Julie a vécu à Vanves (92) chez ses parents jusqu’à son entrée en classe préparatoire au lycée Lakanal de Sceaux (92). Sa situation devenait compliquée dans l’appartement familial, car elle partageait une chambre avec son frère. Elle choisit donc d’intégrer l’internat à Lakanal pour gagner un peu en indépendance et intimité. Après ses deux années de prépa, elle trouve une chambre à la Cité internationale universitaire de Paris (14e arrondissement), toujours partagée afin de bénéficier d’un loyer réduit (320 €/mois). Depuis quatre ans, elle occupe une chambre de bonne de 10 m2 dans un quartier central de la capitale, pour un loyer mensuel de 560 € charges comprises. Elle est aidée par ses parents et reçoit deux bourses mensuelles : celle du Crous (100 €) et celle de Sciences Po (75 €). Elle perçoit également l’APL, dont le montant a été réduit à 200 €. Avant la réforme des APL dites « en temps réel », cette allocation s’élevait à 254 € mensuels. Pour compléter ses revenus, Julie a longtemps donné des cours particuliers. Les stages en entreprises lui ont permis depuis de les augmenter quelque peu, le dernier ayant été rémunéré 1 000 € bruts mensuels.
« Longtemps, je n’ai connu que des chambres partagées… »
La crise sanitaire est venue grandement bouleverser le quotidien de Julie. Lors du premier confinement, elle reste cloîtrée dans sa chambre de bonne. Les cours à Sciences Po sont suivis en visioconférences, « des conditions pas très stimulantes », et le reste de la journée consacré à la quête d’une formation en alternance. La solitude dans cet espace de vie réduit et les recherches inabouties du fait d’une situation générale de blocage l’affectent particulièrement. Pour le deuxième confinement, elle est accueillie chez des amis qui occupent un appartement plus spacieux. Par la suite, Julie effectue un stage dans les locaux d’une entreprise audiovisuelle, qui accorde la possibilité aux étudiants de se rendre sur place compte tenu de leur situation délicate. Elle peut ainsi échanger quotidiennement avec d’autres stagiaires.
Cette expérience du confinement a modifié radicalement les aspirations et projets résidentiels de Julie. Jusqu’à présent très attachée à son indépendance et à son logement autonome, même de petite surface, elle tend aujourd’hui à vivre plus entourée, notamment grâce à un projet de colocation avec ses amis. Et aussi « pour avoir enfin une machine à laver ! ». Aujourd’hui, Julie a terminé études et stages, et est en recherche active d’emploi, dans un secteur difficile d’accès : l’audiovisuel. L’emploi est pourtant la condition sine qua non pour intégrer cette colocation, dont une chambre doit se libérer prochainement. Le loyer mensuel à la chambre étant de 710 €/personne, des ajustements sont en train d’être discutés entre amis pour indexer le loyer à la surface. Par économie, Julie occuperait la plus petite chambre.
Les plus, les moins
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- Gagner en indépendance.
- Avoir enfin une « chambre à soi ».
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- L’enfermement lors du premier confinement, sans aucun contact.
- La solitude.
- Une certaine précarité matérielle.