes : autant d’atouts en faveur de l’accessibilité des quartiers de gare. Ce travail doit être amplifié au-delà des 300 mètres du pôle d’échanges pour assurer la totalité des continuités.

Le vélo, complément naturel des transports en commun

Avec plus de 4 000 km d’aménagements existants et plus de 2 000 km en projet, le réseau cyclable à l’échelle de la métropole s’intensifie pour accompagner la croissance de la pratique du vélo dans le Grand Paris. Cependant, l’usage du vélo reste parfois compliqué en raison des discontinuités du réseau et du caractère souvent très routier de certains espaces publics.

A l'horizon 2030, l'ensemble de la Métropole sera à moins de 10 minutes à vélo d'une gare ou d'une station de métro. Pour concrétiser ce formidable potentiel d’intermodalité vélo-métro, il est essentiel de collaborer avec les collectivités et les associations d’usagers afin de réaliser des itinéraires de rabattement et de diffusion grâce à des aménagements cyclables qualitatifs dans un rayon de 2 à 3 km autour des gares. Dans le cadre des pôles, la Société des grands projets et Île-de-France Mobilités ainsi que les partenaires locaux collaborent avec le Collectif vélo Île-de-France afin de proposer différents types de continuités cyclable acceptable pour les usagers.

A une échelle de 10 km et plus, il s’agira aussi de s’insérer dans un maillage métropolitain d’itinéraires structurants. La combinaison de ces échelles permettra de multiplier les usages : loisirs, sport, déplacements pendulaires et de proximité. A cela s’ajoute la nécessité d’une offre suffisante de stationnements et de services indispensables au développement de la pratique du vélo. C’est dans ce sens qu’une réflexion est en cours autour de 9 pôles du GPE afin de penser le rabattement à 3km et plus et trouver les bons itinéraires de rabattement ou de diffusion aux gares du GPE. L’objectif poursuivi est de faire de la mise en service du GPE à horizon 2030, une occasion pour mieux relier les habitants du Grand Paris aux espaces naturels de leur territoire.

La région Île-de-France et particulièrement la métropole du Grand Paris sont très fortement urbanisées, avec près de 87 % de sols artificialisés recensés en 2021. A l’inverse, seulement 13% de l’espace métropolitain est défini comme naturel (forêts, milieux semi-naturels, espaces agricoles et cours eau). La préservation, la mise en valeur et l’accessibilité de ces espaces, ainsi que leur mise en relation avec les autres espaces naturels franciliens, représentent un enjeu majeur pour le maintien de la biodiversité et la qualité de vie des habitants de la métropole. Assurer l’habitabilité et la qualité de vie climatique du territoire passe par le rôle régulateur des espaces naturels. Ils participent à la réduction des îlots de chaleur urbains, à la régulation des températures et à l’amélioration de la qualité de l’air. Leur présence contribue ainsi à une ville plus respirable, plus tempérée et plus résiliente face aux effets du changement climatique. Enfin, la diminution des risques de santé par l’accès à la nature relève d’une approche de paysage-santé, dans laquelle les milieux naturels deviennent des alliés du bien-être physique et mental. Le contact régulier avec la nature diminue le stress, favorise l’activité physique et améliore la santé mentale. Cette reconnexion à des espaces végétalisés, apaisés et accessibles est une réponse concrète aux enjeux de santé publique dans la métropole d’autant plus s’ils deviennent un support de qualité pour les mobilités actives.

 

Un exemple

Les grands parcs urbains séquano-dyonisien de la ligne 16

Plusieurs gares du GPE sont situées ou se situeront à proximité immédiate d’espaces naturels (rivières, bois, forêts). A l’échelle des lignes, c’est notamment le cas de la ligne 16 qui va relier une succession exceptionnelle de parcs urbains labellisés Natura 2000 et d’espaces naturels : Parc Georges Valbon, Parc de la Poudrerie, Parc du Sausset, Forêt régionale de Bondy, Parc de la Haute-Île, berges des canaux Saint-Denis de l’Ourcq et de Chelles, sans oublier les berges de la Marne.

Ces grands parcs qui ont souvent été pensés pour un accès automobile à leur création deviendront désormais accessibles au plus grand nombre avec l’arrivée de la ligne 16. Cette ligne permettra également d’accéder à des espaces naturels acquis en vue de leur préservation par Île-deFrance Nature, dans ce qui fut au XXe siècle la lisière de la Seine-Saint-Denis maraîchère et de la Plaine de France, ainsi que les reliquats d’un Bois de Bondy qui couvrait presque toute la Seine-Saint-Denis au début du XIXe siècle.

Les principaux espaces accessibles depuis les gares du GPE sont :

  • Le Parc départemental Georges Valbon (420 ha)
  • Le Parc du Sausset (200 ha)
  • Le Parc forestier de la Poudrerie (140 ha) et les berges du Canal de l’Ourcq
  • La forêt régionale de Bondy (185 ha) et les abords de l’espace régional des Coteaux de l’Aulnoye (885 ha), avec la Promenade de la Dhuis - sous gestion Île-de-France Nature.
  • Le Parc de la Haute-Île (65 ha) et les berges de la Marne avec la réserve naturelle avicole de Chelles

Plus concrètement, la gare de Clichy-Montfermeil sur la future ligne 16 du GPE permettra un accès à la forêt de Bondy à pied et à vélo par la promenade de la Dhuis.

 

D’autre parcs et espaces naturels seront accessibles depuis des gares de la ligne 16, comme : l’Espace naturel régional du Mont Guichet à Chelles (100 ha), le futur Parc du Sempin (23h), le Bois de Brou (320 ha), les îles de loisirs de Torcy et de Vaires, les berges de la Marne, le Parc de Noisiel et le Domaine national de Champs-sur-Marne (85 ha), le Bois de Grâce, ainsi que la forêt régionale de Maubuée.

Deux parcours nature existants et projetés par la carte des continuités depuis la future gare de La Courneuve – Six Routes

➔ Dans un rayon de 15 minutes à vélo :

  • Parc départemental Georges Valbon (420 ha)
  • Parc de la Légion d’Honneur (24 ha)

 

Cette étude est reliée aux catégories suivantes :
Carte téléchargeable | Aménagement et territoires | Aménagement | Périurbain | Milieux naturels | Mobilité et transports | Modes actifs

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