Les Franciliens face au changement climatique, entre engagement et inquiétude
L’Institut Paris Region publie la troisième édition du Baromètre des Franciliens, initié en 2020 pour prendre le pouls d’une société chamboulée par l’épidémie de Covid. Réalisée auprès de 3 800 Franciliens âgés de 18 à 75 ans, l’enquête révèle leurs ajustements pour s’adapter à un monde qui bouge, qu’il s’agisse de lutter contre le changement climatique, de faire face à l’inflation, d’apprivoiser le télétravail ou d’avancer dans leur parcours résidentiel. Cette année un constat s’impose : l’évolution des comportements individuels est dictée par la pression sur leur pouvoir d’achat. Et pour aller plus loin, les Franciliens attendent que l’action collective leur redonne des marges de manœuvre permettant d’adapter leurs modes de vie à la transition écologique, notamment grâce au développement des transports en commun.
Dans un contexte inflationniste, l'environnement reste une priorité
Une chose est sûre : l’urgence climatique reste une des grandes priorités des Franciliens, et il n’y a pas de signe de dénégation, ou de relativisation de la menace que représente le réchauffement global. Les Franciliens continuent de placer le changement climatique parmi leurs deux grandes préoccupations, juste derrière le pouvoir d’achat. Leur inquiètude en la matière n’est donc pas conjoncturelle, mais bien durable.
Pour autant, quelle évolution des comportements pour répondre à cette urgence ? Le baromètre montre clairement qu’en la matière, c’est le pouvoir d’achat et le contexte d’inflation qui dictent largement les évolutions constatées. Les contraintes qui pèsent sur le budget des ménages expliquent le passage à l’acte sur plusieurs points : baisse de la température des logements pendant l’hiver, extinction des appareils électriques restés en veille, achats de seconde main pour les vêtements. À l’inverse, la consommation de produits bio, ou en circuit court, diminue. Mais surtout, un doute semble poindre sur le rythme et les moyens de cette transition écologique. Si les Franciliens continuent de soutenir massivement les mesures emblématiques en matière de règlementation environnementale, ce soutien commence à s’éroder : -3 points pour les obligations en matière de rénovation thermique des logements, -5 points pour l’interdiction des véhicules thermiques.
En matière de déplacements, les Franciliens sont plus nombreux à indiquer ne pas voir ce qu’ils pourraient faire de plus. Est-ce parce que les changements de comportement ont déjà eu lieu, ou parce que les Franciliens ne voient pas réellement d’alternative à leurs modes de déplacement actuels ? En tous cas, le développement de l’offre de transports en commun s’impose comme une attente majeure, juste devant l’amélioration de la fluidité de circulation sur la route. Dans un contexte marqué par les débats sur la mise en place de la ZFE dans la Métropole du Grand Paris, l’intérêt porté aux véhicules moins polluants baisse nettement. Si les habitants de grande couronne sont les plus rétifs à l’interdiction des véhicules thermiques, ils sont les premiers à soutenir la création d’aménagements cyclables permettant de sécuriser leurs déplacements, ou la construction de parkings à proximité des gares pour se rabattre sur l’offre de transports en commun.
La fin du bureau n’aura pas lieu
Après s’être largement diffusé, le télétravail conquiert quelques nouveaux adeptes, mais sa pratique se stabilise à 2,1 jours en moyenne par semaine, avec de nouvelles habitudes solidement installées. Au premier rang d’entre elles, le télétravail le vendredi : le dernier jour de la semaine est désormais massivement passé en dehors du bureau, alors que tous les autres jours de la semaine s’inscrivent en retrait. Un basculement qui aura des effets massifs sur le fonctionnement du territoire régional. Elément révélateur, la proportion de « grands télétravailleurs », qui travaillent à distance 4 à 5 jours par semaine, est en baisse de 2 points par rapport à 2022, et de 13 points par rapport à 2021. La fin du bureau ne semble pas pour demain !
Autre élément marquant, le coworking n’émerge pas comme une alternative au bureau et au domicile : le nombre de salariés qui n’y sont pas favorables augmente de 8 points. L’équilibre s’établit donc entre un bureau qui permet de préserver un collectif de travail, et un domicile qui reste le lieu privilégié du travail à distance, permettant non seulement de réduire le temps de transport, mais aussi simplement d’être chez soi.
Déménager : une envie fréquente, une concrétisation plus difficile
Un tiers des Franciliens aspire à déménager, soit une proportion identique à celle de 2022 et stable dans le temps. Une multitude de facteurs nourrit ces projets : jeunes souhaitant prendre leur indépendance de chez leurs parents, installation en couple, arrivée d’un enfant, envie d’un logement plus grand ou d’accéder à la propriété, etc. Concrétiser ces projets prend du temps et seuls 7 % des Franciliens sont véritablement engagés dans ce processus, soit parce qu’ils déménagent actuellement, soit parce qu’ils visitent des appartements. Nouvelle tendance révélée par le Baromètre : l’horizon auquel les Franciliens projettent leur déménagement s’éloigne. Par rapport aux années antérieures, les aspirant à déménager sont ainsi moins nombreux à imaginer le faire dans l’année et plus nombreux à se projeter à deux ans ou à un horizon encore plus lointain.
Dans la conjoncture actuelle, avec l’augmentation des taux d’emprunt qui ampute le pouvoir d’achat immobilier des acquéreurs et la baisse amorcée des prix qui incite les propriétaires à reporter leur projet de vente, le tout contribuant à accentuer la pression sur l’offre locative, privée comme sociale, on y voit ici les premiers signes d’une aggravation des difficultés des Franciliens à poursuivre leur parcours résidentiel. Parmi les aspirants à déménager, un sur deux envisage d’ailleurs de quitter l’Île-de-France. En réalité, un déménagement sur cinq est synonyme de départ de l’Île-de-France. Mais le constat posé par le Baromètre interpelle sur les réponses à apporter aux personnes en quête d’un logement adapté à leurs besoins, à leurs moyens, le tout dans un cadre de vie de qualité.